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Nos docteurs en communication

4 avril 2020, 07:56

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Au-delà des critiques faciles sur les réseaux sociaux, il faut quand même saluer le courage du Dr Zouberr Joomaye, qui inlassablement, tous les soirs (sauf hier !), se retrouve en première ligne. Pour ceux qui n’ont pas Internet, le porte-parole du GM fait même un rapide tour du monde afin de mettre les derniers chiffres mauriciens – qu’il annonce en primeur – en perspective. Voilà un conseiller «bénévole», candidat battu aux dernières législatives, qui vient remplacer tous ces conseillers du gouvernement (dont beaucoup sont pourtant des conseillers en communication) et tous ces hauts fonctionnaires, si chèrement payés. Un tel dévouement patriotique est devenu une denrée rare…

Certes, le Dr Joomaye a pris du temps avant de répondre (aux questions persistantes de l’express) sur le nombre de respirateurs artificiels, mais il a enfin concédé que nous avons aujourd’hui davantage de cas positifs de Covid-19 que de «ventilators». Mais le conseiller bénévole rassure tout de suite : «Comme gouvernement responsable, nous avons pris les devants et d’autres ont été commandés en Chine et il n’y aura aucune pénurie.» Tiens pénurie, un mot qui rime avec Yogida Sawmynaden, le ministre du Commerce, qui est devenu la tête de Turc de ceux qui font patiemment la queue devant les supermarchés, ou les stations-service pour se procurer deux livres de pommes de terre ou une bonbonne de gaz ménager.

Pour revenir au Dr Joomaye, son rôle n’est pas simple : communiquer, sans attaché de presse, en temps de crise équivaut à la fois à rassurer et à effrayer les publics (oui, il y a toutes sortes de publics qui réagissent différemment en fonction des consignes des autorités). Il doit, avant tout, défendre les choix du gouvernement face à une presse aussi invisible que le virus. Des fois, quand le PM vient animer en personne le point de presse (cela veut dire que les choses sont autrement plus graves), le bon Dr Joomaye s’improvise alors présentateur, qui lit les questions des journalistes au PM.

En temps de crise ou de catastrophe, sanitaire ou autre, les réseaux sociaux se transforment en refuge pour communiquer et échanger ensemble. Internet devient, à cet égard, l’antidote à la distanciation sociale. C’est ainsi donc que certains se font un malin plaisir à critiquer les séquences Joomaye à la télévision. On décortique comment il tente de rassurer et/ou d’effrayer en même temps le grand public, comment il esquive certaines questions, comment il enrobe certaines mesures, ou choisit de mettre en avant certains faits, et d’en escamoter d’autres. L’homme n’est pas à l’aise mais il doit essayer de contrôler l’information, c’est sa mission. On l’a préféré au Dr Kailesh Jagutpal. On l’a aussi clairement préféré à Joe Lesjongard, qui fait de brèves apparitions pour essayer de calmer une partie spécifique de la population. Le langage de Joe, il est vrai, ne passe pas bien dans tous les milieux.

Heureusement pour le Dr Joomaye qu’il y a le Dr Vasantrao Gujadhur, le directeur de la santé – celui-là même qui avait soufflé la nouvelle des premiers décès dans les oreilles du PM au lieu de celles du ministre de la Santé – qui comme un triste clown sur la MBC nous faisait croire, le 18 mars, qu’il n’y avait aucun cas de Covid-19 à Maurice. Quelques minutes plus tard, le même Jagutpal s’est fait tout petit au côté du PM – qui a annoncé en primeur les premiers cas positifs, alors que Jagutpal fixait le vide…

Pour sa part, le Dr Gujadhur a touché le cœur des Mauriciens, quand il a raconté, jeudi soir, comment les proches d’une jeune victime du Covid-19 ont dû suivre ses funérailles de leur centre de quarantaine via WhatsApp. Il a su trouver les mots pour sensibiliser même les plus récalcitrants. Le Dr Gujadhur a vite compris que la communication de crise, ici sanitaire, est avant tout un art qu’il faut exercer avec précaution. Il s’agit d’être réactif et de prendre des décisions rapidement, dans l’urgence - avec de sérieux risques de faux pas, comme lors de la prise de décisions contradictoires sur les supermarchés et les boulangeries, et les excès de zèle de la police, inspirée, sans doute, par les «gardes-bâtons» de Modi.

En ces temps où les journalistes ne peuvent pas rebondir sur les discours officiels et les débuts de réponse, les Dr Joomaye et Gujadhur doivent garder en tête qu’il leur faut rassurer et surtout dire la vérité afin de préserver la confiance de leur audience. Quand ils essaient de transférer tout le blâme sur le public en général, ils perdent leur crédibilité et deviennent des agents politiques. Un exemple : «La popilasion ki antor, zot bizin asim zot responsabilité. Dépi dé mwa gouvernman pé met an gard !» Faux ! Rappelez-vous l’assurance du ministre de la Santé au Parlement lors de la PNQ d’Arvin Boolell le 3 février dernier. Le message était alors : «Tout korek, péna pou paniké!»

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Hier, contre toute attente, Dr Catherine Gaud et Dr Kailesh Jagutpal ont fait leur retour lors du point de presse. Dr Joomaye s’en doute se reposait… Et Jagutpal a tant bien que mal essayé de répondre pourquoi il y a moins de décès à La Réunion qu’à Maurice. Dommage que Dr Gaud est restée muette sur cette question précise de la presse.

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La suspension de la licence de Top FM par un agent politique placé au sein de l’Independent Broadcasting Authority n’augure rien de bon. C’est un faux pas qu’il nous faut condamner au nom de la liberté de la presse.