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Sans unité et efficacité de l’opposition, PKJ à la tête du pays jusqu’en 2029

3 octobre 2020, 10:21

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Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) a battu à la fois Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval aux élections de 2019. Impressionnant exploit pour quelqu’un affublé affectueusement du sobriquet de Pinocchio (ou tout simplement, Pinok, dans la belle langue créole), c’est-à-dire une marionnette fabriquée par son papa.

PKJ dispose de cinq atouts majeurs pour rester au pouvoir jusqu’en 2029 :

  • Un immense trésor de guerre. L’affaire Angus Road prouve que la famille est imbattable dans l’art de lever des fonds. Les autres partis politiques sont battus d’avance si la culture d’asté-vandé aux élections n’est pas neutralisée.

 

  • Une power base dans la population et qui pèse de tout son poids dans les circonscriptions nos4 à 14

 

  • Une importante frange de la population connue comme des Senior Citizens qui ont été appâtés par des augmentations de pensions de vieillesse

 

  • Le soutien effectif, efficace et déterminant, d’un homme de religion qui lui procure des votes en dehors de son Hindu-belt et

 

  • Les divisions probablement irréconciliables dans les rangs de l’opposition.

L’exploit de PKJ en 2019- si on fait abstraction de possibilité de fraude aux urnesest expliqué par le système électoral et la division des partis opposés au MSM. Car il n’est pas nécessaire de rallier une majorité de voix pour remporter un siège dans le cadre du système appelé first-past-the-post (FPTP). Il suffit d’avoir une voix de plus que son adversaire direct. Ainsi, malgré ses 37% des voix contre 33% pour l’alliance Ramgoolam-Duval et 21% pour le MMM, le MSM enleva 38 sièges sur 60 (en excluant Rodrigues) contre 14 à l’alliance PTr-PMSD et huit au MMM. Quatre points de différence pour voix récoltées entre le MSM et le PTrPMSD mais 24 sièges de plus pour le MSM et son allié croupion.

On ne sait toujours ce qui va se passer quand les pétitions électorales (enfin !) seront entendues devant la Cour suprême mais si on parvient à prouver qu’il y a eu fraude électorale, il serait tout à fait logique de conclure que le MSM a gagné avec definitemeent moins de votes que les 37 % officiels. Pour les méchants anti-MSM, le soutien pourrait même tomber à 20 %.

La puissance de feu financière dont dispose le MSM est vraiment foudroyante. En attendant qu’on soit fixé sur les transactions foncières entourant l’acquisition de propriété à Angus Road, il n’est pas difficile d’établir que le MSM a maîtrisé l’art de ponctionner les économiquement puissants tant à Maurice qu’à l’étranger.

Si l’opposition est divisée, il n’est pas impossible que Pravind Jugnauth remporte encore les élections de 2024 et reste au pouvoir jusqu’en 2029. Il est soutenu par un hardcore déterminant dans les régions rurales et jouit de l’action énergique d’un prêtre qui joue au rabatteur (ou choule, mot tamil, adopté dans le parler mauricien, prononcé comme choula en bhojpuri) pour lui procurer des votes supplémentaires. Dans les traditions de notre pays, ce rôle de choula, les chiens aidant, est joué par le subalterne qui pousse le cerf vers la ligne de tir du grand-missié perché sur un mirador. C’est loin d’être un défi de kas montagn pour le prêtre. Il lui suffit de faire «virer» quelques centaines de voix vers certains candidats dans des circonscriptions marginales. Les résultats des élections de 2019 dans les circonscriptions nos1, 4, 14, 15, 16, 17 et 19 prouvent justement que le choula a ajouté sa part à l’apport du Hindu-belt pour assurer la victoire du MSM.

Le «yen» de la division dans les rangs de l’opposition est visiblement là. Des trolls opérant pour le compte du MSM sont d’ailleurs super actifs, tentant d’exacerber des divisions entre les partis de l’opposition et à l’intérieur mème du Parti travailliste. Il reste à déterminer qui sera le Premier ministre, qui le vice-Premier ministre, qui le président si les partis d’opposition se mettent d’accord pour renverser Pravind Jugnauth, soit suivant le verdict de la Cour suprême, soit à l’échéance de 2024.

Plus les partis de l’opposition tardent à trouver la bonne formule pour cimenter leur alliance, plus le temps jouera en faveur de PKJ.

Si le MSM reste imbattable dans la mobilisation des fonds et dans le business de faire des promesses auprès des Senior Citizens, les trois autres atouts de PKJ pourraient être neutralisés par une action combine des forces de l’opposition. Le Parti travailliste devrait nécessairement marginaliser le MSM dans le Hindi-belt et tous les partis devraient sévir contre tout braconnage, avec ou sans choule, sur leur territoire. Faute d’une telle synergie, PKJ est appelé à gérer le pouvoir jusqu’en 2028.