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La reine sobre et le roi soleil

30 janvier 2021, 07:09

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Angela Merkel, qui dirige la première puissance européenne, prépare sa sortie de scène politique. Un événement de plus en plus rare, que l’on se doit de saluer: après 16 ans au pouvoir, la «chancelière éternelle» part la tête haute, applaudie par la majorité des 80 millions d’Allemands. L’usure du pouvoir, propre aux dirigeants de plusieurs pays (dont ceux ayant dirigé Maurice), n’a manifestement eu aucun effet sur elle.

Merkel, née le 17 juillet 1954 à Hambourg, est restée accrochée aux principes et valeurs qui lui sont chers depuis qu’elle s’est engagée en politique: une large et profonde connaissance des enjeux de bonne gouvernance, un réalisme politique, un engagement sincère et sans détour en faveur du service public et de la dignité humaine, un détachement des biens qu’elle aurait pourtant pu accumuler. Elle a choisi de vivre pleinement sa vie politique, mais simplement, sans opulence.

C’est sans doute ce qui explique la douce mélancolie qui s’installe dans les coulisses des relations internationales depuis l’annonce de sa retraite. Dans les forums internationaux, sa prestance, son sérieux et son pragmatisme vont manquer. Elle sait parler un langage de vérité; les dirigeants du monde entier la respectent beaucoup pour cela, eux qui souvent pratiquent la langue de bois ou qui brandissent le secret d’État.

Merkel est parmi ces dirigeants qui brillent en temps de crise. En 2008, la crise financière la propulsait en tête des sondages. Aujourd’hui, la pandémie consolide sa place de choix dans le cœur de ses concitoyens, qui ont l’impression qu’ils sont entre de bonnes mains. Certes, il y a eu des critiques aussi. Par exemple, Merkel est souvent pointée du doigt pour son manque de vision globale ou de leadership sur la scène internationale: elle est moins charismatique qu’un Emmanuel Macron, moins flamboyante qu’un Boris Johnson, bien plus discrète dans sa gestuelle qu’un Obama ou un Narendra Modi. Sa capacité à garder la tête froide malgré les pressions lui donne cette aura rassurante, comme une mère de famille apaisée, qui a promis de protéger sa famille de la barbarie qu’elle a connue sous le régime nazi. Sa longévité – elle a connu quatre présidents américains et quatre présidents français – n’a fait que prolonger sa légende.

Lors d’une conférence de presse, à ses débuts, une journaliste l’interroge: «We notice that your suit is repeated, don’t you have another?»

La réponse de Merkel a fusé et a frappé les esprits depuis: «I am a government employee and not a model!»

Contrairement à bien d’autres dirigeants, Merkel n’a pas une propriété démesurée, avec des piscines et aires de jeux de taille olympique, elle n’a pas placé ses proches dans des postes de responsabilité, elle fait elle-même le ménage dans le petit appartement qu’elle partage avec son mari.

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C’est définitivement la vidéo à regarder sur YouTube: l’immense palais de Vladimir Poutine, près de la mer noire. Le document a été posté par l’équipe du principal opposant du régime de Poutine, Alexei Navalny – qui est en détention à Moscou après qu’il a survécu à un empoisonnement orchestré par les services secrets. Selon l’enquête, la propriété aurait coûté 1,37 milliard de dollars et aurait été payée «avec le plus gros pot-de-vin de l’histoire».

Le Kremlin nie que la propriété appartienne au président. À qui appartient alors ce château d’un autre temps, qui nous rappelle Versailles… Et un autre roi soleil?

Si Poutine est à l’opposé de Merkel, il nous rappelle, par contre, toutes proportions gardées, un petit tyran tropical à l’appétit gargantuesque, qui n’aime pas trop qu’on parle d’Angus Road…