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Le prix d’un système sans fusibles
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Le prix d’un système sans fusibles
Il n’y a aucun moyen de confirmer directement ce que le Premier ministre (PM), M. Pravind Jugnauth, a dit exactement à la réunion de ses troupes de parti au Sun Trust Building samedi dernier puisque nous n’y étions pas et qu’il n’y a pas de vidéo de cette réunion.
Cependant, le Week-End de dimanche dernier aura été informé de l’intérieur par un de ceux qui étaient présents et une phrase citée m’est restée en travers de la gorge. Il s’agit de celle-ci : «Inn siport zot, dépans 15 milion sak banané ek bizin asizé (Père Laval) pou tann tousala». Il faisait référence à une liste de critiques et de problèmes dans le discours du cardinal Piat, liste à laquelle il ne s’attendait manifestement pas. Cette phrase n’a pas été dénoncée depuis et elle révèle une bien triste réalité, puisqu’elle suggère, assez directement, qu’ayant dépensé Rs 15 millions pour le pèlerinage vers le caveau du père Laval cette année encore, le Premier ministre du pays s’attendait à n’y recevoir aucun reproche lors de sa propre visite. Ce qui équivaudrait à dire qu’il considérait avoir acheté le silence du cardinal ?
Si j’étais PM, j’aurais dénoncé, si je le pouvais, cette phrase rapportée, au plus vite. Car elle est insultante pour sûr, tant pour lui que pour le cardinal Piat et si elle est maintenue, elle serait révélatrice du fait que nous sommes dirigés par quelqu’un qui croit que tout est achetable, ce qui serait catastrophique pour l’exemple et donc pour le pays. Remarquez que ce ne serait que le frère jumeau de l’attitude qui punit systématiquement les hommes, les journaux, les radios et les institutions libres quand elles choisissent de garder leur libre arbitre et leur indépendance d’esprit, même si cela leur coûte.
Il me semble tout de même important de rappeler, encore et encore, que la «démocratie vivante» que nous prétendons être (discours télévisé du PM le 31 août) est fondamentalement désavouée par certaines paroles et certains comportements et que ces derniers vont inévitablement et continuellement donner de l’oxygène à la rue et aux oppositions.
Dans une «démocratie vivante», n’est-il pas nécessaire d’être mené par des démocrates ?
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L’arrestation de Bruneau Laurette lundi dernier est une aberration qui n’arrangera d’aucune manière les affaires du gouvernement.
Comment pouvait-on, dans l’atmosphère actuelle d’insatisfaction et de stress généralisé, qui aura, par ailleurs, directement mené aux manifestations monstres du 29 août et du 12 septembre, croire que l’on pouvait arrêter Bruneau Laurette pour une affaire déjà réglée ET espérer scorer des points avec cette arrestation ?
La police a beau insister que l’émission d’un chèque en bois reste une offense, même si ledit chèque a, depuis, été réglé à l’amiable entre-temps, le 17 juillet pour être exact ; ça pue un troublant excès de zèle qui relève de la mauvaise foi, d’autant que la déposition faite pour ledit chèque est datée du… 16 septembre et qu’elle a été enlevée depuis ! Il est vrai que le précédent de 2012 n’arrange en rien, mais que les vrais anges lèvent non pas le poing, mais la main ! L’express rapporte à ce propos que le gérant d’Azur Car Rental à qui Laurette aurait remis un chèque en bois de Rs 8 000 a évoqué des pressions et de «larzan… fané» autour de lui. La déposition du 16 septembre tenait-elle toujours au moment de l’interpellation ? Un scénario rocambolesque qui ne fait aucunement honneur à la police et qui fait immédiatement penser, une fois de plus, à ce que «lord finn sorti pli lao». Ce qui expliquerait aussi pourquoi il est si difficile d’interroger un proche du pouvoir «without fear or favor» ?
Si la police est devenue, à ce point, l’antichambre du MSM, selon la formule de Xavier-Luc Duval, la «démocratie vivante» décrite par Pravind Jugnauth a vraiment une drôle de gueule et nous n’en avons pas fini d’en voir. Et eux d’avoir à digérer de nouvelles listes noires et de continuer à nous entendre, dans la rue.
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La descente des lieux de l’ICAC à la Swan, plus de quatre ans après les faits a, a priori, vraiment peu de chance objective de trouver des documents compromettants et pour cette raison, suscite questionnement. Une des hypothèses qui circulent allègrement, c’est que l’on a voulu ainsi «passer un message», ou plus vertement «mettre un cracking» à un secteur privé qui se rebiffe un peu et qui questionne.
On ne saura jamais si c’est vrai, mais ce qui est certain, c’est que dans un système où les dirigeants politiques veulent tout savoir et tout contrôler et où le MSM en particulier en a fait une fixation, il est une conséquence à laquelle on n’échappe pas, qui est celle d’être inévitablement responsable de tout ce qui se fait, y compris de tout ce qui se passe mal !
En effet, un des grands avantages d’un système décentralisé avec des institutions perçues comme étant libres et indépendantes, parce qu’elles le sont effectivement, c’est que le Primus inter pares a de vrais fusibles à sa disposition. Par contre, dans notre système super centralisé qui contrôle tout ou à peu près, il est désormais plus que probable que tout ce qui dérape est de «SA» faute ! Pour le naufrage catastrophique du Wakashio, pour le Sir Gaëtan qui coule, pour l’arrestation de Laurette, pour la loi Hofman ou la clause 46 de l’ICTA, pour l’achat de masques ou de respirateurs, pour un permis de foire, pour une licence de plaisancier, pour la nomination de Mme Boygah, pour un «landing» à la Swan, pour… C’est le PM, à travers le PMO ou sa Kwizinn, qui sera toujours montré du doigt pour tout ce qui se passe, qui apparaît être «hors normes» ou qui est franchement inapproprié.
À la question «Kot mo finn foté?», un Premier ministre en système décentralisé peut, au maximum, faire son mea-culpa sur le choix du responsable de l’incident ou de la crise, et cela, seulement si ce responsable a été son choix personnel et le zapper. Dans un système tout contrôlé, tout centralisé, la responsabilité de toutes les bêtises a tendance à remonter au chef suprême.
Qu’elle soit réelle ou pas, cette responsabilité-là, il y a définitivement un prix à payer pour l’omnipotence !
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