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Crimes financiers

9 mai 2020, 08:28

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Raj Dussoye, un ancien de la SBM Ltd, était devenu le CEO de Bank One en février 2008. Durant son mandat au sein de cette banque, il a avalisé un «massive loan» à un ressortissant indien. Cela a tourné au vinaigre. M. Dussoye a été prié de «lev paké alé» en octobre 2013.

Et puis, par le plus beau des hasards, un homme malin, connu pour son langage et ses écrits abusifs, a jugé bon de le recruter pour piloter la SBM Ltd. Le board de la banque avait été prévenu des antécédents bancaires du licencié de la Bank One. Mais d’autres considérations étaient en jeu. Elles étaient plus fortes que le warning de la Banque centrale : «the guy was not fit and proper!»

Mais tardivement, en 2015 ou début 2016, la Banque centrale, sous pression, avait fini par accorder le feu vert requis. Dussoye est remis en selle en août 2016 par une puissante mafia politico-financière. Avant de redescendre et de disparaître à nouveau en août 2018.

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Les BoM Guidelines on Credit Risk Assessment, qui ont force de loi de par la Banking Act 2004, sont explicites (articles 16 et 17). Elles insistent sur la notion que chaque banque doit faire son propre «due diligence».

La BoM a fait ressortir qu’elle a mis sur pied une «special monitoring team» au sujet de l’affaire NMC Healthcare. J’ai posé la question à des experts en finance internationale. Leur réponse : «Monitoring what? What is meant by ‘monitoring’ after Rs 8.0 billion has evaporated already and its recovery is an impossibility? It’s a meaningless piece of communication intended to take the public for a ride.»

La Banking Act de 2004 souligne qu’il faut «constantly monitor» le credit risk assessment. Le phrasing de la Banque centrale pose donc problème. Au lieu de «monitoring», on aurait clairement du parler d’investigation, non ? La Banque de Maurice ne devrait-elle pas enquêter sur les méthodes et procédures utilisées pour octroyer cet emprunt de près de Rs 8 milliards – sans garantie bancaire ? Le public a le droit de savoir puisque l’État est l’actionnaire majoritaire de la SBM. C’est-à-dire vous et moi, contribuables.

Et puis, l’on s’étonne que nous sommes à nouveau sur la liste noire de l’Union européenne. Et bientôt, quelques communicants vont nous accuser d’être antipatriotiques parce que nous osons vous dire les choses telles qu’elles sont. Sans lunettes roses.