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La discrimination fiscale, c’est un début d’apartheid
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La discrimination fiscale, c’est un début d’apartheid
La semaine dernière, je soulignais combien pour l’euphorie de la relance, c’était raté ! Il était alors proposé que la Taxe de Solidarité était discriminatoire et foncièrement illogique puisqu’elle s’appliquait aux citoyens mauriciens seulement, et pas aux étrangers qui travaillent au pays. Il était ainsi argué qu’à talent égal, les compagnies mauriciennes (ou étrangères basées à Maurice) trouveraient désormais plus économique de recruter des étrangers que des Mauriciens pour le même ‘take home pay’. Après réflexion, on peut s’interroger sur les raisons qui font que le ministre des Finances se sent gêné d’imposer sa taxe dite de «solidarité» aux étrangers touchant plus de Rs 3 millions par an, mais surtout POURQUOI IL LE SERAIT MOINS POUR SES CONCITOYENS !
Je continue à croire que la situation exceptionnelle actuelle justifie le Solidarity Levy à 25 % pour une année (voire deux), mais à la condition expresse et double que les étrangers travaillant au pays participent aussi et que le Finance Act stipule de manière irréversible une ‘sunset clause’ claire.
À cet effet, il est peut-être bon de rappeler que deux levy «temporaires» du passé existent toujours ! Le Special levy «temporaire» de 4,5/5,5 % sur le profit des banques date de 2007 et a été modifié 4 fois depuis, généralement à la hausse, évidemment, l’appétit venant en mangeant. Le Solidarity Levy sur les compagnies de téléphonie, à 5 % des profits, plus 1,5 % du chiffre d’affaires, introduit «temporairement» en 2009 vient, quant à lui, d’être rendu permanent cette année ! (Voir Explanatory Notes, paragraphe A.1. (H))…
Cette semaine, deux fortes plumes, qu’il faut lire, se sont mêlées au débat ce lundi dans l’express. Il s’agit de celles de Jean Claude de l’Estrac et de Rama Sithanen. Leurs arguments s’alignent en tir groupé sur la Contribution Sociale Généralisée (CSG), sont souvent novateurs et toujours solides. De l’Estrac souligne surtout que les contributions aux fonds de pension privés existants, de l’ordre de 10 à 15 %, sont conséquentes mais déjà largement insuffisantes, les rendements sur les investissements ayant volé de plus en plus bas ces dernières années. Beaucoup de fonds de pension à Maurice (il cite les cas d’Air Mauritius et de la Banque de Maurice, mais la maladie est générale) sont en large déficit. Contribuer 9 % en plus sur les salaires alors qu’il faut déjà consolider les fonds de pension privés existants semble, en effet, pervers et même dangereux, surtout que cette payroll tax se paiera, profits ou pas. Il souligne, fort à propos, que la CSG étant une ponction obligatoire, elle aura priorité absolue sur toute contribution additionnelle rendue nécessaire à un fonds de pension privé, augmentant ainsi les risques d’une pension éventuelle plus faible du fonds privé, alors même que la pension dérivée sous la CSG par ceux qui touchent plus de Rs 50 000 par mois ne sera pas proportionnée aux contributions faites !
De l’Estrac a aussi raison de souligner que, malheureusement, ceux qui paieront le Solidarity Levy, et qui de par leurs moyens faisaient déjà du social «en direct», ne le feront plus et passeront la main à la bureaucratie gouvernementale, gloutonne mais souvent sans cœur. Il n’y a qu’à voir le sort des squatters que l’on évacue manu militari ces jours-ci. Ce ne sera pas un progrès !
Rama Sithanen, quant à lui, relève l’énormité que seuls les employés du secteur privé, qui représentent 80 % de l’emploi national, vont contribuer à la CSG ! Peu de citoyens ont réalisé cette deuxième discrimination incompréhensible et inadmissible ! La CSG, en alimentant le budget du gouvernement directement à travers le Consolidated Fund, vient donc forcer les employés du privé à donner les moyens au gouvernement de financer, par exemple, le PRB des employés du secteur public ! Et pourtant, les employés du secteur privé sont ceux qui peuvent perdre leur emploi, perdre leurs bénéfices, voir leurs salaires réduits, alors que les employés du secteur public, eux, ne sont jamais licenciés, ni ne voient diminuer leurs conditions de travail. Cela ne peut pas être juste, n’est-ce pas ? D’autant plus, ne l’oublions jamais, que c’est le secteur privé qui, à travers ses taxes payées, directes ou indirectes, permet au secteur public d’exister !
Les employés du secteur public, comme les étrangers travaillant à Maurice, ne peuvent pas et ne doivent pas être privilégiés par rapport aux autres employés du privé travaillant dans ce pays ! Sinon, cette fiscalité discriminatoire va engendrer, sur la durée, une nation aspirant à travailler de plus en plus pour l’État mou, gaspilleur et solidement protégé, plutôt qu’à aspirer être un professionnel ou un entrepreneur qui a réussi. C’est l’avenir qu’on nous dessine, ça ? Autre incitation fiscale introduite : revenir travailler seulement quand un deuxième passeport est acquis, puisque le pays veut – comme il se doit – s’ouvrir aux expatriés !
Si on insiste, on aura droit, rapidement, à un régime fiscal d’apartheid et comme en Afrique du Sud à l’époque, la majorité se retrouvera dans des homelands désavantagés…
Quelqu’un souhaite-t-il, à ce point, être notre Verwoerd local ?
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