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1 + 1 + 1 + 1 ≠ 4
Chacun y va de son analyse – quantitative et qualitative – de la bonne foule réunie hier à Port-Louis. Les sentiments post-marche sont mitigés. Pour plusieurs raisons.
Sur la taille de la foule, il n’y a pas photo. Ceux qui s’attendaient à une réédition de la marche historique du 29 août 2020 (qui avait rassemblé + 75 000 citoyens), dans le sillage du naufrage du Wakashio et de la marée noire, sont peut-être déçus. Malgré les effets d’annonce et les gros moyens déployés cette fois-ci, force est de constater qu’on était moins nombreux hier. Mais c’était une forte mobilisation quand même, avec une foule bigarrée, bruyante et déterminée à maintenir, quadricolore en main, la pression pour que le gouvernement «lev paké alé», afin que cessent la corruption, le népotisme et les scandales.
Si en termes d’intensité, le momentum depuis le 29 août et le 12 septembre (à Mahébourg) n’est pas cassé, en revanche, le raisonnement arithmétique se révèle plus complexe que sur papier. Ainsi, la foule apolitique qui suivait Bruneau Laurette et les mouvements citoyens ne s’est pas ajoutée dans sa totalité aux partisans du PTr et à ceux du MMM + PMSD + Reform Party. L’on peut donc déduire qu’un fort pourcentage de ceux qui étaient présents lors des deux précédentes marches citoyennes ne sont pas venus hier, parce qu’ils éprouveraient un phénomène de rejet contre les partis politiques traditionnels, au sein desquels la démocratie est trop souvent bafouée (en termes de leadership notamment).
Autre phénomène notable : ceux qui étaient là ont choisi de ne pas se mélanger aux partisans des partis politiques, à l’image de Rezistanz ek Alternativ qui restait en retrait, au niveau de la place de, la Cathédrale, en scandant non pas #Bourlidéor(BLD), mais #Bourzotdéor(BZD).
La nuance entre BLD et BZD est importante. Elle permet de conclure que l’osmose entre la société civile et l’opposition parlementaire n’a pas eu lieu, même si les deux camps, face au régime actuel, sont devenus de facto des alliés objectifs. Autre divergence notable : les Avengers n’ont pas tous suivi Roshi Bhadain qui s’est joint au bloc PTr-MMM-PMSD ; beaucoup sont restés chez eux car ils sont d’avis, surtout après leur meeting de La Louise, que leur pouvoir sera dilué avec tous ces autres opposants du régime. Il y a aussi le fait que plusieurs de ces avocats qui aident la veuve Kistnen ont des ambitions politiques qu’ils arrivent difficilement à camoufler.
Que va-t-il se passer désormais ? Les oppositions du régime – partis politiques, groupes citoyens, Avengers, dissidents comme Nando Bodha et certains du ML de Collendavelloo – vont accentuer la pression sur le terrain. L’objectif est d’acculer encore plus le gouvernement de Pravind Jugnauth. Celui-ci devra rebattre les cartes (en procédant à un remaniement ministériel) pour tenter de créer une image plus favorable, tout en se préparant aux autres joutes et affaires à venir, dont les municipales et l’Affaire Angus Road…
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