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Un Pravind Jugnauth réconciliant

2 mai 2020, 07:04

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(Lockdown Diary #43)

Le Premier ministre a réussi son 1er mai ! Sans autobus, affiches, agents politiques, briani, etc. Tous les Mauriciens avaient hier soir le regard braqué sur lui – y compris les autres leaders politiques, devenus des acteurs de second plan. Pravind Jugnauth s’est réservé la primeur d’annoncer une nouvelle extension du couvre-feu sanitaire : du 4 mai au 1er juin. Il a manifestement choisi l’humain sur l’économie. Un choix difficile, économiquement, tant les deux entités sont intimement liées et interdépendantes. Mais facile, politiquement.

Si sur le plan économique, avec une perte de richesse estimée à 10 % (Rs 50 milliards) en 2020 et des menaces de licenciements massifs, on peut débattre sur la ligne adoptée par le gouvernement, en revanche, sur celle de la protection sanitaire du public en général, et des enfants en particulier, Pravind Jugnauth a marqué des points. Tout est politique dans la vie, surtout la gestion d’une crise de cette ampleur.

Sur la forme, le Premier ministre n’a pas haussé le ton une seule fois hier. Contrairement à la précédente extension (du 15 avril au 4 mai), il ne s’en est pas pris aux Mauriciens qui faisaient preuve d’irresponsabilité, en ne respectant pas le couvre-feu, encore moins ses consignes. Pour rappel, le ton du PM avait été dénoncé par les citoyens. Parmi tant d’autres sur la Toile, le citoyen Jean Eric Wong Cheong avait, avec raison, critiqué cette tendance du PM à dédouaner son gouvernement et à transférer le blâme sur le dos, assez large, du grand public. «Cher PM, (...) à vous entendre, nous le peuple, sommes responsables de la propagation de ce maudit virus. Peut-être que votre gouvernement s’attend à un trophée pour avoir retardé l’entrée du virus sur le territoire…»

Cette fois-ci, Pravind Jugnauth a choisi de remercier, plus d’une fois, les Mauriciens pour leur collaboration et discipline. Il a compris que sans l’aide du public, son gouvernement n’y pourra rien faire pour endiguer l’épidémie. Il a surfé sur la vague positive ; les chiffres du Covid-19 (sur le plan de la santé publique) jouent nettement en faveur du gouvernement, malgré les ratés du début, avec un ministre de la Santé, novice et arrogant, qui minimisait trop les risques de l’importation du virus à Maurice.

Tout cela ne veut pas dire que le gouvernement est sorti des urgences et qu’il peut reprendre son train-train d’avant. Le chemin vers une guérison totale sera long et sinueux. Pravind Jugnauth va devoir contrôler ses troupes – qui se dispersent trop, par exemple hier sur la MBC, où les ministres parlaient dans un joli désordre, en piétinant sur les portefeuilles des uns et des autres. Le test de leadership n’est pas fini. Le pic est encore loin devant, même si celui de l’épidémie est, peut-être, déjà derrière nous, comme le fait ressortir le Dr Deoraj Caussy. La reprise parlementaire et le Covid19 Bill devront nous donner un aperçu de ce qui nous attend tous au tournant...

Parmi les mauvaises nouvelles, un courriel frais, qui apporte du baume au cœur, celui qu’on a reçu hier du réalisateur Raphaël d’Aboville – qui avec l’artiste-photographe d’origine sénégalaise Bamba Sourang – a réalisé un court film sur Maurice. Un film que les deux ont voulu offrir aux Mauriciens en ce temps de confinement prolongé. Voilà pourquoi, nous dit Bamba Sourang : «Il y a quelques mois j’ai eu l’occasion de faire un film sur ma vision de l’île Maurice avec mon ami réalisateur Raphaël d’Aboville. En ce temps de crise, qui nous contraint à rester chez nous et nous empêche de profiter pleinement de notre environnement, nous avons décidé de partager en exclusivité notre vision de l’île Maurice au peuple mauricien. Cette île est mon pays de cœur. À chaque voyage, elle me laisse entrevoir une facette différente qui me fait m’y attacher davantage. Le confinement est à mes yeux l’occasion de prendre du recul dans nos vies, de rompre avec le rythme effréné qu’elle nous soumet et d’avoir l’espace nécessaire de reconsidérer l’essentiel. Nous profitons de ces moments pour vous partager la richesse et l’authenticité qui rendent votre île irrésistible. Ce film est un voyage intérieur en résonance avec les forces naturelles, le merveilleux des lieux, la culture, ainsi que l’amour». Cliquez sur le lien suivant pour voir le film et faire une escapade en restant au pays : https://youtu. be/GwhKHFUX5a4

Des fois, c’est aux autres de nous montrer notre richesse immatérielle et géographique. Surtout quand le regard d’un photographe prend le dessus sur la chose regardée, quand l’écoute se révèle plus importante que la chose écoutée, et quand la lecture s’avère plus importante que le livre, et le souffle plus important que le poumon…