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À peine croyable !
On a l’impression, depuis peu, qu’ils sont partout les policiers qui vérifient que vous ne fassiez pas de la vitesse ! Ayant, par le passé, souvent installé des limitations de vitesse déraisonnables que l’on ne corrige jamais, il semblerait qu’après le Budget, on ait reçu des instructions pour passer à la… vitesse supérieure et faire la récolte des amendes. J’ai croisé cinq équipes de policiers affûtés avec leur lecteur de vitesse cette semaine. Trois de ces équipes étaient dans des endroits où je ne les ai jamais vues précédemment. Une m’a arrêté sur la 3e voie de l’autoroute et alors que l’on me préparait la note à payer de Rs 2 500 pour avoir fait du 80 kph +, il est passé deux motards que je jurerais «volants», suivis de deux grosses cylindrées noires qui faisaient au moins du 150 à l’heure ! J’ai pointé lesdits véhicules du doigt avec excitation, les ayant bêtement trouvés «plus coupables» que moi et pensant aider à la récolte de la saison, mais le constable m’a dit que je n’avais pas le droit de pointer du doigt des voitures qui véhiculaient des responsables «pressés par les affaires» du pays. Je n’ai eu aucune peine à le croire, mais devant mon insistance, le sergent en charge m’a souligné que c’était, là, deux affaires bien séparées : la première concernait mon infraction et que pour la deuxième je pouvais protester «à qui de droit»
Je proteste donc. À qui de droit ! Je suis souvent pressé aussi. Faut-il absolument devenir parlementaire ou ministre pour avoir le droit d’être pressé ? À peine croyable !
L’anglais a une belle expression qui, dans une de ses formulations les plus réussies, déclare divinement : «Sometimes it doesn’t so much rain, as it pours!»
Le gouvernement avait pourtant clos la semaine dernière sur ce qu’il croyait être une très bonne note : un pays Covidfree, l’allégresse du déconfinement (partiel) et un Budget, qui après les nombreuses bourrasques sur le «helicopter money», avait largement été utilisé pour apaiser un maximum de la population. Le ministre des Finances eut même le droit d’être présenté, en caricature il est vrai, comme Robin des Bois, ce qui est un positionnement toujours romantiquement favorable face au sheriff de Nottingham ! Excepté que Robin des Bois, dans le cas qui nous occupe, est aussi le sheriff, collecteur d’impôts !
Dans les jours qui suivirent, pourtant, sa mesure phare, piquée à Michel Rocard, s’effilochait face aux protestations tant patronales que syndicales. Sans compter que son Premier ministre était accusé de «fausse promesse» puisqu’il semblait ne plus avoir de marge pour augmenter la pension de vieillesse par étapes jusqu’à Rs 13 500 en 2023, malgré les ponctions à la Banque centrale. À la place, il faudra, semble-t-il, accumuler des fonds de la Contribution sociale généralisée (CSG) pendant 4 ans avant de passer à Rs 13 500 d’un seul coup, en 2023. Ceux qui vont mourir au cours de ce deuxième mandat de Pravind Jugnauth et qui avaient voté pour lui, dans l’espoir que…, n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes. Remarquez que de toute manière, ceux-là ne seront pas là pour demander des comptes pour les prochaines élections… Ce qui est pratique.
À ce stade, il manque bien des précisions sur la CSG qui est, bien sûr, une tentative de respecter une promesse électorale hasardeuse et de régler, au passage, les problèmes conséquents du NPF qui est largement dépassé et qui s’acheminait vers la faillite à terme, de toute façon. C’est une taxe additionnelle, un payroll tax, qui punira les compagnies qui ont créé de «bons emplois» bien payés et ces salariés bien payés eux-mêmes, qui paieront plus en contributions qu’ils ne recevront en pension éventuelle. La CSG a ses mérites, elle est progressiste, mais la sortir en période économique émaciée par des pertes est loin d’être favorable à la relance de l’économie. Ça compte évidemment !
À peine le gouvernement donnait-il un cadeau mérité de Rs 15 000 aux policiers et au personnel médical, que les éboueurs, le personnel travaillant dans les supermarchés, notamment aux caisses, les pompiers, les responsables de cimetières et d’incinérateurs, les livreurs se sentaient évidemment lésés ! Au Parlement, on évoquait des compensations de Rs 6,7 millions payés aux hôtels utilisés pour la quarantaine, pour couvrir les vols et les dégâts divers, causés non pas par le Covid-19, mais par des citoyens qui n’en avaient finalement pas ! Pas joli, tout ça…
Mardi, l’express nous apprenait que des employés et agents de la firme danoise Burmeister & Wain (B & W) avait corrompu des officiels mauriciens afin d’avoir accès aux offres confidentielles d’autres soumissionnaires, permettant ainsi de tailler leur offre «sur mesure». Pour rappel, cette offre était augmentée de Rs 700 millions entre le premier tender annulé et le second où B & W gagnait finalement le contrat pour 4 moteurs de 15 MW chacun, à la centrale de St-Louis. Si les corrupteurs sont maintenant connus et déjà punis, du moins au Danemark, il faut encore penser qu’il est possible que les corrompus seront dévoilés et épinglés aussi au pays de la transparence promise à l’Union européenne pour échapper à sa liste «noire» ! D’autant que le paymaster est apparemment connu.
C’est à cette transparence d’ailleurs à laquelle il faut encore se référer pour comprendre toutes les protestations contre Madame la ministre de l’Éducation et son plan a priori illogique et catastrophiste, puisqu’elle n’a pas daigné expliquer son raisonnement en détail jusqu’ici. Heureusement que la logique a triomphé hier soir lors de la conférence de presse du Premier ministre. C’est de cette même transparence qu’il faut parler en se référant au paragraphe 365 du discours du Budget, qui promet un «exceptional minimum monthly support of Rs 5,100 to each beneficiary» pour six mois ; puisque la petite calculatrice d’un ami indique qu’à ce taux-là et sur, mettons, 100 000 chômeurs, chiffre d’ailleurs contesté au gouvernement même, il restera… Rs 12 milliards sur les Rs 15 milliards budgétisés ! Ce serait pour qui ?
Transparence encore sur la débandade apparente face à l’Union européenne qui ne semble pas avoir plié devant le lobbying intense de Maurice ces dernières semaines : qu’estce qui nous vaut ce traitement ? La liste grise (certains disent «gris clair») de la FATF ? La nomination incompréhensible d’un Mr Thacoor sans relief, ni trop de CV, à la FSC ? Les cas Sobrinho, Amrapali, dos Santos, Ambani, MTN,… ? Notre image de plus en plus trouble au niveau de l’efficacité des protocoles mis en place contre le blanchiment d’argent ? Si nous avons, apparemment avancé d’un an, la date de compliance aux cinq critères d’«effectiveness» exigés par le FATF, pourrons être suffisamment dans les temps pour éviter la liste noire officialisée le 1er octobre prochain ? Il faut l’espérer ! Car on peut postuler, sans grand risque de se tromper, que les grands pays de ce monde se sont encore plus recroquevillés sur les intérêts égoïstes et immédiats de leurs pays, peu importe si ce sera aux dépens des autres. Les grands font les règlements. Les petits doivent s’écraser. Ainsi va le monde qui nous entoure et nous catalogue désormais, les yeux ouverts et sans hypocrisie aucune, dans la même liste noire que l’Afghanistan des talibans, la Corée de Kim, l’Iran des ayatollahs, la Syrie du meurtrier Assad, le Yémen déchiqueté et exsangue…
À peine croyable !
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