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Kraz partou

16 mai 2020, 09:19

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Le coronavirus chambarde tout. Mais certaines logiques de gouvernance perdurent. Le Parlement a adopté, hier, les deux projets de lois si controversés, sans grandes consultations. Le Covid19 (Miscellaneous Provisions) Bill et le Quarantine Bill sont passés, malgré les protestations des uns et des autres, comme deux lettres à la poste. Avec souplesse.

L’opposition et les syndicats pensaient, pourtant, avoir bien préparé leur coup. Réclamer une «division of votes». L’honorable Shakeel Mohamed avait même pensé avoir trouvé l’astuce constitutionnelle, pour «overrule» le point de droit brandi par le Leader of the House, Pravind Jugnauth, pour neutraliser la «division of votes» : l’amendement à la Landlord and Tenant Act s’inscrivait en porte-à-faux avec la Constitution – d’où ce besoin de recourir au décompte des votes, au cas où une autre institution, comme la Cour suprême, devrait questionner le vote d’hier en question.

Mais c’était sans compter sur le speaker Sooroojdev Phokeer, qui se la joue davantage diplomate que speaker ces temps-ci. Le président de la Chambre a simplement demandé à tous ceux qui étaient en faveur des deux projets de loi de se mettre debout – alors qu’ils se devaient de rester assis – afin de constater de visu s’il y a, effectivement, une majorité devant lui. Et celle-ci s’est mise debout et a ri au nez d’une opposition recroquevillée, réalisant sans doute qu’elle s’est montrée trop sûre d’elle. The ‘ayes’ had it. Twice!

***

On l’aura vu sur les caméras et les chaînes de la MBC, ou en direct sur la Parliament TV. C’est la majorité qui commande. Le PM et son adjoint, non sans arrogance, l’ont rappelé à l’opposition parlementaire. La majorité a confronté le virus et a pu le contenir. Elle décide de tout, y compris de la manière dont l’État gère les finances publiques.

Après le momentum cassé et l’ultimatum de 48 heures (qui s’est avéré improductif) lancé par les syndicats, et la Toile citoyenne, l’on est vite retourné à la normale dans le fond – dans la forme, c’est toujours surprenant de voir le bal masqué des parlementaires qui rient sous cape désormais… Ce sont les Adjournment Matters qui ont pris le relais et, sûrement, le dessus sur la séance d’hier. Elle a du reste duré bien plus longtemps que le vote des deux projets de loi eux-mêmes.

Parlons-en. Outre le «pain rassis» mis en avant par le Mauve Franco Quirin, et les horaires ou capacités des autobus, ou la pension des personnes âgées ou des autrement capables, ou encore, et surtout, la qualité des masques mis à la disposition des éboueurs de Port-Louis, des frontliners, comme l’a bien souligné le député Osman Mahomed, Pravind Jugnauth, en fin parlementaire et parfait opportuniste, en a remis une couche, comme un second «summing up» : «No one knows whether the virus is still circulating. We don’t want to lose time in debates. Let’s hope that sooner rather than later, we will get back to some kind of normalcy…»

Le coronavirus chambarde tout. Mais pas la politique mauricienne : l’Exécutif et l’appareil d’État écrasent tout. Cela continuera tant qu’on ne change pas de système politique. Si tout doit changer, la politique aussi et surtout.