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La CSG, sans comprendre ?

8 juillet 2020, 07:13

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Le ministre des Finances a été sous une déferlante de protestations et de commentaires sur la Contribution Sociale Généralisée (CSG), mais n’a pas bronché d’un iota en fin de compte, si l’on se réfère au Finance Bill. Il y a évidemment une limite aux reculades et il avait déjà reculé par deux fois, une première fois sur une taxe inique sur le chiffre d’affaires et une deuxième fois sur le Solidarity Levy dont il adoucissait la ponction au-delà de Rs 3 millions au point que le taux de taxe à la marge baisse désormais, au fur et à mesure que les revenus progressent (Lire Sithanen, l’express, 18 juin 2020, About The New Income Tax Cure) et où il finissait par inclure les expatriés pour ne pas créer une taxe discriminatoire.

Cependant, si un principe est supposé être un principe, il a pourtant refusé de reconnaître l’aspect également discriminatoire de la CSG, qui est effectivement une payroll tax qui va être payée par le seul secteur privé et dont les fruits vont, par contre, être au bénéfice de tous, c’est-à-dire les employés du secteur public qui ne contribueront rien (selon quelle logique ?) et les self-employed qui ne contribueront que Rs 150 par mois pour toucher Rs 4 500 à l’âge de 65 ans à partir de 2023 ! Quand va-t-il nous expliquer comment cet acte de détournement de l’argent privé, au profit (partiel) du secteur public pourtant bien loti en termes de pension, peut moralement se justifier ?

L’Association des Actuaires s’est, par ailleurs, évertuée à démontrer que cette CSG ne tiendra même pas la route au-delà de 2024, les contributions étant, à partir de cette date, largement dépassées par les retraites envisagées. En effet, les retraités vont augmenter inexorablement et les salariés, payant pour les retraités, vont diminuer, ce qui fait que le seul moyen de trouver un équilibre sera soit d’augmenter massivement les contributions, soit encore de convier le contribuable à la caisse payante ! Le minimum que doit le ministre des Finances à son pays est, désormais, de tenter de justifier, avec tout le détail requis, comment sa CSG va rester sur les rails sur les 50 prochaines années ! Après tout, il a accès aux chiffres les plus fiables qui sont une combinaison des meilleures projections démographiques ainsi que des extrapolations salariales de la MRA et des Finances…

Or, jusqu’ici, le gouvernement n’a pas soumis ses chiffres et n’a donc pas rassuré les salariés qui vont casquer 1,5 % jusqu’à Rs 50 000 et 3 % au-delà ; les contribuables pourraient avoir à «boucher les trous», comme toujours, puisque la CSG est gérée centralement dans le Consolidated Fund ; les bénéficiaires des 50 prochaines années eux-mêmes ; ainsi que les employeurs du secteur privé appelés à contribuer 3 % jusqu’à Rs 50 000 et 6 % au-delà, pour le moment. Cette folle promesse électorale, éminemment souhaitable quand on peut se la permettre, ne peut, maintenant, être payée avant les prochaines élections qu’à travers une autre folie style CSG, mais n’est-ce pas le minimum de la part de nos ‘bons pères de famille’ au gouvernement de nous démontrer ce qui nous pend au bout du nez et qui pourrait, entre autres, rendre l’investissement privé plutôt hasardeux ces jours-ci ?

Un seul chiffre pour aujourd’hui : entre 180 000 et 200 000 retraités de 65 ans +, en 2023, à Rs 4 500 chacun, cela fait entre Rs 10 et Rs 12 milliards par an ! Les contributions CSG selon le modèle 2020 couvriront environ 50 %, estime-t-on…

«In times of risk», dit le publireportage de Maurice publié cette semaine dans le prestigieux The Economist, «people are in need of strong leadership, compassion and truth», est-il écrit, apparemment avec conviction. Oui, c’est absolument exact qu’une direction qui se souhaite forte et compassionnelle n’est crédible qu’en étant transparente et porteuse de vérité ! Sinon, cela relèverait de mystification…

En effet, à quoi ça sert de montrer de la compassion si l’on n’a pas les moyens de sa politique au-delà de 2023 ? Un cadeau empoisonné n’est pas un cadeau ! Montrez-nous vos projections et nous en ferons la propagande s’ils tiennent la route ! Nous avons peut-être tous tort et vous, vous avez possiblement raison, mais cela sert à quoi d’être fort en restant arc-boutés sur vos positions sans explication et sans répondre aux doutes exprimés ?

Le propagandiste Nas Daily ainsi que le publireportage dans The Economist sont deux tentatives de redorer l’image du pays, et elles étaient bien nécessaires par les temps qui courent. C’était de l’argent qu’il fallait dépenser pour une raison principale : la «bonne nouvelle» que Maurice était libérée de la Covid-19 depuis fin avril ne retenait jusqu’ici l’attention de personne dans les médias étrangers ! Ainsi, typiquement, le Hindustan Times faisait la liste de neuf pays sans Covid-19 il y a trois semaines, et Maurice n’y était pas. Travel Daily regroupait 12 pays sans Covid le 22 juin, toujours sans Maurice ! Jusqu’au 3 juillet, le Foreign & Commonwealth Office publiait une liste de 67 pays sans grand risque https://www.gov.uk/guidance/coronavirus-covid-19-countries-and-territories-exempt-from-advice-against-all-but-essential-international-travel et Maurice n’y était toujours pas ; le seul pays africain du lot étant… La Réunion ! Ce qui est passablement décourageant quand le dernier cas de Covid-19 «indigène» chez nous remonte au 28 avril !

Il fallait assurément monter au créneau et faire connaître notre succès !

Cependant, le publireportage fait aussi dans les trémolos en disant que le reste de la planète peut apprendre beaucoup de leçons de notre pays, entre autres, «the importance of a free press, and reliable information, which inclines citizens to believe what they read in the media and take it seriously».

En effet ! Et si l’on commençait par le cas de la CSG ?