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Et maintenant, mes enfants…
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Et maintenant, mes enfants…
Il serait venu au monde de manière tout à fait mystérieuse, en 2019, durant les fêtes de fin d’année à Wuhan, dans la province de Hubei (l’est de la Chine). Lui, c’est un nouveau membre de la famille des coronavirus, qui sera plus tard baptisé Covid-19. Sa naissance passe pratiquement inaperçue. Aujourd’hui, il est devenu le virus le plus notoire de l’histoire de l’humanité. Et change notre manière de vivre, notre façon de concevoir la vie et la mort. Il altère notre regard sur le monde – et sur nous-mêmes.
Mais pourquoi il était incognito ce coronavirus de type nouveau pourtant si dangereux ? Cette histoire mérite d’être racontée à tous nos enfants, héritiers de la terre qui ne tourne plus rond.
Pourquoi ? Parce que le monde était occupé à faire ses emplettes, à préparer les réveillons, à faire la fête, bref, tout le monde, y compris ceux qui sont payés pour penser la vie qui va, avaient la tête ailleurs, plongés qu’on était dans notre routine de tous les jours, à courir après le temps, après l’argent et la croissance économique, après l’immortalité sous ses formes diverses. Et en plus, en Chine et ailleurs, l’information demeure verrouillée, comme la société et les médias, par les puissants, pourtant locataires d’un système, aujourd’hui à bout de souffle.
Pourtant, dès le 30 décembre 2019, un ophtalmologue chinois, le Dr Li Wenliang, sur la messagerie instantanée WeChat, alerte sept de ses confrères que pas moins de sept personnes sont contaminées par ce qu’il pensait alors être le SRAS; les patients en question sont en quarantaine dans l’hôpital où il travaille, à Wuhan. Mais, comme c’est hélas souvent le cas pour les lanceurs d’alerte, ses supérieurs font la sourde oreille, car ils veulent tuer cette nouvelle dans l’oeuf et utilisent les grands moyens pour changer la rhétorique. Du reste, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’est pas alertée tout de suite, comme le veut le protocole pour toute nouvelle maladie ou nouveau virus.
Le lendemain, à la veille du nouvel an (2020), huit médecins, incluant notre bon Dr Li, sont arrêtés par la police chinoise. Ils sont menacés et forcés de signer une lettre dans laquelle ils s’engagent à ne pas communiquer sur le nouveau virus. Arrêté puis relâché, le Dr Li retourne courageusement au chevet de ses patients. Ce qui devait arriver arriva. Il contracte lui aussi le virus. Et il va mourir quelques semaines plus tard. Sa mort émeut la terre entière. Les dirigeants chinois ne peuvent alors plus contenir les indignations des internautes ayant l’esprit critique et des journalistes indépendants. Dans la foulée, la police de Wuhan présente ses excuses à la famille du Dr Li, alors que le Covid-19 commence ses ravages. Mais il était trop tard...
***
Mais ce n’est pas la Chine la seule responsable. C’est tout le système qui est en tort. Depuis la mort du Dr Li, il y a une réelle prise de conscience sur le virus – bien avant que Mme Trudeau et Boris Johnson ne soient contaminés. Bien évidemment ces deux personnalités ont eu plus de chance que le Dr Li.
Ce rappel est nécessaire, mes enfants, car il illustre le monde dans lequel nous vivons. La liberté d’expression et le bien commun seront toujours menacés quand des politiciens – et leurs laquais, comme le minus Kaushik Jadunundun, qui siège au sein de l’ICTA et qui dort depuis hier dans une cellule policière, pour se soulager la conscience – contrôlent la liberté d’expression et les plateformes d’info-com.
