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Vœux pieux
Vœux pieux ! C’est la réponse à notre interrogation du 21 novembre dernier. Ce jour-là, saluant «tant de saine émulation des villageois à se prendre en main, plutôt que d’être éternellement dépendants de politiciens professionnels…», l’invitation était lancée à travailler tous ensemble, perdants et gagnants éventuels, pour un but commun à tous au village. L’interrogation fusait alors «Vœux pieux ou devenir prophétique ?»
Vœux pieux !
Les élections furent vives et réussies, mais les résultats furent, malheureusement, rapidement mis sous la loupe déformante de l’analyse politique. Telle liste était présentée comme étant «proche de l’opposition», telle autre liste ou élu comme étant «proche du pouvoir». Tout relève-t-il vraiment des partis ? À chaque fois qu’on le croit, on torpille pourtant son pouvoir de citoyen libre. Les hommes des médias ont leur responsabilité engagée dans cette glissade vers l’outrancièrement politisé. Je ne comprends pas et je ne succomberais jamais à cette maladie qui consiste à saborder sa liberté d’homme et son libre arbitre, les subjuguant à ce que l’on soit d’un camp ou d’un autre. Le seul camp qui compte est celui du pays, de ses citoyens et de certaines valeurs universelles ! Tant que nous n’aurons pas compris cela, nous demeurerons une démocratie un peu veule, un peu couille molle, cherchant désespérément à s’agglutiner au pouvoir pour tenter d’en tirer un bénéfice quelconque. Un peu comme on espérait, à l’époque, s’attirer quelque bénédiction en frottant vigoureusement son mouchoir sur les vénérables ossements de quelque saint…
C’est ainsi que la vague de vote estimée «anti gouvernement» des premiers jours se transforme en une solide majorité de 6 sur 7 des conseils de district quelque temps plus tard ! Il ne faut probablement même pas jeter la pierre. Ils ne sont pas tous achetés. Certains même vont arguer que c’est de cette seule manière que les villageois verront quelque «développement». Quelle pitié ! Il faut donc simplement constater que la descente aux enfers de notre démocratie est aujourd’hui de plus en plus aggravante ; le pouvoir aspirant, de plus en plus avidement, à TOUT contrôler, y compris la dignité qui découle de l’indépendance d’esprit et à diviser, de manière démoniaque, selon que l’on soit «nou bann» ou pas.
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Aucun journal n’en a fait état, mais KCRANZE n’en a pas moins été un des trois documents annexes présentés par le Premier ministre dans sa plainte pour diffamation de Rs 25 millions dans l’affaire Angus Road ! Pourquoi donc ? On ne le saura pas de sitôt, puisqu’il n’en est même pas fait mention dans la plainte… Le KCRANZE du 8-9 novembre paraissait plutôt bon enfant, pourtant. Cependant avec l’Angus Road et les plaintes (et menaces de plainte) qui vont avec, dominant l’actualité, le souci n’est pas tant la plainte elle-même, mais ses conséquences phagocytaires sur le temps du Premier ministre et ce qu’il peut, dès lors, encore consacrer comme attention à gérer le pays et ses problèmes réels. C’est vrai qu’il a des ministres pour les affaires courantes, mais ce ne sont pas les problèmes qui manquent et dans un État aussi centralisé que le nôtre, rien ou presque ne se décide si le patron ne dit pas «oui». Je ne sais pas si c’est aussi centralisé qu’à l’époque de Ramgoolam qui surveillait apparemment tant le dossier d’achat d’avion que le contenu du menu d’Air Mauritius, mais ça en a tout l’air. Sauf que l’on ne mange plus à Air Mauritius…
Entre la roupie qui glisse, qui glisse et qui va inévitablement impacter l’inflation ( -9,2 % face au dollar, -18,3 % face à l’euro, -15,6 % face au dollar australien, -11,2 % face au sterling, mais on tient, par contre, solidement tête face à la roupie seychelloise, +29,1 %, Dieu merci !), le déficit budgétaire qui enfle, le tourisme en panne, la sécheresse, la drogue, le 24/7 redéfini, le déficit du compte courant qui se creuse (selon Fitch, à 11,4 % en 2020 et 8,8 % en 2021), des exportations plutôt blêmes, une CSG contestée, les séquelles du Wakashio à venir, une liste noire aussi collante et incommodante qu’un papier toilette traînant sous la chaussure du Donald ; il n’y a aucun doute que la priorité du jour c’est de contrôler les conseils de district et de foutre des procès à la ronde plutôt que de soumettre ses preuves au tribunal de l’opinion publique ! Vœux pieux !
