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Lockdown Diary #3 Prises de conscience
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Lockdown Diary #3 Prises de conscience
Après le bazar d’hier, l’on note un regain de discipline, depuis ce matin, sur nos routes. Bien moins de curieux – qui sont devenus des touristes dans leur propre pays – circulent sur nos routes. Même s’il est trop tôt pour déduire si les Mauriciens ont enfin assimilé l’urgence sanitaire et l’importance d’un confinement national pour endiguer le Covid-19, il faut saluer les prises de conscience citoyennes. Beaucoup d’entre nous ont choisi de dénoncer, à la police, à la presse, sur les réseaux sociaux, ceux qui ne respectent pas les consignes d’enfermement chez soi. Chacun prend des initiatives à son niveau, dans son quartier.
Bien des entreprises mauriciennes ont aussi compris qu’on ne peut pas tout attendre du gouvernement, qui fait face à une situation, sans précédent, à laquelle manifestement il n’était pas préparé. Des groupes comme Omnicane qui ont distribué des gels hydro-alcooliques aux centres de santé publics, des groupes hôteliers qui ont compris que c’était mieux (pour tout le monde) d’utiliser les chambres vides de leurs hôtels pour accueillir les Mauriciens mis en quarantaine, Super U et d’autres enseignes qui mettent l’accent sur l’hygiène et le shopping responsable, les journaux, dont ceux de La Sentinelle, qui ont réalisé qu’il leur faut rendre les articles plus accessibles en ligne afin d’éviter tout déplacement quotidien superflu durant le confinement national. Tout cela fait partie d’une Whole-of-society Approach, si nécessaire pour vaincre le virus qui a stoppé le monde entier.
Hier au PMO, il n’y avait aucun signe du Premier ministre ou du ministre de la Santé pour faire le point sur l’inquiétante situation de la propagation du Covid-19. Les Drs Joomaye et Gujadhur semblent avoir pris le relais des deux élus du peuple. Pourtant, c’est le moment où le leadership politique devient déterminant pour rassurer le public qui exige davantage de transparence que d’ordinaire. Si Donald Trump et Boris Johnson n’ont pas su créer un lien de confiance avec leur public (ayant trop tardé avant de reconnaître la dangerosité du Covid-19), en revanche d’autres leaders ont su trouver les mots justes. «La situation est grave, prenez-la au sérieux. Depuis la Réunification allemande, non, depuis la Seconde Guerre mondiale, il n’y a pas eu de défi pour notre pays qui dépende autant de notre solidarité commune», a, d’un ton maternel, et ferme, expliqué Angela Merkel aux Allemands.
Ici, nous constatons que Navin Ramgoolam a envoyé une deuxième lettre ouverte à Pravind Jugnauth. Le ton est posé, grave et, dans le fond, manifestement le leader du Parti travailliste possède une expérience certaine de chef de gouvernement à partager à son jeune successeur. Il est dommage que l’idée du National Crisis Committee proposé par le leader de l’opposition n’ait pas été acceptée par le leader du MSM, qui aurait pu ainsi évacuer toute la pression qui repose sur ses épaules – d’où son incapacité à tenir des conférences de presse ou de répondre aux questions des journalistes indépendants ? Si Navin Ramgoolam, Pravind Jugnauth, Paul Bérenger et Xavier Duval pouvaient, pour une fois, mettre de côté leur ego et s’asseoir, comme de bons patriotes, autour d’une table, on aurait sûrement pu atténuer les souffrances des Mauriciens (retour au pays des étudiants, centres de quarantaine en piteux état, manque d’équipements dans les hôpitaux, etc.). Chacun aurait pu utiliser ses contacts pour mobiliser les ressources nationales et internationales afin de lutter plus efficacement contre le Covid-19. L’un d’eux aurait pu, par exemple, négocier avec les autorités chinoises, qui ont fermé leurs hôpitaux, construits en moins de 15 jours, car il n’y a plus suffisamment de patients de Covid-19 chez eux…
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C’est le retour de manivelle. La Chine envoie désormais ses experts en Europe, principalement en Italie et en France. À noter qu’au plus fort de l’épidémie en Chine, l’Italie avait été le premier pays européen à interrompre ses liaisons aériennes avec le géant asiatique. Mais c’est chose du passé et aujourd’hui les dirigeants communistes avancent, non sans fierté, que le nombre de cas chute significativement sur leur sol et qu’ils sont prêts à envoyer des spécialistes et du matériel dans plusieurs pays. «L’épidémie est pratiquement jugulée à son épicentre», s’est targué le président Xi Jinping, lors d’une visite à Wuhan (au cours de laquelle il ne portait pas de masque, un peu comme Pravind Jugnauth, Ivan Collendavelloo et Kailesh Jagutpal l’avaient fait de manière prématurée, le mardi 17 mars, au centre de Quatre-Soeurs). Plus de 80 000 personnes ont été contaminées en Chine, dont de 3 000 sont mortes et 60 000 sont désormais guéries.
À Maurice, a-t-on fait appel aux Chinois ?
Over and above les autorités chinoises, le groupe Alibaba, géant du commerce électronique, a récemment annoncé qu’il envoie 500 000 masques en Espagne. Le patron d’Alibaba, Jack Ma, a promis au total à l’Espagne deux millions de masques et tests de détection.
Depuis une semaine, en Chine, le nombre de nouveaux cas quotidiens varie entre 10 et 24 depuis huit jours. Et ce jeudi 19 mars, pour la première fois, aucun cas n’a été enregistré à Wuhan et dans la province du Hubei. La recherche médicale chinoise sur le virus s’avère impressionnante (selon l’OMS elle-même) : diverses pistes de traitement sont en test, et les essais cliniques sur des vaccins ont déjà commencé. Mais le risque d’une seconde vague de Covid-19, importée cette fois-ci, est débattu entre experts. Ce qui se passe en Chine doit être suivi de très près par nos dirigeants – du gouvernement comme de l’opposition – afin d’entrevoir une sortie de crise pour nous tous…
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