Un fait rassurant : le virus dangereux touche moins les enfants – sauf s’ils ont une fragilité particulière. Peut-être davantage que nous journalistes, les artistes arrivent à mieux décrire la situation, comme ce slammeur connu de France, qui dit ceci : “Loin des courses effrénées on a ouvert les yeux / Sur cette époque troublée, ça fait du bien parfois / Se remettre à penser même si c’est pas par choix / Alors entre les cris d’enfants et le travail scolaire / Entre les masques et les gants, entre peur et colère / Voyant les dirigeants flipper dans leur confuse gestion…”
Inspiré par l’artiste, je soulève, à mon tour, les points suivants :
Si le coronavirus continue, sans passeport, sa marche au-delà des frontières et des océans, et chamboule de plus en plus l’organisation du monde, c’est la faute à qui ? L’OMS, qui a longtemps résisté à propager la peur, car contrôlée par des puissances politico-économiques, n’a eu d’autre choix, bien après la mort du Dr Li, que de lâcher le terme : le Covid-19 est en fait une pandémie - pas juste une épidémie. Et sa propagation s’accélère aux quatre coins du monde, y compris en Afrique, où les systèmes de santé sont bien inférieurs à ceux des Chinois ou des Européens ou des Américains.
Les derniers chiffres compilés par l’OMS sont questionnés, car certains pays ne joueraient pas le jeu du dépistage, faute de moyens, ou par choix politique. Après avoir, dans un premier temps, minimisé et ridiculisé le virus «Made in China», Donald Trump a soudain décidé de tirer la sonnette d’alarme - trop tard ! Résultat : le pays le plus puissant au monde, qui possède toutes les armes inimaginables de destruction massive, est devenu l’épicentre de la pandémie. Face à la surenchère entre puissances économiques, l’on constate que l’OMS et l’Onu s’effacent progressivement, faute de moyens financiers. Chaque bloc géopolitique, replié sur lui-même, y compris la Russie de Poutine, se retrouve désormais engagé dans une course pour trouver le vaccin et gérer la crise sanitaire, presque en isolement – ce qui nous rappelle la course vers le nucléaire d’autrefois.
Sur le plan économique, gouvernements et entreprises élaborent des plans de sauvetage – et nous demandent de sauver des emplois, comme s’il y avait une baguette magique. L’impact sur la croissance économique ne serait plus entre 0,1 et 0,3 % comme annoncé initialement à Maurice, mais subirait une contraction entre 5 et 10 %. Peut-être même plus, tant tout est interconnecté. S’il est encore tôt pour mesurer l’impact du virus en termes humains et de PIB, il est clair que le coronavirus laissera des stigmates dans son sillage, qui risquent de durer pas mal de temps. Raison pour laquelle le coronavirus devrait servir de prétexte pour revoir notre façon de concevoir ce monde.
Terminons, chers enfants du futur, sur ces paroles prophétiques de Grand Corps Malade :
«Si on doit sauver nos vies en restant bien chez soi
On laisse enfin la terre récupérer ce qu’on lui a pris
La nature fait sa loi en reprenant ses droits
Se vengeant de notre arrogance et de notre mépris
Et est-ce un hasard si ce virus immonde
N’attaque pas les plus jeunes, n’atteint pas les enfants
Il s’en prend aux adultes responsables de ce monde
Il condamne nos dérives et épargne les innocents
Ce monde des adultes est devenu si fébrile
L’ordre établi a explosé en éclats
Les Terriens se rappellent qu’ils sont humains et fragiles
Et se sentent peut-être l’heure de remettre tout à plat
Et si ce virus avait beaucoup d’autres pouvoirs
Que celui de s’attaquer à notre respiration
S’il essayait aussi de nous rendre la mémoire
Sur les valeurs oubliées derrière nos ambitions
On se découvre soudain semblables, solidaires
Tous dans le même bateau pour affronter le virus
C’était un peu moins le cas pour combattre la misère…»
Bien avant le corona, en effet, l’hôpital suffoquait. Mais on détournait le regard. On avait des courses à faire. Et maintenant… on fait quoi mes enfants ?
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