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La politique partisane, c’est un fait et cela n’existe pas qu’ici. Mais Donald J Trump, président sortant des États-Unis, aura, lui, contre une tradition démocratique solidement établie, tenté le tour de force de kidnapper l’État américain et de le mettre tout entier à SON seul service personnel. Tout comme cela se passe dans les «shit hole countries» qu’il trouvait tellement désolants au début de son mandat ! Sous Trump, le département de la justice ne s’occupait plus seulement de défendre les États-Unis et l’état de droit, mais aussi des desiderata et des fixations personnelles du Président. Chris Krebs, responsable de la cyber sécurité des élections américaines, dit que ces dernières sont les plus sécurisées de l’histoire ? Il est viré, puisque cette vérité ne convient pas à Donald Imperator. Comme ne convient pas l’attitude des gouverneurs républicains qui certifient le bon résultat des élections en Géorgie, au Wisconsin ou dans l’Arizona. Dans la logique reptilienne de Trump, un gouverneur républicain lui doit allégeance comme président républicain et doit donc obéir à ses ordres, ce qui, dans ce cas, consistait à ne pas certifier la victoire de Biden et, au contraire, à changer les grands électeurs… en SA faveur ! En cela le narcissiste Trump essayait sûrement de reproduire, aux États-Unis, l’absolutisme de Poutine, de Xi, de Mswati III, d’Afewerki ou de Kim. La même tentation a occupé, chez nous Ramgoolam, puis Jugnauth qui ont systématiquement fait converger tous les pouvoirs vers leurs mains avides et moites. Aux États-Unis, ils vont quand même mieux respirer le 20 janvier. À Maurice, c’est moins sûr…, car vœux pieux ou pas, les ténèbres n’apprendront malheureusement jamais comment chasser les ténèbres…
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La sécheresse est terrible à Maurice. Comme pour les années précédentes. Les réservoirs sont à moitié vides à cette époque. Tous les ans, c’est pareil. Un sévère programme de coupures est en place depuis début décembre. Comme tous les ans. Nous en sommes toujours au point où l’on fait ces coupures non pas seulement pour que l’on consomme moins, mais surtout pour que l’on réduise les pertes d’eau dans les circuits de distribution ! En effet, quand la CWA injecte 1 000 m3 d’eau, elle «perd» 635 m3 dans ses tuyaux… Les coupures assèchent les pertes…
Nous pataugeons dans ce problème depuis des années, sans solution. Il est vrai que la promesse électorale du 24/7 est un peu plus difficile à concrétiser que de payer une pension de vieillesse à Rs 9 000, du jour au lendemain, puisque dans le 1er cas il faut réfléchir, étudier, choisir puis travailler pour, alors que dans le deuxième il suffit apparemment d’une caisse à savon et d’ajouter une ligne de plus aux Estimates…
Contrat d’affermage, augmentation de prix, dessalement, nouveaux réservoirs, détection de fuites puis remplacement de la tuyauterie*, punition des voleurs d’eau, tout cela a déjà été évoqué. Parfois même partiellement appliqué, comme les Rs 2,8 milliards de nouveaux tuyaux depuis 2014. Rezilta : Naiba !
Par contre, Madagascar tente du neuf : ils ensemencent des nuages ! Cela a démarré ce mois-ci, dans le Sud, au tarif de 10 millions d’Ariary pour un vol de bimoteur (Rs 105 000). Les résultats ne sont pas connus. La nouvelle est de RFI. On pourrait essayer, peut-être, en regardant les nuages gras et presque noirs de ces derniers jours, qui ne crachent pourtant leur eau qu’avec retenue ?
* https://news.stanford.edu/2020/02/27/betterway-detect-underground-water-leaks/ - :~:text=The%20 researchers%20built%20upon%20a,%E2%80%9Cwater%20 hammer%2C%E2%80%9D%20propagates.
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