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The New Vaish in town

9 février 2021, 07:15

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«Bodha a la possibilité d’offrir un nouvel espoir à la population», «Bodha a un rôle important à jouer», «Bravo Nando», «Bodha a eu raison de partir»...

Il s’avère un peu contrariant de lire certains commentaires des dirigeants politiques ou de certains observateurs patentés, qui voient en Bodha un «sauveur de la démocratie» sans, toutefois, pouvoir avouer le fond de leur pensée.

De la vingtaine de ministres du Cabinet de Pravind Jugnauth, pourquoi seul Nando Bodha aurait les capacités de rassembler une société civile grandissante, qui défie, sur la Toile et dans la rue, un gouvernement qui pique du nez, au gré des scandales ?

Si le peuple est, effectivement, «très en avance quant à ses attentes en matière de valeurs citoyennes, de bonne gouvernance et de démocratie», pour reprendre les termes du communiqué du ministre-sauveur démissionnaire, pourquoi, out of all people, Bodha serait-il, du jour au lendemain, devenu le messie inattendu et inespéré ?

Certes, il y a eu l’effet surprise ou de soulagement, qui vient prouver que la forteresse des Jugnauth n’est pas si solide qu’on nous l’affirmait, jusqu’ici, de l’intérieur. Certes, Nando Bodha n’est pas Roshi Bhadain, ou Sudhir Seesungkur, encore moins Avinash Teeluck ou Vikash Nuckcheddy, car il est dans les travées depuis le début des années 80, à la naissance du MSM – et ce, après avoir négocié un ticket, en 1982, avec le MMM au n°4 ; ticket qu’il n’avait pas eu à l’époque – et qu’il est devenu, au fil des alliances et des mésalliances, des départs et des arrivées, une colonne de l’empire Jugnauth. Certes, même s’il y a eu des parfums d’affaires liés aux bois de rose, moto-école ou contrats de son beau-frère Kailash Trilochun à l’ICTA, entre autres, Bodha n’est pas (encore ?) au centre de plus grosses controverses comme l’ont été, disons, Ravi Yerrigadoo, Showkutally Soodhun, Vishnu Lutchmeenaraidoo ou, plus récemment, Yogida Sawmynaden.

Mais la vérité politicienne, qu’il n’est pas convenable de dire ou d’écrire, c’est que Nando Bodha, outre ses qualités intrinsèques, est un Vaish, caste qui fait ou défait les Premiers ministres de notre pays. C’est la principale raison pour laquelle on l’a éloigné du centre du pouvoir, de peur qu’il ne fasse de l’ombre au fils soleil ; ou que ce dernier ne prenne ombrage.

Si le Vaish Bodha était écrasé au sein du MSM, en revanche, dans l’opposition, on l’accueille à bras ouverts. Surtout au sein du MMM, qui, d’Anerood Jugnauth à Ashock Jugnauth, en passant par Madan Dulloo, Pradeep Jeeha et Ajay Gunness, est toujours à la recherche du bon… Vaish, quand il n’est pas en train de faire du character assassination contre Harry Bodo dans le temps…

Il y a aussi ceux, qui ont de bonnes intentions et qui en ont marre de la dichotomie Ramgoolam-Jugnauth, et qui, aujourd’hui, saluent l’arrivée, sur l’autel de la realpolitik, de Bodha, car cela va permettre un nouveau partage du pouvoir Vaish.

Mais, sérieusement, nous rendons-nous compte que nous sommes en 2021, que le monde salue l’investiture de Kamala Harris aux États-Unis, et la nomination de la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l’Organisation mondiale du commerce. Ici, chez nous, on célèbre The New Vaish in town… Triste pays, n’est-ce pas ?