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Pour un tirage au sort des gouvernants
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Pour un tirage au sort des gouvernants
«Pour moi, démocratie et suffrage universel, c’était un pléonasme. Erreur. Le seul mécanisme démocratique, c’est le tirage au sort. Il servait chez les Athéniens à assurer une rotation rapide et permanente du pouvoir. On désignait des représentants parmi des volontaires pour un an, non renouvelable.»
Étienne CHOUARD, extrait de «Libération» du 9 décembre 2005
C’est prodigieux qu’enfin des citoyens et, notamment, des journalistes comprennent et alertent les uns et les autres sur le fait que le processus démocratique passe par la condition sine qua non de la REFONTE DE LA CONSTITUTION. Et que son ÉCRITURE doit être confiée à l’ensemble des CITOYENS et non à une «élite» privilégiée qui ne défendra à travers ce texte que ses propres intérêts.
En effet, on ne peut pas être juge et partie. On ne peut donc PAS laisser la rédaction de ce texte fondateur aux SEULS gens qui ont exercé le pouvoir et qui rêvent de l’exercer à nouveau. En Afrique, il existe un adage qui dit : «Pour savoir où l’on veut aller, il faut savoir d’où l’on vient.»
Analysons donc ce qui s’est passé de par le passé et tirons-en les bonnes leçons.
Ce furent essentiellement des juristes (pour ne citer qu’eux…) qui rédigèrent les textes constitutionnels et ce sont bien trop souvent les mêmes qui se retrouvaient au pouvoir. De fait, il faudra donc veiller à ne pas réitérer ces mêmes erreurs. Je vais m’en expliquer un peu plus loin.
Mais j’aimerais avant tout revenir sur un point qui me paraît crucial. En effet, à côté de cette prise de conscience salvatrice quant à la rédaction de cette nouvelle Constitution, il est à déplorer que la majorité des citoyens ne comprenne toujours pas que l’ÉLECTION (rien à voir avec le vote, ce sont bien deux choses profondément différentes) est le processus le plus ANTIDÉMOCRATIQUE qui soit. Ceci est tout simplement DRAMATIQUE !
En effet, quand il y a élection, quand bien même le suffrage n’est-il pas censitaire mais bien universel, il y a une similitude quasi parfaite entre la courbe des passages médiatiques et la courbe des résultats électoraux. Ceci est prouvé et démontré de par le monde par de nombreux politologues.
En clair, plus on passe dans les médias, plus on a de chance de gagner des élections. Et qui dit passages médiatiques dit forcément moyens financiers. Car les médias sont détenus en majorité par des groupes privés. Même s’il est vrai que certains diront qu’il existe des médias publics, leur neutralité est à démontrer, mais ceci est un autre grand débat...
On a donc alors affaire à des politiciens professionnels plus soucieux de leur carrière que du fait d’assurer leur mission de service public. Comme on l’a dit, ils se doivent d’être financés pour leurs campagnes électorales pour gagner des élections. Le financement des partis occasionne d’ailleurs systématiquement des malversations. En France, M. Sarkozy devra tôt ou tard répondre du financement lybien de sa campagne. M. Macron a, quant à lui, bénéficier de toutes les couv’ possibles avant son élection grâce à ses amis Bolloré et Dassault.
Ces gens-là in fine ne rendent bien entendu des comptes qu’à ceux qui les ont financés et non à ceux qui les ont élus. Nous ne sommes donc pas en démocratie (en grec demos= peuple, kratos= pouvoir) mais en ploutocratie (ploutos= riches).
Ce sont donc bien ceux qui ont les moyens financiers qui accèdent, en tout état de cause, au pouvoir.
Sans compter que dans le système tel qu’il est conçu actuellement, ce sont les lettrés, le plus souvent, qui accèdent aux plus hauts postes de responsabilité du pays et que, dès le départ, ces derniers bénéficient de plus de facilités pour débuter dans leurs vies. Il y a bien évidemment et heureusement des exceptions à cela, qui confirment la règle comme dirait l’autre, mais ceci reste très marginal.
