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Entre manger et marcher

18 juillet 2020, 08:25

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Quand des rapaces profitent d’une crise sanitaire pour manger en famille, c’est très grave, surtout s’ils sont défendus par un Premier ministre – alors même qu’il y a une enquête supposément en cours.

Force est de constater que les rapaces ne sont pas uniquement mauriciens. «Under cover of the pandemic, the government has awarded contracts worth billions of pounds for equipment on which our lives depend, without competition and transparency. It has trampled on its own rules, operated secretly and made incomprehensible and – in some cases – highly questionable decisions», fait ressortir notre confrère George Monbiot, chroniqueur au Guardian britannique.

Il cite un cas : «(...) the employment agency with net assets of £623 that was awarded an £18 M government contract to supply face masks; the confectionery wholesaler that was given a £ 100 M contract to supply PPE; and the £250 M channelled through a “family office” registered in Mauritius, specialising in currency trading, offshore property and private equity, also to supply protective medical equipment. Altogether, billions of pounds’ worth of contracts appear to have been granted, often to surprising companies, without competition (...) what the hell is going on ?»

Comme Monbiot, nous estimons que, surtout sous le couvert d’un certificat d’urgence, cela relève davantage qu’une question d’argent. C’est aussi et surtout une culture de transparence autour des contrats publics, de népotisme, de corruption et de bonne, ou, ici, de mauvaise gouvernance.

Et pour s’attaquer à la corruption institutionnalisée, il faut une presse libre, qui n’a pas les mains liées, de même que des institutions (police, ICAC) et une justice indépendantes, ainsi qu’une opinion publique éclairée. Car le drame mauricien serait que l’on finisse par intérioriser que la corruption est, peut-être, dans l’homme politique, comme l’eau est dans la mer. D’où le besoin de crier ASSEZ MANGER !

***

La qualité de la foule et la quantité de marcheurs, samedi dernier, dans les rues de la capitale, agitent le bocal politique : quelles suites donner au mouvement naissant dont la dynamique a surpris plus d’un ? Les principaux partis de l’opposition, qui n’avaient pas participé à la marche d’influence davantage syndicale et citoyenne que politique, ont bien compris que le moment est venu, pour eux, de minimiser les égos de leurs dirigeants afin de regrouper les forces, et, partant, recomposer une plateforme d’opposition élargie ; une plateforme pas forcément de l’opposition, mais rassemblant les forces politiques, syndicales et citoyennes, qui ont un objectif commun : barrer la route au présent régime.

C’est ainsi que les prochaines élections municipales (qui pourraient être repoussées comme les villageoises sur un simple coup de tête de Pravind Jugnauth) deviennent un prétexte pour une alliance élargie entre le PTr-MMMPMSD, sans oublier Roshi Bhadain et les mouvements syndicaux, bref tous ceux qui veulent remettre en question le leadership politique actuel.

Dans tout rapprochement politique entre partis aux intérêts divergents, il faut cette «fameuse goutte d’eau qui fait déborder le vase». Ainsi après le St-Louis Gate, qui n’a pas pu créer de division au sein de l’opposition (au grand désespoir des stratèges du pouvoir), est venu se greffer le terrible scandale d’achat de médicaments et d’équipements...