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Un GM uni par les pétitions électorales et les Rs 80 milliards

20 juin 2020, 14:05

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Depuis  l’Indépendance en 1968, jamais le pays n’a connu un gouvernement aussi uni que celui dirigé actuellement par Pravind Kumar Jugnauth (PKJ). Ce dernier fait mieux que son père et tous les autres chefs de gouvernement. Cela a été démontré au moment de l’éclatement du scandale connu comme Saint-Louis Gate ou encore Coll-Gate.

Quels sont les facteurs qui unissent autant les rangs gouvernementaux tout en assurant une telle cohésion face aux attaques de l’opposition ? Ils sont tous solidaires face au danger que représentent les différentes pétitions qui ont été déposées pour fraudes et irrégularités électorales. On ne sait jamais quelles proportions nationales et internationales pourraient prendre des affaires en cour où on expose les pratiques électorales problématiques de novembre 2019, dont la création des computer rooms dans les centres de vote.

La manne de Rs 80 milliards et les vastes ressources dont dispose le gouvernement servent de puissantes incitations pour assurer la loyauté inébranlable des uns et des autres envers leur grand leader. Effectivement, PKJ est littéralement vénéré par les uns et les autres, MSM comme ML ou encore transfuges comme Alan Ganoo et Steve Obeegadoo.

Grand leader, ce PKJ. Depuis novembre 2019, c’est la cohésion parfaite. D’ailleurs, d’après une expression populaire en créole, on dirait qu’il n’y a plus de place libre «pou pas diber» sur l’anatomie de PKJ tellement ministres, parlementaires et nominés politiques chantent ses louanges à chaque occasion offerte. Depuis l’avènement de Mao Zedong en Chine, de Fidel Castro à Cuba et de la famille Kim en Corée du Nord, jamais un leader politique n’a fait l’objet d’un tel culte de la personnalité, du matin au soir. Tout comme Mao avait impressionné le monde entier en 1966 en traversant l’immense fleuve du Yangtsé à la nage, PKJ a lui aussi tenté de faire preuve de prodige physique extraordinaire en se livrant, à Rodrigues, à une démonstration de tyrolienne sans même porter des vêtements de sport.

Le culte de la personnalité à la manière de Mao et des Kim est surtout systématiquement pratiqué à la MBC, qui détient le monopole de la télévision non-satellitaire. La MBC a été à deux doigts de créer l’impression que le père Laval était un fan de PKJ le jour où ce dernier obtint un jugement favorable du Conseil privé de la reine en Angleterre et cela suivant la volteface de l’ICAC.

Les adversaires de PKJ sous-estiment toujours son efficacité stratégique et tactique. Certains opposants ont cru - à tort - que l’affaire CollGate allait causer une brèche dans l’édifice du gouvernement. Au contraire, tout le monde sur les bancs gouvernementaux a été solidaire d’Ivan Collendavelloo et on l’a applaudi si frénétiquement qu’il ne lui manquait qu’une standing ovation, comme l’a fait remarquer Touria Prayag.

La cohésion sans faille serait vitale quand les pétitions électorales seront entendues en cour. Les faits avancés dans les pétitions sont troublants mais il est fort possible qu’elles soient toutes rejetées. Mais que se passerait-il si des agents ou mêmes des candidats de l’alliance de PKJ viennent affirmer qu’il y avait eu effectivement maldonne ? Pour cette raison déterminante, le pouvoir va tout faire pour empêcher toute division dans ses rangs.

Le gouvernement au pouvoir depuis novembre 2019 a bien appris ses leçons et sait comment garder ses troupes dans un état de contentement et de reconnaissance. Un avocat-parlementaire a besoin d’un emplacement de deux arpents, pied dans l’eau, pour y ouvrir un bureau ? No problem. Les Pas géométriques sont là précisément pour assurer la loyauté indéfectible des troupes. Maintenant avec les Rs 80 Mds disponibles, quel exercice de tyrolienne financière ne pourrait-on pas accomplir, avec ou sans kalson létof, soulié verni ?

Comme l’a dit si justement le Premier ministre adjoint Collendavelloo, c’est quoi Rs 700 millions? C’est du pipi de chat, évidemment, quand on prend la mesure des ressources financières colossales que pourrait maintenant mobiliser Lakwizinn. Le fait même de prendre on board Lord Desai, pardon, le baron Desai, pour donner de la crédibilité à l’exercice de distribution de milliards, constitue un exploit. À 80 ans, le baron est quand même de dix ans le junior de sir Anerood.

Les amateurs de sensations fortes ont intérêt à s’approvisionner en pistaches - maintenant que les marchés sont ouverts - pour pouvoir apprécier le déroulement du passionnant «cinéma» qui s’annonce. Avec des personnages comme Yousouf Ismaël comme vedettes dans le show du baron Desai, le spectacle est garanti. On n’attend plus que de récolter les «bout», grands et petits, avec chacun pour soi, dieu PKJ pour tous.