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Lockdown Diary #4 : Déconstruire les mythes
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Lockdown Diary #4 : Déconstruire les mythes
Scène désolante hier matin devant l’enseigne Jumbo de Riche-Terre. Une sexagénaire, avec ses sacs encore vides, qui faisait patiemment la queue, sous le soleil, depuis 07 h 30, est tombée sans connaissance. Les gens autour d’elle ont eu un moment peur de s’approcher de la dame. Puis quelques bons Samaritains ont bravé l’interdit de distance sociale pour la réveiller et lui donner un peu d’eau. Quand elle est revenue à elle, elle ne voulait pas rentrer ou aller se faire ausculter par un médecin.
– «Je n’ai rien dans mon frigo. Je profite de cette ouverture d’une heure pour faire mes courses. J’avoue que je ne comprends pas tout ce système de shopping par ordre alphabétique. J’ai voulu éviter le chaos qui s’anononce», a-t-elle soufflé, alors que nous essayions de la convaincre de reporter ses projets de courses à plus tard.
Le couvre-feu qui a pris effet hier soir renforce l’impression générale que nous sommes dans une situation de guerre. Plus rien n’est normal. Chacun cherche des réponses mais les stratégies ne sont pas encore ficelées. L’incertitude règne par rapport aux laisser-passer des véhicules et au shopping par ordre alphabétique. À tel point que les gérants de supermarchés craignent une explosion sociale par rapport aux listes de commissions des uns et des autres. C’est une bonne chose que le gouvernement a rassuré un grand nombre par rapport aux salaires de mars, mais ceux qui sont dans le secteur informel nagent toujours dans la désillusion, avec des lendemains incertains pour des centaines de milliers de nos compatriotes. Raison pour laquelle il nous faut faire preuve, chacun à son niveau, de leadership. Il est évident que le gouvernement, dont la marge de manoeuvre financière est considérablement réduite (et ce, bien avant le coronavirus), ne pourra pas tout couvrir.
À cet égard, il est encourageant de noter que l’opposition adopte une posture nationale au lieu de continuer les guéguerres politiciennes. Les deux Open Letters de l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, relatives au «stewardship of the nation in this time of crisis» vont dans le bon sens, même si Pravind Jugnauth tente de les passer sous silence. Hier, c’est au tour de l’ancien leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, de démontrer, dans une déclaration à la presse, sa stature d’homme d’État en saluant le plan de soutien à l’emploi proposé par Renganaden Padayachy, en soulignant qu’on ne devrait pas oublier «les ‘self-employed’ et les journaliers». L’ancien ministre des Finances et leader du PMSD a raison d’insister que «le plan Padayachy ne vaut pas grand-chose sans une garantie formelle de l’État» précisément en raison des clignotants rouges de l’économie réelle. D’où l’appel que lance Duval aux fonctionnaires des Finances, afin de nous éviter une asphyxie financière. Qui viendra corser la crise sanitaire.
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Une voix claire et posée est venue, depuis peu, se joindre au concert des politiciens qui communiquaient, dans un joli désordre, et avec considérablement du retard, avec la presse, et par extension, au grand public. C’est celle de Dr Catherine Gaud, immunologiste originaire de La Réunion, qui a commencé un exercice fort louable. Déconstruire les mythes qui circulent sur le Covid-19, en se basant sur les recommandations de l’OMS.
Dans la lutte pour contrer la propagation du virus, les idées reçues peuvent, en effet, bloquer la machinerinerie nationale. Par exemple, cette croyance que seules les personnes âgées sont à risques. L’OMS dit clairement que tout le monde est concerné, mais les seniors et ceux souffrant de maladies préexistantes (le diabète, l’asthme, et les maladies cardiaques) semblent plus susceptibles de tomber GRAVEMENT malades à cause du coronavirus.
Autre fait inexact qui peut compliquer la maladie: ces «remèdes-miracle» qui circulent entre amis et collègues, sur les réseaux sociaux. Vaporiser son corps d’alcool ou de chlore ne sert à rien. À ce jour, hélas, aucun médicament ou vaccin ne permet de prévenir ou de traiter l’infection. C’est pour cela que nous devons nous laver régulièrement les mains et rester chez nous. C’est plus facile que d’aller au front, comme nos aînés l’ont fait, durant les deux guerres mondiales, n’est-ce pas ?
Dans la page suivante, le Dr Vassen Pauvaday, ancien directeur de la Santé, qui connaît fort bien les forces et faiblesses de notre système de santé, addresse une lettre ouverte au Premier ministre, qui se conclut ainsi: «I very much hope that we may control and halt the community spread which has just begun and that we may never reach the point of sustained community spread (...) I take this opportunity to wish you and your team plenty of courage during these difficult and challenging times». Du courage, c’est précisément ce qu’il nous faut pour affronter les jours suivants...
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