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A WAKASHIO-LIKE GM

11 février 2021, 12:27

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Sur le Titanic, on jouait de la musique sur le pont alors que le paquebot s’enfonçait. Comme si de rien n’était. Pour le MV Wakashio, un jour avant la marée noire dans le lagon cristallin de Pointe d’Esny, les autorités mauriciennes nous disaient qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Dans les deux cas, on a connu l’abîme. 

La réalité qu’on tente de nous cacher, cette fois-ci, à Maurice, c’est que le gouvernement traverse une crise, profonde et durable, depuis les dernières élections. Cette crise politique est grandement due à un déficit flagrant de leadership. Le Premier ministre n’arrivant manifestement pas à contrôler ses troupes, ce sont les institutions qui dérivent, à l’instar de la police, de l’ICAC, et la STC, pour ne citer que ces trois-là. 

Pour sauver la face, et pour les oreilles de la communauté internationale, l’on nous sert officiellement un discours glorifiant sur notre pays qui serait d’abord «Covid-free», puis «Covid-safe» – alors qu’il devient évident que tout le reste fout le camp, dont une bonne partie de l’économie (tourisme et offshore surtout) et, aussi, la moralité publique, avec un lot ininterrompu d’affaires qu’on repousse sous le tapis (St-Louis Gate, Angus Road, listes grise et noire, Banyan Tree, State Bank of Mauritius, Air Mauritius, etc.). 

Tout comme Ivan Collendavelloo et Nando Bodha, Yogida Sawmynaden démissionne du Cabinet, mais pas du Parlement. La nuance importe. Ce qui est un soulagement pour Pravind Jugnauth, dont l’équilibre parlementaire – et du pouvoir tout court – est plus fébrile que jamais : 43 dans le camp gouvernemental contre 27 dans l’opposition au sein de l’hémicycle. Dans le contexte actuel, il est plus probable que les transfuges quittent le pouvoir que l’opposition, elle, «cross the floor», car celle-ci remonte, à mesure que le gouvernement coule. 

Pravind Jugnauth, même s’il a tout fait pour sauver de la noyade son colistier au no8, malgré les éléments de plus en plus troublants de l’affaire Kistnen, (qui nous avait interpellés dès le départ, c’est-à-dire depuis la pseudo-récolte d’indices à Telfair), n’a pas pu contrer la pression de l’opinion et de la rue. Surtout depuis que l’hôtesse de l’air, une version moderne de Nandini Soornack, s’est invitée, malgré elle, à bord et à mesure que la marche du 13 février approche à grands pas. 

Sacrifier Yogida pour sauver sa peau, en attendant un éventuel remaniement ministériel, c’est un réflexe normal pour tout chef politique. Enfin normal pour eux politiciens, entre eux, pas pour le Mauricien-lambda qui suit tout ce qui se passe avec dégoût et stupeur. 

Il y a le sacrifice des gens, mais il faudrait qu’on aille jusqu’au bout. Si le sentiment d’impunité perdure, à l’image du show grotesque aux Casernes centrales avec un interrogatoire «long overdue» qui n’a pas eu lieu, la défiance du peuple, elle, ne va pas décroître. Bien au contraire. Et le gouvernement, aussi dysfonctionnel que l’équipage du MV Wakashio, va s’enfoncer lentement mais sûrement devant nos yeux. Et la MBC dira que tout va bien, Madame la Marquise. 

C’est pour cela qu’après Yogida Sawmynaden, l’on s’attend à ce que le board de la STC, le conseiller spécial Zouberr Joomaye, les candidats ayant dépensé plus que le plafond selon les «Kistnen Papers» répondent eux aussi de leurs actes immoraux et illégaux. Pour cela, il faudrait que MM. Heman Jangi et Navin Beekarry changent de casquette, et réalisent qu’ils sont payés par nous, et non pas par une dynastie politique dont le soleil brille de moins en moins fort, alors que les flots autour d’elle se déchaînent…