Armés de masques et de gants, on a rouvert, avec toutes les précautions possibles, notre QG hier pour confectionner, comme au bon vieux temps, ce journal-papier, un numéro collector qui marque un retour de l’express chez les distributeurs traditionnels – même si, en versions électroniques, notre rédaction n’a jamais décroché ; sept jours sur sept à suivre l’évolution de la courbe du Covid-19 et toutes les actualités y relatives, heure par heure, dépêches par dépêches. Lexpress.mu, le LSL Digital Kiosk et nos réseaux sociaux sont devenus, plus que jamais, nos courroies de transmission entre vous et nous, et entre nous et vous ; le couvrefeu ayant consolidé nos liens d’interdépendance tant avec notre audience locale qu’avec la diaspora éparpillée sur la mappemonde, mais soumise aux mêmes préoccupations.

Aujourd’hui le Conseil des ministres décidera s’il y a lieu de prolonger ou pas le confinement au-delà du 15 avril. Le choix du gouvernement s’avère existentiel: au-delà de la crise sanitaire, il y a la donne économique et le contexte social à prendre en compte. Pravind Jugnauth a laissé entendre qu’il ne va pas céder aux lobbies par rapport à la levée du confinement. Cette décision n’est guère facile : entre ceux qui poussent pour une reprise des affaires dans les jours qui viennent (provenant surtout du leadership du privé), et ceux qui pensent que la vie des citoyens est plus importante que le PIB (dont la plupart des fonctionnaires), il y a aussi ceux qui, s’inspirant de l’étranger, penchent pour un déconfinement graduel, dès que le pic hospitalier aura été atteint (pratiquement tous les experts des réseaux sociaux réunis qui se la jouent progressistes)...

Comment prendre en considération tous les intérêts de notre petit pays, tout en sachant qu’un nouvel ordre social s’est déjà installé dans l’imaginaire collectif ? Les gimmicks de nos politiciens et de leurs conseillers en communication (qui ont intérêt à repenser tous les diapos et talking points de leurs acteurs politiques) et les airs de suffisance de certains ministres qui ont démontré leur incapacité à prévoir ou à gouverner ne passent plus. À bien voir, cela ne servira à rien pour ce gouvernement de bomber le torse en comparant la courbe actuelle de l’épidémie aux prédictions de l’OMS pour chaque pays ; car les chiffres de celle-ci avaient surtout pour but de réveiller ceux qui comme Donald Trump, Boris Johnson ou Kailesh Jagutpal pensaient qu’ils avaient les choses en main et le bon Dieu à leur côté... 

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Emergeant de la masse d’écrits virtuels, un citoyen, parmi quelques autres, a su trouver les mots et le ton pour crier sa révolte. Il s’agit de Jean Eric Wong Cheong, devenu, malgré lui, le porteparole d’une génération. «Cher PM, (...) à vous entendre, nous le peuple, sommes responsables de la propagation de ce maudit virus. Peut-être que votre gouvernement s’attend à un trophée pour avoir retardé l’entrée du virus sur le territoire...»

Précisément pour essayer de donner du relief au confinement national et dessiner les contours de l’impact multisectoriel que pourrait avoir le coronavirus sur nous, l’express a fait appel à une poignée de ses plus fidèles analystes, collaborateurs et autres décrypteurs, afin de tenter de répondre, collectivement et selon leur perspective respective, à la question : Le Coronavirus pourrait changer Maurice de manière durable. Mais comment ?

Pierre Argo, Issa Asgarally, Philippe Boullé, Ming Chen, Dr Jacques Colom, Lillka Cuttaree, SEM Vincent Degert, Jean-Claude de l’Estrac, Ananda Devi, Jean Lindsay Dhookit, Philippe A Forget, Dr Jyoti Jeetun, Roukaya Kasenally, Michael King Fat, Wilson Li, Vijay Makhan, Yvan Martial, Armand Maudave, Roshni Mooneeram, Eric Ng Ping Cheun, Dr Rajendra Paratian, Krish Ponnusamy, Dr Reshma Ramracheya, Lindsay Rivière, Sameer Sharma, Dr Shivraj Sohur, Kris Valaydon, Dev Virahsawmy, Rajoo Vithilingem et Percy Yip Tong ont bien voulu croiser leurs regards avec ceux de la rédaction de l’express avant de panser et repenser Maurice dans les différents scénarios post-Covid-19.