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Les réformes, une affaire de gens courageux

21 avril 2020, 18:02

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Les réformes, une affaire de gens courageux

Le salaire des footballeurs professionnels fait actuellement débat. Jugé faramineux, voire indécent, eu égard à l’énorme écart qui le sépare de celui du commun des mortels. Particulièrement des éboueurs, des policiers, des enseignants, des employés du corps médical, etc. Bref, des travailleurs des secteurs dits essentiels.

Interrogé par un média sur les avancées d’un remède contre le Covid-19, une biologiste espagnole a dit : «Vous donnez un million d’euros par mois à un footballeur et 1 800 euros à une chercheuse en biologie, vous cherchez maintenant un traitement ? Allez voir Cristiano Ronaldo ou Messi, ils trouveront un remède.» Voilà qui donne une idée du sentiment qui anime certains par rapport à la disparité entre le salaire des footballeurs et celui… des autres.

Du coup, une question se pose. N’est-il pas temps pour une réforme dans l’industrie du football. Avec, bien évidemment, des mesures pour qu’il y ait un salaire maximal. Et aussi un barème pour empêcher que les transactions de transfert n’atteignent des sommes vertigineuses ?

Question légitime, logique mais qui pourrait, hélas, rester seulement une… question. Tout simplement, parce que le système, où des milliards sont impliqués, rapporte gros, énormément même, à ceux qui ont le pouvoir de le changer. Pas sûr donc qu’ils aient vraiment le désir de le faire.

Pour mieux le comprendre, imaginons le système électoral de notre pays. On sait tous qu’il est pourri. Les politiciens les premiers. Mais personne ne viendra de l’avant avec une réforme digne de ce nom. Toutes les tentatives pour le faire, jusqu’ici, se sont avérées sans succès et elles continueront de l’être. Parce que ceux qui se retrouvent au pouvoir ne prendront jamais le risque d’apporter un nouveau modèle qui risquerait de leur nuire.

Cela dit, face aux défis qui nous guettent, des réformes sont impératives. Et elles ne devraient pas se limiter uniquement à l’industrie du football en Europe. Elles sont nécessaires chez nous également. Prenons le salaire maximal, pourquoi ne pourrait-il pas être appliqué à nos politiciens. Aux dirigeants des corps paraétatiques. Et, autres cadres, du privé à la paie mirobolante ?

Ce serait là un moyen d’économiser. Une voie aussi vers un meilleur équilibre économique. Car, c’est un fait que si certains n’ont pas suffisamment, c’est parce que d’autres en ont trop. Un salaire maximal serait aussi une sorte de protection contre l’opulence. Celle-ci, avec tous les excès et les dérives malsains qu’elle entraîne, n’est ni plus ni moins qu’une forme de pauvreté.

Notre système de pension de vieillesse mérite aussi une réforme. Le ciblage devient une obligation. Une personne qui part à la retraie avec plusieurs millions sur son compte en banque n’a pas besoin de l’argent du gouvernement. Ou, du moins, il n’ a pas besoin d’une pension intégrale. Parlant de ciblage, il pourrait être appliqué dès maintenant. Sur la structure d’aide destinée aux employés du secteur informel. S’il est vrai qu’il y a des gens qui travaillent le matin pour se nourrir ainsi que leur famille le soir, il y en a d’autres qui sont des… millionnaires. Peut-être même des multimillionnaires. Pourquoi devraient-ils toucher une assistance financière ? Cela défavorise ceux qui en ont vraiment besoin.

Une politique pour décongestionner nos routes. Trouver de nouveaux piliers pour notre économie. Des textes de loi plus solides pour protéger notre environnement. Tout cela s’avère nécessaire et urgent.

Mais, les réformes et l’innovation sont une affaire de gens courageux. Pas de ceux dont la vision s’arrête uniquement à ce qui pourrait les aider à se faire réélire, et qui se contenteront donc de prendre des décisions populaires. Pas de ceux qui cèderont aux lobbies du grand capital et des organisations socio-culturelles. Surtout pas des «ti crétins» capricieux qui cautionnent l’arrestation d’une citoyenne pour avoir partagé une blague qu’ils n’auront pas su apprécier…