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Lockdown Diary #6 - Gare à l’insécurité (alimentaire aussi)

26 mars 2020, 10:17

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Ces jours-ci, bien des dirigeants avancent comme des aveugles, à tâtons, sans vraiment savoir où foncer. Le petit virus fait plier les grands de ce monde. L’Italie, le pays le plus attaqué du globe, illustre la faillite européenne à contrer le mal. En Espagne, où l’on recense plus de 700 décès par jour, le nombre de morts a dépassé celui de la Chine.

Cette guerre asymétrique s’avère difficile à mener. Les autorités sont dépassées par les événements qui s’enchaînent à un rythme d’enfer. Chaque jour est un nouvel episode du film-catastrophe. Le confinement total de trois semaines se répand; comme en Afrique du Sud et en Inde. Partout le questionnement est le meme : comment éviter le contact humain tout en veillant à la sécurité humaine. Des plans de distribution de vivres tous azimuts sont ainsi échafaudés. L’objectif est de ne pas ajouter une insécurité alimentaire à l’actuelle crise sanitaire qui pompe déjà pratiquement toutes les ressources d’un pays. 

Mais la moralité ne remplit pas les ventres vides. En 2020, la faim qui se manifeste dans la rue, depuis la fermeture brutale des supermarchés et des boulangeries, fait un retour brutal dans les agendas politiques et médiatiques de Maurice. Les annonces contradictoires des autorités traduisent une panique qui s’est installée au sommet de l’État.

Tout le monde est d’accord avec le confinement, mais si on reste chez soi, pendant sept jours, avec interdiction de sortir, comment fait-on pour se nourrir ? À cette question simple, les réponses des autorités demeurent floues pour l’instant. Jusque- là, les propos qui se voulaient rassurants du ministre du Commerce et qui insistaient que les supermarchés resteront ouverts jusqu’à ce vendredi. Ce qui était logique vu que la majorité des Mauriciens attendaient leur salaire pour faire leurs courses. Ce même ministre avait rassuré tout le monde qu’il n’y aurait pas de pénurie car les greniers étaient remplis. Puis lui-même, encore, est venu faire la leçon : pourquoi acheter beaucoup, acheter peu, il y en aura pour tout le monde. Presque une invitation citoyenne à ne pas se constituer un stock. Puis, Pravind Jugnauth, le prenant à contre-pied, est venu parler de shopping par… ordre alphabétique, sans pouvoir préciser les détails de cette proposition, du reste, vite oubliée.

Mardi soir, contre toute attente, une annonce premierministérielle qui a mis le pays immédiatement sous tension : les points de vente des produits alimentaires resteront fermés pendant, non pas deux ou trois, voire quatre, mais sept jours !

Dès lors, il nous faut faire attention, très attention. Quand on ajoute les images de brutalités policières, qui enflamment depuis hier les réseaux sociaux, aux frigos vides, le risque d’avoir des «émeutes de la faim» est réel.

L’éditorial d’hier soulignait que «les soldats sont en état d’alerte, mais ils ne font plus feu (…) l’ennemi n’est pas sur les radars, mais pourtant il est sur tous les fronts.» Hélas, à voir les images de la barbarie de la police envers certains de nos compatriotes les moins fortunés, on ne peut que déduire que la police se trompe de cible. L’ennemi est le coronavirus mais pas l’habitant d’un quartier défavorisé ! Il nous faut travailler avec la population et non pas contre elle. Les actes de brutalité policière, enregistrés et désormais publics, ternissent l’image de la police et prouvent le désarroi des autorités confondues. Mais l’heure est à la mobilisation générale. Mario Nobin a eu raison de rappeler à l’ordre ces dangereux policiers-pyromanes.