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“Business, as per unusual”
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“Business, as per unusual”
“Business as usual” est une petite phrase anodine, longtemps pratiquée presque machinalement, qui, le temps d’une pandémie, sera bientôt largement démonétisée. Bientôt ? La question clé, à mon sens, est le temps que dureront la pandémie, le confinement, le ‘lockdown’, ce qui est ‘unusual’, quoi ! Peut-on seulement imaginer retourner à ‘business as usual’ le 2 avril prochain ? Très Improbable, me semble-t-il…
Quand vous lirez cette note, vous devriez être chez vous, ayant aidé à faire la vaisselle et à surveiller que les enfants aient fait leur lit et mis de l’ordre dans leur chambre. Puisque vous ne serez pas au bureau ou à l’usine ou à l’hôtel, vous êtes peut-être un de ceux qui travailleront chez vous ? Et comme vous le réalisez après cinq jours, il y a des raisons très claires pourquoi on doit, en temps normal, affronter la pendule et le trafic pour être “à son poste” et des limites évidentes à ce que l’on peut faire à la maison alors que le “business model” de son employeur ne tourne plus !
On peut sûrement rattraper le retard accumulé en certaines circonstances, ou essayer de préparer la réunion des chefs de service de septembre, mettons, mais dans un pays en ‘lockdown’, outre ceux qui opèrent dans les services essentiels (hôpitaux, supermarchés, police, douane au port, presse, cliniques, centres de quarantaine, j’en oublie sûrement !), à peu près tout le reste (à l’exception, admirable, des professeurs reconvertis dans de la pédagogie “en ligne”) est probablement en panne !
Si on opère un magasin qui ne vend pas des victuailles, si on aide à produire des T-shirts, si on fait partie de l’équipe qui constitue le cocon douillet d’un touriste venu chercher un peu de bonheur à l’hôtel, on est en panne. Si on ‘roule’ un garage, ou que l’on doit fertiliser son champ, ou ‘lever’ son casier, on est en panne. Si on doit ‘rendre’ un chantier bientôt, ou répondre aux attentes des clients d’un ‘call centre’, ou vendre ses dholl puri du caisson posé sur le garde-boue arrière de sa bicyclette, c’est la panne ! Même les marchands de drogue et les mendiants vont être très, très gênés ! Mieux loti, relativement parlant du moins, le secteur financier où les intérêts marchent toujours et où les clients de l’offshore paient ‘front end’ ou par virement régulier, mais même ce secteur sera rapidement mis à mal car dépendant, en fin de compte, … de la santé financière de ses clients !
Le dégât sera colossal et sera en fonction de la durée du ‘shutdown’ et de la vivacité de la reprise éventuelle. Le gouvernement a eu raison, psychologiquement, de ‘garantir’ les salaires qui seront perdus, mais ce ne sera sûrement pas suffisant en général et dans les nombreux cas où les citoyens vivent “à la petite semaine” ou de quinzaine en quinzaine, l’aide gouvernementale ‘garantie’ ne saurait être retardée sans conséquences très graves. Les entreprises dont le cash-flow est profondément sifflé ne sauront tenir beaucoup plus longtemps sans la mansuétude de leurs banquiers !
Gageons que les idées pour amorcer la reprise ne manqueront pas tant qu’il s’agira d’utiliser l’argent des autres ? Pour le gouvernement, endetté et sans marge de manœuvre, il s’agira d’emprunter encore, même si mal avisé par temps normal. Pour les banques, en meilleure santé, les liquidités ne semblent pas être un problème immédiat, mais il faudra raboter les marges et, partant, la rentabilité.
Ce sont des prix qu’il faudra tout simplement payer !
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