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Marche pacifique : Le grand réveil
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Marche pacifique : Le grand réveil
On avait dit que nous sommes un peuple amorphe. Nous nous étions faits à l’idée que nous ne sommes que des «grandes gueules», seulement adossés dans le confort de nos salons. Rien ne pouvait nous faire sortir de notre léthargie presque légendaire.
Mais voilà ! L’étiquette «jaidé», qui nous est restée collée à la peau depuis des décennies, a fondu sous le soleil de Port-Louis en ce samedi historique et mémorable. Nous étions des milliers à nous rallier à cette marche, revendiquant nos droits, exprimant notre colère, notre exaspération, en somme, pour manifester notre ras-le-bol. La marée noire a déferlé dans les rues de la capitale et, cela, malgré la soudaine grande trouvaille de diversion : la vente hors taxe, ce jour même, au SVICC à Pailles, de produits de luxe ! Mais, le génie qui a fait jaillir cette merveille de sa petite cervelle s’est vite enfoui dans son carton déchiqueté sur une étagère quelconque, hors vue !
Car le grand rendez-vous de notre histoire courante était à Port-Louis. Et pas seulement. Les Mauriciens de la diaspora se sont mobilisés également. Ceux de la France, inclus de l’île sœur, la Grande-Bretagne, la Suisse, le Canada, l’Australie, parmi d’autres, ont démontré, à leur façon, leur solidarité avec cette marche citoyenne de ce 29 août à Port-Louis. Le monde entier a pu vivre ces moments forts d’émotion, à travers des reportages et des images, non de la soidisant chaîne nationale, paillasson comme jamais – la MBC – mais de ceux diffusés par les chaînes privées et repris sur les réseaux sociaux. Et ce, malgré l’interdiction des drones. On en a quand même aperçu deux tournoyer dans les cieux de Port-Louis. Étaient-ce ceux de la MBC ou de la police ?
Nonobstant cela, la technologie moderne a donné aux professionnels de l’audiovisuel d’autres moyens de capter la spontanéité du citoyen, l’ambiance dans la discipline qui a régné pendant toute la durée de cet événement, déclenché par l’appel d’un simple citoyen, Bruneau Laurette.
Un événement qui a trouvé sa place dans l’histoire de notre pays.
Certains citoyens qui ont vécu plusieurs manifestations de ce genre ont fait un rapprochement entre cette marée humaine, toute de noir vêtue en la circonstance, avec celle qui s’était mobilisée en juin 1982, au lendemain de la victoire sans appel de l’alliance MMM-PSM. Or, alors que celle-là avait une motivation purement politique, partisane de surcroît, celle de ce samedi avait un caractère nettement citoyen, dépassant le cadre politique. Même si les grands partis politiques, à travers leurs leaders respectifs, avaient exhorté leurs partisans à se déplacer en grand nombre, mais toutefois avec la consigne stricte de ne point arborer une quelconque couleur politique. Et ce mot d’ordre a été suivi à la lettre. Les leaders, eux-mêmes, étaient présents sur le coaltar en simples citoyens. Bravo pour ce moment historique, où les leaders et le peuple se sont retrouvés côte à côte.
L’hymne national a été chanté à plusieurs reprises de façon spontanée. Le drapeau national était brandi avec fierté, tout cela accompagné de slogans antigouvernementaux. Les pancartes donnaient, sans équivoque, le ton et l’objectif de cette marche, tellement bien ordonnée et bon enfant, que même les policiers, très courtois d’ailleurs, ont failli tomber dans une somnolence, imaginaire, bien sûr.
Eh oui, messieurs et mesdames, les gouvernants. Y-en-a marre ! Prenez la mesure de cet élan citoyen qui a réuni notre arc-en-ciel identitaire, tous âges confondus. Depuis trop longtemps, le peuple prend son mal en patience. Et vous avez abusé de cette patience et cette docilité proverbiales reconnues du Mauricien, semaine après semaine, décision après décision. Mais on est arrivés à notre point de rupture. La soupape a fini par sauter.
Avez-vous entendu la voix du peuple ? Sauf si vous souffrez d’une surdité extrême, en avez-vous pris bonne note ? Et si oui, qu’allez-vous faire ? Des changements en profondeur ou de façon cosmétique ? Cessez de nous «wakashier» !
L’heure est grave, très grave même ! Le monde entier a les yeux braqués sur nous. Les problèmes s’accumulent. Et les solutions, vous n’en avez pas. Le citoyen a besoin de respirer, reprendre confiance dans son pays et d’assurer son avenir.
Le plus simple serait que vous dégagiez le plancher. Rendez le tablier. Laissez le peuple décider. Le plus vite serait le mieux, pour vous, pour la nation et pour le pays. À bon entendeur, salut.
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