Publicité

Air Mauritius: ces silences assourdissants

3 juin 2020, 17:32

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Bon gré, mal gré, et au mieux de leurs capacités, il y a des syndicalistes d’Air Mauritius (MK) et d’Airmate qui font entendre leurs voix face à la tragédie qui les afflige. Certes, certains complices d’hier n’ont pas le courage de s’affronter ou d’affronter la vérité aujourd’hui et doivent systématiquement trouver refuge derrière un interlocuteur de l’extérieur/négociateur pour la moindre prise de position alors que le crash est déjà annoncé. Il y a, chez MK, d’autres syndicats comme celui des managers. À ce jour et malgré toute la crise qui secoue la compagnie, il y a un silence assourdissant. Est-ce normal et acceptable?

Dans de telles conditions, comment ne voulez-vous pas qu’un administrateur n’impose ses diktats à tous, sans dévoiler en toute transparence le vrai plan de sauvetage ou le modèle de fonctionnement d’un MK post-confinement ? On balance des plans de mise à la retraite un peu au petit bonheur, sous l’effet de la peur et de l’angoisse des employés, en les mettant tous dans le même panier, sans enquête préalable sur les responsabilités de x ou y dans la chute inéluctable de MK. Sans transparence sur qui a vraiment cumulé ces 33 1/3 d’années de service effectivement ou sinon par quelle «ruse» coûteuse on est par- venu à avoir ce full pension & other benefits entitlement ?

Personne ne pose ces questions alors que le fonds de pension accuse des déficits colossaux de plus de Rs 2 milliards ? Maintenant, après les 33 ans et 1/3, quel plan l’administrateur volontaire va imposer sur les autres employés ? Même ceux ayant passé l’âge de 50 ans et qui, normalement, pouvaient faire valoir l’option de partir à la retraite prématurée ? Le «Panic Button» sera-t-il activé en urgence pour tout basculer auprès du Redundancy Board pour faire le délestage brutal à tous les niveaux ? Et quand on a fini par tout vider, quel MK il y aura après ? Qui seront les heu- reux rescapés et repêchés ? Sous quels critères ?

Et le rôle régulateur du DCA (Département de l’aviation civile) local dans tout cela par rapport à notre AOC (Air Operator’s Certificate) ? Une compagnie d’aviation n’est pas comme une entreprise de zone franche ou autres qu’on liquide selon une approche copy/paste, sur des paramètres financiers. Surtout avec ces règles de sécurité et de sûreté absolues qui doivent prévaloir en tout temps. D’où la nécessité, parmi les employés d’une compagnie d’aviation, que certains soient désignés comme post holders et avec un Accountable Officer auprès des autorités régulatrices nationales et internationales. Est-ce qu’avec le grand coup de balai, l’administrateur et les employés du département légal et de HR de MK savent qui vont être ces post holders et l’Accountable Manager après la mise à la retraite des présents titulaires ? Dans quel état d’esprit les présents titulaires vont assumer ces responsabilités cruciales en intérim alors qu’ils savent qu’ils sont en partance (forcée) ?

Bavures monumentales

Autres bavures monumentales dans cette précipitation de vider la maison sans transparence et explication claire, surtout par des gens qui maîtrisent à peine les affaires de la compagnie, mal- gré des titres ronflants qu’ils portent et salaires/bénéfices qui vont avec : on a balancé la même lettre de demande d’early retirement à tous ceux ayant complété plus de 33 1/3 d’années de service.

Dans cet élan aveugle, on a oublié que tous nos pilotes mauriciens (même ceux du management) sont depuis des années sous un deal de contrat à durée déterminée (10 ans je crois). Après l’accolade et le Farewell entre collègues, voilà qu’on réalise maintenant que ces pilotes mauriciens ne sont pas, ne devraient, pas être dans ce lot d’early retirement.

Dois-je comprendre qu’on a dû reprendre ces lettres et retourner les pilotes concernés en selle ? N’est-ce pas une honte quand une telle bavure se produit ? Encore une fois symptomatique de l’amateurisme qui dure depuis années à la tête du HR de MK. Et ces genslà vont continuer «to run the show». Peut-être encore sous un «new MK» !

Pire, alors qu’on a déjà enclenché le départ prématuré de nombre d’employés, il y a toujours chez MK certains privilégiés (les indispensables, diront certains) qui se la coulent douce. Je parle ici de ceux sous contrat à durée déterminée, après l’âge de la retraite officielle, qui agissent comme consultants et autres. Y a-t-il une raison valable, messieurs les administrateurs volontaires, pour que ces gens-là soient toujours là ? Pourquoi n’ont-ils pas été remerciés dès l’annonce du crash ? Certaines grosses pointures, parties déjà à la retraite officiellement avec un pactole doré, sont toujours là comme consultants.

En toute logique et pour que le new Air Mauritius (s’il y en aura) et le pays n’entretiennent plus la même culture de l’insouciance et d’irresponsabilité, ne faut-il pas qu’en parallèle des démarches purement de solvabilité financière, les administrateurs volontaires et le gouvernement n’exigent un Forensic Audit sur tout ce qui a mal tourné au sein de la compagnie, depuis des années, tant sur le plan des stratégies du Business, Sales & Markets, d’achat des avions, opérationnelles, procurement, HR & IR, ou de la gestion du plan de pension (la raison de tel déficit, comment et pourquoi certains ont eu leur temps de service «buy back» pour être éligibles pour la retraite avec pensions et bénéfices complets) ?

Voilà quelques questions qu’il faut poser à l’administrateur volontaire, aujourd’hui ou après. Espérons que les pressions auront pour effet de faire jaillir plus de transparence sur leur dessein et celui du gouvernement concernant MK.

Très dommage et incompréhensible qu’ailleurs, les employés, syndicats et autres forces ne se fassent pas entendre. Silence presque assourdissant ! Que ce soit pour la saga des prêts toxiques concernant la SBM, la MCB et autres. Ne parlons pas de la posture de nos parlementaires ou leaders politiques par rapport à toutes ces coûteuses sagas !

Même si le prix des gabegies, les fautes du passé ne peuvent pas être effacés totalement, au moins, si au niveau de chaque entreprise où ces cultures de gestion approximative sont légion, les employés et syndicats avaient le courage de dénoncer et faire entendre leurs voix, l’avenir serait différent. Il y aurait eu plus d’accountability et de bonne gouvernance. Un peu... au moins ! Mais en choisissant de garder le silence ou ménager la chèvre et le chou dans nos comportements, on devient tous complices de la décadence qui nous afflige de partout. Oui... de partout !

Puis, on s’étonnera que l’île Maurice ne soit pas... un mari plaisir. Pour tous ces «zwiser» patentés... l’homme de zes, mégalomanes, manipulateurs et arrivistes !

 Bon courage à tous