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Les bonnes nouvelles
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Les bonnes nouvelles
Une vraie bonne nouvelle que nous devons à RFI en début de semaine : l’Europe va manquer de sucre en 2020-21, avec une récolte betteravière calamiteuse en France, due à la sécheresse et à des pucerons suceurs qui ont… très soif. En effet, l’ironie écologique est que ces pucerons ne sont plus détruits par les néonicotinoïdes qui les contrôlaient jusqu’en 2018, mais qui ont été bannis depuis en Europe, pour ne pas nuire encore plus aux abeilles pollinisatrices !
C’est une bonne nouvelle (temporairement) (*) car la France est le premier producteur européen de sucre de betterave et qu’en conséquence, 2,6 millions de tonnes de sucre devront être importées par l’UE au cours des 12 prochains mois, soit 30 % de plus que l’an dernier, année où Maurice exportait déjà 200 000 tonnes.
«La prochaine fois que vous serez face à une mauvaise nouvelle, philosophez un peu et cherchez la bonne nouvelle ! Elle sera là, même si elle vous paraîtra diablement bien cachée !»
Reste les prix qui ne sont toujours pas brillants, malheureusement. Depuis le dernier creux de 2002 (0,05 cent/lb), la situation s’est quelque peu redressée (0,13 cent/lb). Mais même s’il y a eu un deficit de production mondiale ces deux dernières années, les stocks mondiaux (44 millions de tonnes) restent énormes et les prix de l’éthanol n’arrivent pas à compenser un certain degré d’érosion de la demande sous la poussée de lobbies diététiques.
Mais vous avez sûrement remarqué comment la bonne nouvelle de l’un est la mauvaise nouvelle de l’autre ? C’est un phénomène très fréquent.
Prenez la CSG. La bonne nouvelle, c’est que les retraités, en 2024, vont toucher Rs 4 500 de plus. Cependant, ce faisant, c’est celui qui travaille dans le secteur privé et son employeur qui vont payer (l’État, grâce aux contribuables du privé, va payer pour l’employé du secteur public !). C’est surtout le cas du secteur privé qui s’est évertué à créer des emplois bien rémunérés, alors que vers 2026, il aura clairement à payer encore plus pour équilibrer les comptes, puisque la CSG, c’est de la gestion opaque et à courte vue…
«La bonne nouvelle de l’année, c’est que le confinement nous a débarrassés de tous les cas indigènes de covid-19, dont le dernier qui remonte au 26 avril»
Nous avons tous été passablement émoustillés par le fait qu’après la période de confinement, de nombreuses personnes, ayant fait l’éloge de l’autonomie alimentaire du pays, se sont effectivement mises à produire, qui dans des champs, qui dans leur propre arrière-cour. Cette apparente bonne nouvelle a elle-même engendré une baisse des prix des légumes et même des œufs. Malheureusement, à ces prix-là, il y a une mauvaise nouvelle à assumer : les cultures commerciales sont parfois restées dans les champs, suggérant même qu’il y aura de fortes hésitations pour replanter, ce qui augure des prix bien moins doux à l’avenir…
La bonne nouvelle aussi avait été le ministre Maudhoo qui, le 18 août au Parlement, révélait, à son initiative, les premiers tests sur les poissons et autres fruits de mer récoltés dans les lagons affectés par les fuites d’huile lourde du Wakashio. Pour rappel, ces tests révélaient de l’arsenic à 5 à 7 fois le taux permissible et, parmi les métaux lourds, du cadmium à 30 % au-dessus du taux limite. Il était alors félicité pour sa prompte transparence. La mauvaise nouvelle engendrée en conséquence ? Il n’y a eu aucune analyse de révélée depuis ! Ce qui est d’ailleurs aussi le cas pour les autopsies faites sur les dauphins d’Electre, dont les cadavres ont été ramassés depuis fin août dernier. La seule référence indirecte a été celle aux éléphants qui mouraient, ayant ingurgité des cyanobactéries au Botswana (**). À ce taux, pourquoi ne pas invoquer le million d’humains morts du coronavirus tant qu’on y est ?
La bonne nouvelle de l’année, c’est que le confinement nous a débarrassés de tous les cas indigènes de Covid-19, dont le dernier qui remonte au 26 avril. En conséquence, depuis la fin du confinement, le 1er juin, nous circulons librement, pouvons aller au restaurant ou à la mer et faire «nos petites affaires». Si le maintien des gestes barrières reste bienvenu, ne serait-ce que pour établir une routine prudente vis-à-vis de toutes les maladies contagieuses, tant présentes qu’à venir, la très mauvaise nouvelle a été une frilosité anormale vis-à-vis de l’ouverture des frontières, ce qui garde l’industrie touristique et para-touristique (qui fait pourtant 24 % du PIB et plus de 100 000 emplois directs et indirects), à genoux, la tête reposant gentiment sous la guillotine… attendant… attendant.
La bonne nouvelle, c’est que St Louis Gate, les cas d’approvisionnements douteux de masques, de médicaments et d’EPI, les cas Sumputh et Choomka, les achats d’Angus Road et beaucoup d’autres cas sont à l’ICAC pour enquête approfondie. C’est aussi la mauvaise nouvelle.
La bonne nouvelle, c’est que, dans son discours aux Nations unies, le Premier ministre a dit sa profonde conviction que «en tant que dirigeants, nous (les dirigeants nationaux) devons être attentifs aux frustrations des citoyens dans la rue». Une meilleure nouvelle encore, ce serait de passer aux actes, d’arrêter avec le népotisme systématique, d’être transparent sur les affaires de l’État, de ne pas gaspiller inutilement, d’offrir des chances égales à tous, de cesser de punir bêtement tous ceux qui ont des opinions libres différentes. Puisqu’il faudra bien évidemment fédérer pour avancer, par ces temps très difficiles qui le seront encore plus, très bientôt.
La bonne nouvelle, c’est l’appel à l’unité nationale. La mauvaise, ce sont les organisations sectaires qui morcellent la population au lieu de l’unir et chez qui on va le proclamer. La bonne nouvelle, ce sont des marches de protestation qui sont restées totalement pacifiques et qui véhiculent des demandes légitimes, inclusives et nationales. D’ailleurs, l’autre bonne nouvelle, c’est que le BLD n’a aucune raison d’être si le challenge des pétitions électorales ne prospère pas – légitimement s’entend – et si le gouvernement, ayant assimilé les frustrations des citoyens, change de cap et fait bien mieux qu’à son ordinaire !
Si c’est encore possible !
Quant à vous, cher lecteur, dans une parfaite image inversée, la prochaine fois que vous serez face à une mauvaise nouvelle, philosophez un peu et cherchez la bonne nouvelle ! Elle sera là, même si elle vous paraîtra diablement bien cachée !
L'édito paru cette semaine dans Business Magazine
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