C’était un 8 décembre, il y a 40 ans, que John Lennon fut assassiné. Pour ceux de ma génération, ce fut un choc terrible. D’autant plus que son assassin, Mark David Chapman, avait, quelques heures plus tôt, personnellement rencontré Lennon qu’il avait convaincu d’apposer une dédicace à son dernier album ! Chapman, condamné à la prison à vie, avec un minimum incompressible de 20 ans, pourtant «fan» de Lennon, n’avait apparemment pas beaucoup apprécié les paroles de la chanson-fétiche… «Imagine» ! 

Aussi, imaginez un pays sans népotisme, sans jobs réservés pour leurs «boys and girls», sans contrats bidonnés menant à des achats sans «dilwil dan les zorey’» de personne, à des prix plus raisonnables, à des respirateurs qui respirent… 

Imaginez un État efficient, productif, qui s’investit dans l’amélioration constante de ses services, où les équipements tomberaient moins en panne, où l’on n’investirait plus en dépit du bon sens ou seulement pour gagner des élections… 

Imaginez un pays qui vit dans la transparence, où les institutions qui doivent être libres, le sont, où les hommes à qui celles-ci sont confiées le sont aussi ; inoculées contre la basse partisanerie et à l’abri des visières à géométrie variable. 

Imaginez un secteur privé certes motivé par le profit, mais tempéré par l’empathie et l’esprit de solidarité, disposé à partager ses gains de productivité, engagé à défendre, en première ligne, principes et valeurs fondamentales quand il le faut. 

Imaginez ensemble un pays moins sale, moins pollué, avec des lagons requinqués et des rivières ne charriant plus des déchets. Imaginez le sans plastique, le bien plus de recyclé, l’énergie non polluante à grande échelle. Imaginez investir dans le beau, l’esthétique… 

Imaginez des hommes politiques plus hommes d’État que caniches de partis, moins mesquins, moins petit esprit, élargissant l’espace démocratique plutôt que de nous le voler, une petite bouchée à la fois. 

Imaginez un pays où les titres des médias et la conversation de la population ne seraient plus centrés autour de malversations diverses, de crimes sordides, de corruption éhontée, de vol, de viol, d’arnaque, de mensonge… 
Imaginez une population qui a, en conséquence, confiance dans ses dirigeants et dans les institutions de son pays, une population moins crispée, plus sereine ; moins rétive, plus disciplinée ; moins tire-au-flanc, plus disposée à un parcours d’apprentissage et d’effort. Une population moins «chacun son bout» et encore plus solidaire. 

On pourrait peut-être alors trouver un moyen pour réfléchir intelligemment aux vrais problèmes de l’avenir, tous ensemble, toutes couleurs politiques confondues ; embellir encore plus le pays ; donner un toit aux squatteurs qui vivent encore sous des tentes ; susciter l’innovation ; transfigurer notre système éducatif ; attirer plus d’investisseurs dans de l’activité productive ; chanter, pour changer, les louanges de nos investigations policières et ne plus avoir besoin de celles du PM ; ne plus se retrouver sur la liste noire de quiconque ; dynamiser et étendre les exportations ; favoriser la pension de vieillesse à ceux qui en ont vraiment besoin ; devenir un exemple mondial de convivialité sociale et écologique… 

Vous pourriez dire que je suis un rêveur. Mais je suis loin d’être le seul. 

J’espère qu’un jour, ils verront tous clair… 

Et que notre pays trouvera alors sa voie !

L'édito paru cette semaine dans Business Magazine