Les voies magiques de la FA Cup sont impénétrables. Après avoir souvent été le souffre-douleur de Manchester United cette saison, nul ne s’attendait à une revanche aussi éclatante de Chelsea (qui avait été battu trois fois de suite) par les Red Devils en demi-finale de la FA Cup, dimanche (3-1). Les Blues sont pourtant bien ceux qui iront en finale de la compétition le 1er août face à Arsenal, les deux clubs londoniens ayant déjoué la finale parfaite (sur le papier !) des deux Manchester.

Le grand United de Bruno Fernandes et Mason Greenwood qui marchait sur l’eau depuis le ‘Restart’ le mois dernier, fort d’une série inédite en Premier League de quatre victoires par plus de trois buts d’écart et 19 matches (!) sans défaite, et la machine à canarder de Pep Guardiola ont effectué une sortie de route à la surprise générale. Des dérapages qui ont, profondément, choqué les supporters des deux camps.

Pour City on peut parler de leçon d’humilité. De la confirmation de l’inconstance chronique de cette équipe cette saison, capable du meilleur comme du pire mais qui n’enchaîne pas. Constater le blocage régulier des équipes de Guardiola au stade des demi-finales ces dernières années. C’est comme si quelqu’un avait brusquement déconnecté Riyad Mahrez, au sommet de son art depuis le ‘Restart’, et Kevin de Bruyne, génie impuissant samedi… Pep peut mainte- nant saluer le succès de son ex-adjoint, Mikel Arteta qui a su redonner à Pierre-Emerick Aubameyang son niveau de ‘world class player’.

Côté United, si le onze de départ de Man Utd était injouable ces dernières semaines, Olé Gunnar Solskjaer n’a pas fait tourner son effectif à temps. Depuis deux matchs, on sentait l’équipe A peiner physiquement, que ce soit Fernandes, Greenwood ou Bissaka.

Il y a encore du boulot, mais Olé avance. Avant la pandémie et l’interruption du championnat, on avait vu une ossature intéressante se dessiner et cela a été confirmé depuis la reprise en juin. Au coach norvégien d’aller chercher les bons joueurs qui manquent au puzzle à présent…

Man Utd peut largement prendre la 4e place synonyme de Ligue des champions, voire coiffer Chelsea sur le poteau pour la 3e place lors des deux derniers matchs, tout en espérant réussir un joli coup en Europa League pour sauver la saison.

Et comment ne pas parler des incroyables offrandes de David de Gea à l’adversaire et de la faiblesse défensive d’Harry Maguire (83 millions pour ça ?) et de Victor Lindelof qui ont plombé la bande à Solskjaer dimanche ? Le gardien espagnol était le meilleur du monde il y a quelques années, mais il multiplie trop les erreurs pour ne pas être mis en concurrence avec Romero et Henderson. Très inquiétant à ce poste-clé, alors qu’on dit souvent qu’un futur champion se construit d’abord au poste de gardien de but. Chose que Liverpool a su rectifier tardivement, à l’arrivée de Jürgen Klopp…

Plus que l’élimination, c’est la façon de jouer de l’équipe qui a choqué les fans de United avec cinq joueurs derrière et une faible implication. Bref un manque d’ambition ! Sans occulter le faible temps de récupération après le dernier match de Premier League… jeudi.

Un calendrier bizarroïde dont toutes les grosses cylindrées auront payé les pots cassés. La répétition des matches tous les trois ou quatre jours n’a arrangé personne, et encore moins Liverpool, qui semble victime du syndrome de décompression mentale du champion. Il sera intéressant de voir comment Mané et ses potes vont attaquer le match du couronnement face aux Blues, soutenus par… Man Utd.

Tactiquement, Chelsea a démontré face à United qu’il savait être solide dans tous les compartiments de jeu, même en défense. Le match s’est joué et gagné au milieu. Test de caractère enfin remporté pour Lampard après trois échecs contre Solskjaer. L’entraîneur des Blues a persisté à faire confiance et aligner dans l’axe défensif Antonio Rudiger, mauvais lors de la débâcle face à Sheffield United, et bien lui a pris.

Enfin, certains avaient peut-être oublié que les Blues dis- posent de l’expérience que n’avait pas la jeune bande mancunienne dans ce genre de rendez-vous dimanche dernier. La finale opposera deux spécialistes de la Cup et on ferait bien de ne pas se laisser aller à tout pronostic douteux cette fois !

Personne n’aura oublié que l’ancien attaquant d’Arsenal, Olivier Giroud, fait aujourd’hui les beaux jours de Chelsea. Toujours enterré, ou injustement comparé à Karim Benzema chez les Bleus, il répond toujours présent. A 33 ans et 4 buts en autant de titularisation, l’attaquant français « respire le professionnalisme » dixit Frank Lampard. Ce même Lampard qui, l’été dernier, avait perdu son meilleur joueur Eden Hazard, et était interdit de recrutement et forcé de miser sur les jeunes…