On dirait que Navin Ramgoolam a fait preuve d’un flair politique remarquable en proposant ce rassemblement d’aujourd’hui. Comme s’il venait voir les événements.

Au départ, le MSM semblait voir la construction de cette plateforme de l’Opposition avec beaucoup d’amusement, sachant que les graines de la division étaient déjà implantées dans leurs rangs. Effectivement, les ambitions des uns et des autres dans l’Opposition et surtout le jockeying for position dans un futur gouvernement pourraient bien contribuer à maintenir Lakwizinn au pouvoir au-delà de 2024.

Le danger réel pour le MSM serait la décision des dirigeants de l’Opposition de ne poursuivre qu’un seul et unique objectif, faire partir Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) le plus vite possible. Après le renversement de PKJ, chaque parti pourrait adopter sa propre stratégie, aller seul aux élections ou choisir un allié, proposer son candidat au poste de Premier ministre et son Front Bench et son programme gouvernemental.

Si PKJ profite de ces divisions pour reporter quand même les élections, on ne pourrait le blâmer pour le manque de réalisme politique et surtout électoral des dirigeants de l’Opposition actuelle. Il mériterait alors largement d’être le Premier ministre de cette nation dont les eaux territoriales s’étendent sur 2,3 millions de kilomètres carrés.

On pourrait croire que PKJ est actuellement à son point le plus vulnérable. Le danger réel pour lui, ce sont les pétitions électorales et leur aboutissement en faveur de l’Opposition. Une brève analyse de certaines pétitions :

• Au no 15, Gilbert Bablee a récolté 15 614 votes contre 15 565 à Cader Sayed-Hossen, soit une marge de 49 votes. Si seulement 50 votes ont été «triangués» à l’insu de Cader Sayed-Hossen, Bablee risque de perdre son siège de député pour repartir animer Explik ou Ka.

• Dans la circonscription de Rose-Hill– Stanley, Ivan Collendavelloo récolte 8 959 votes contre 8 867 à Jenny Adebiro, soit une différence de 92 votes. Ainsi, si la computer room s’est arrangée pour voler 47 votes à Jenny Adebiro pour les transférer à Ivan Collendavelloo, le tour est joué.

• Toujours au niveau des pétitions électorales, dans le n°14, sur 47 110 votes, le néophyte Prakash Ramchurrun récolte 15 833 votes contre 15 648 à Ezra Jhuboo. Soit une différence de 185 votes. Ainsi, si on établit qu’on a volé rien que 94 votes à Ezra Jhuboo, il rentre au Parlement.

• Autre pétition encore, celle-là au no 10, où Navin Ramgoolam a été battu de 638 voix par Sunil Bholah. Dans ce cas, s’il est prouvé que rien que 320 votes sur 42 594 avaient été détournés aux dépens du dirigeant rouge, il se verrait élu.

Hors de ces pétitions électorales, on ne voit aucune menace réelle à la majorité de PKJ à moins de défections dans les rangs. Or, jamais un leader n’a été aussi adulé que PKJ par ses backbenchers et personne ne prendrait le risque de tout perdre, surtout avec le paiement immédiat de tout «duty» et du «loan» sur les voitures personnelles, pour s’aventurer dans l’Opposition. Le cas Nando Bodha est exceptionnel. On voit mal Subhasnee Lutchmun Roy, Gilbert Bablee, Sandra Mayotte ou encore Teenah Jutton se voir promettre un poste de Premier ministre même pas par Bruneau Laurette.