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Fidel Castro, Robert Mugabe, Kim Jong-un – all rolled into one

16 mai 2020, 09:36

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Fidel Castro, Robert Mugabe, Kim Jong-un – all rolled into one

C’est un spectacle de socialisme et de caring government unique au monde. Un facteur à mobylette est suivi de deux véhicules officiels dans la rue d’une ville. Le facteur s’arrête auprès d’une maison, mentionne à haute voix un nom à partir d’une liste, crie «Pension! Pension!» et voilà qu’une senior sorte de sa cour et on lui demande de s’approcher d’un véhicule. On remet à la tantine sa pension de vieillesse, en cash, bien sûr. D’autres tantines et tontons vont faire la même agréable expérience, dans la même rue et ailleurs dans la ville.

Existe-t-il un autre pays où un gouvernement prend autant de mesures pour s’assurer que les seniors ne soient pas dépourvus de ressources pendant le confinement lié au Covid-19? Mais ce n’est pas tout. Depuis plusieurs jours, un autre cortège de véhicules officiels part dans tous les quartiers du pays, invitant, par voie de haut-parleur, les senior citizens à venir se faire vacciner contre la grippe. Même Marx, même Lénine, n’aurait imaginé une telle situation dans leur quête pour l’établissement d’un paradis socialiste sur terre.

Pas Marx, encore moins Lénine, mais Fidel Castro avait réussi à instaurer dans l’île de Cuba un style de gouvernement sensible aux aspirations et aux besoins des seniors et des travailleurs, comme c’est le cas à Maurice. Le caring government des Jugnauth s’apparente en effet à la glorieuse expérience de Fidel Castro à Cuba. Sa forme de socialisme – éducation gratuite, santé gratuite, prestations sociales pour tout le monde à la ronde – se heurta aussi aux hostilités des États-Unis. Cuba boycotté, tout comme Maurice l’est maintenant, car placé sur la liste noire de l’Union européenne.

Les Cubains survécurent à ce boycott et firent preuve d’une ingéniosité incroyable. À souligner que Castro avait réussi quand même à attirer des touristes européens et canadiens. La différence fondamentale entre Maurice et Cuba toutefois réside dans le fait que la corruption a été inexistante sous Castro. Cette image de corruption fait le malheur de Maurice, maintenant réduit au statut de république bananière aux pratiques de corruption innées dans son système financier. Le blacklisting de l’Union européenne vient dans le sillage de la guerre diplomatique que le gouvernement éminemment patriotique de Maurice a déclarée à la Grande-Bretagne suivant notre victoire sur le dossier Chagos. Mais ce n’est pas la fin de Maurice, contrairement à ce que l’affirmeraient des antipatriotes et des fanatiques de l’opposition.

En effet, Castro n’est pas notre seul role model dans cette situation de dénigrement par les méchants Européens. On apprend bien de Robert Mugabe. Ce grand leader a bien survécu à des décennies de boycottage occidental. Le Zimbabwe a tenu ferme malgré toutes les attaques sur son économie et sa monnaie. Bien que tributaire d’un système de démocratie parlementaire aux traditions britanniques, Mugabe avait réussi à imposer ses propres règles et pratiques et étouffer l’opposition. Comme au Zimbabwe, la machine de guerre des Jugnauth réussit sans problème à remporter les élections. Et malgré les adversités, le gouvernement devient de plus en plus fort. Le malheur devient une opportunité. Comme les amendements aux lois dans le contexte du Covid-19 rendent les Jugnauth plus puissants que jamais.

Mugabe et Castro n’ont pas été les seuls à subir un boycott de l’étranger mais à conserver le pouvoir. Maurice pourrait encore s’inspirer de l’expérience de Kim Il-sung et de Kim Jong-un, les deux dirigeants nord-coréens, père et fils comme sir Anerood et Pravind Jugnauth chez nous. Malgré toutes les actions d’isolation et d’étranglement menées par les Américains, les Japonais et les Sud-Coréens, les Kim ont tenu bon.

La culture politique nord-coréenne n’est pas tout à fait étrangère aux mœurs politiques mauriciennes. Si on se retrouve dans la tradition nord-coréenne quand il s’agit de la vénération du chef suprême, il faut quand même noter une différence fondamentale. La Corée du Nord est une puissance nucléaire qui se permet de faire un doigt d’honneur dans la direction des États-Unis alors qu’à Maurice on vole aisément le revolver d’un policier assurant la sécurité du vice-président de la République.

Autre grande différence: quand Kim Jongun a voulu éliminer son oncle, le général Jang Song-thaeck, ce dernier a été tout simplement exécuté. Par contre, à Maurice, quand la famille Jugnauth avait voulu se débarrasser d’Ashock Jugnauth, le président d’alors, Anerood Jugnauth, émit un communiqué pour annoncer qu’il excommuniait son frère Ashock comme un Jugnauth. Nous sommes Castro, Mugabe, Kim Jong-un, certes, mais on reste Mauriciens quand même. Contrairement au général Jang Song-thaeck, Ashock Jugnauth, lui, est bien alive and kicking.