Cf, les études sociologiques qui analysent les catégories socioprofessionnelles des parlementaires qui composent le corps de la plupart des assemblées parlementaires dans le monde entier. Il se trouve que ce sont le plus souvent des avocats et des médecins.
L’ensemble de la population n’étant pas constituée que de médecins et d’avocats, il n’est évidemment pas normal qu’une assemblée parlementaire censée représenter la population dans son ensemble regroupe dans sa grande majorité des citoyens issus de ces corps de métiers.
Voilà pourquoi la Constitution doit être rédigée, comme je le soulignais plus haut, par une majorité de citoyens lambda. Grâce essentiellement à ce que l’on appelle l’éducation civique mais surtout l’ÉDUCATION POPULAIRE, à travers l’établissement d’ateliers de rédaction de la Constitution dans tous les endroits possibles et imaginables : écoles, universités, maisons de quartier, maisons des jeunes, clubs, programmes télé, pourquoi pas au moyen de jeux télévisuels éducatifs, etc. Tout le monde a du bon sens quand on le prépare correctement. Tout le monde a les capacités de pouvoir prendre les bonnes décisions quand il le faut. En tout cas, une grande majorité des citoyens est potentiellement capable. Ceci n’est pas réservé exclusivement à une certaine élite de la société qui s’est souvent autoproclamée comme telle.
Il faut que soit inscrit dans le marbre de cette Constitution le TIRAGE AU SORT des citoyens (volontaires) pour l’exercice des pouvoirs. En d’autres termes, c’est ce que certains appellent la stochocratie (stokhastikos= conjectural, aléatoire ). C’est de mon point de vue les règles qui doivent être fixées pour que la démocratie puisse réellement exister. Ce furent les règles qui existaient dans la démocratie athénienne, qui nous sert du reste de base encore aujourd’hui.
Avec, bien entendu, des organes de contrôle dont fait mention le journaliste Nad Sivaramen dans son édito du 15 septembre 2020. Car d’aucuns diront que ce faisant, il y aura un grave risque d’incompétence de certains citoyens. Je voudrais dès à présent répondre à ces personnes que, si le nombre de diplômes sur les CV des dirigeants avait pu garantir que l’humanité entière soit correctement gouvernée depuis des siècles, ça se saurait…
Le tirage au sort se passerait exactement comme on le fait pour des membres d’un jury de cour d’assises qui décide de la vie de femmes et d’hommes. Personne ne remet en question la capacité des personnes tirées au sort pour faire ce travail pourtant crucial et bien souvent définitif pour les gens qui sont condamnés.
Donc, à l’instar de ces enceintes juridiques, et alors que ces citoyens ne sont pas plus juristes que les magistrats de la cour, ils seront obligés de faire leur travail exécutif pour la population durant un mandat court et non renouvelable (dont la durée sera à déterminer) et devront rendre des comptes en cours de mandat (et non pas à la fin) à l’ensemble de la population au regard de leurs engagements qui auront d’ailleurs été pris en conformité avec les différents groupes de travail sur les questions abordées à la requête de la majorité de la population.
Bien évidemment, les questions essentielles devront être VOTÉES par la population au moyen des RIC (référendums d’initiatives citoyennes ou RIP, référendums d’initiatives populaires). Après avoir abordé de manière transversale les thèmes les plus essentiels, toujours par l’éducation populaire, pour que la population puisse voter de façon éclairée et répondre à des questions dont ils comprennent les enjeux.
Bien entendu, les aspects techniques de certaines lois doivent être confiés à des experts de la question. Il faudra donc une infinitésimale dose de représentativité à certains niveaux. Mais toujours avec des organes de contrôle composés de citoyens tirés au sort pour qu’il n’y ait pas de problèmes relatifs au processus démocratique dans les prises de décision de ces experts. Il faut également des mandats révocatoires aux référendums pour écarter le groupe de citoyens qui aurait fauté.
C’est en mettant en place ce type de processus démocratique que selon moi l’on se préservera des nombreux et délétères conflits d’intérêts que nous avons connus depuis de nombreuses années.
L’élection est un processus antidémocratique, pour l’auteur, car les élus ne rendent de comptes qu’à ceux qui les ont financés, pas au peuple.
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