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L’égocentrisme fait imploser l’Opposition United
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L’égocentrisme fait imploser l’Opposition United
La com a ses limites que l’égocentrisme ne connaît pas.
Malgré tous leurs sourires forcés, le «body language» entre le vieux couple «Navin» et «Paul» n’a jamais été pareil depuis leur déroute de 2014. Le rapprochement artificiel, tenté depuis ces derniers mois afin de faire bloc contre le MSM, a fini par voler en éclats en cette fin de semaine. L’implosion était programmée. Ce n’était qu’une question de temps ou de timing.
On se posait la question hier en éditorial : pourquoi l’Opposition United n’avait toujours pas réuni la presse pour s’autocongratuler du «grand succès» de la marche du 13 février, organisée, du reste, à grands renforts médiatiques avec Linyon Sitwayin de Bruneau Laurette. Selon nous, «deux raisons pourraient expliquer pourquoi l’opposition préfère jouer profil bas. La marche aura été en deçà des attentes et l’entente entre les leaders a été refroidie, et s’en retrouve compliquée avec l’arrivée de Nando Bodha dans les rangs de l’opposition. Lors de la marche, le coup de colère de Paul Bérenger face à un journaliste d’une radio privée traduisait-il déjà la mauvaise humeur qui s’est installée depuis…»
Comme Ramgoolam et Bérenger se connaissent comme un vieux couple connaît les petites manies et les grands gestes de l’un ou l’autre, ils savent exactement quel bouton appuyer pour que l’autre pète un câble et menace de faire imploser l’entente de l’opposition. Qui ne tenait qu’à un fil en raison des égos surdimensionnés réunis autour de la table de l’opposition. Seul Xavier Duval gardait vraiment son cool. Et l’arrivée tardive de Roshi Bhadain n’a pas pu diluer ou masquer la tension qui augmentait entre le leader du PTr et celui du MMM.
Depuis quelque temps, Ramgoolam, qui de son côté pousse le novice Dhaneshwar Damry (qui est bien connecté aux réseaux de la Grande péninsule) vers le sommet du PTr, digérait de plus en plus mal les allusions de Bérenger, selon lesquelles il (Ramgoolam) devrait finir sa carrière au Réduit, comme président de la République (sans pouvoirs additionnels de surcroît). C’est pour cela que Ramgoolam a dû taper du poing sur la table et crier haut et fort : «Je ne compte pas ‘step down’ et je m’en irai seulement quand moi je le déciderai.» Un message on ne peut plus clair à un Bérenger qui flirtait un peu trop avec Arvin Boolell en pensant, sans doute, pouvoir faire pression pour que le leader de l’opposition devienne aussi le leader des Rouges.
Ayant réalisé qu’il n’aura pas la partie facile pour s’immiscer dans les affaires des Rouges, et que Ramgoolam ne lâchera pas prise, Bérenger s’est alors tourné vers Nando Bodha, le maillon faible du MSM qu’il a commencé à flatter, afin que ce dernier caresse, enfin, un destin premierministériel, hors de l’emprise et de l’entreprise des Jugnauth. Il est manifeste que ce n’est ni le parcours ni les compétences de Bodha qui attirent Bérenger, l’expert en communalisme scientifique, mais bel et bien le fait qu’il appartienne à la caste qui fait et défait les Premier ministres à Maurice, une denrée rare au sein du MMM qui a fini par devenir l’obsession d’une vie du leader maximo.
Et alors que Bérenger, qui a un petit Bodha à jouer avec, allait probablement annoncer que le MMM allait se recentrer hors de l’entente, ne voilà-t-il pas que Ramgoolam envoie l’un de ses députés lancer, contre toute attente, sur une radio privée, que «le PTr peut gagner les municipales seul». On voit mal Eshan Juman lancer ce cocktail Molotov sans avoir eu la bénédiction du maître-artificier Navin Ramgoolam. Et si Xavier Duval choisit de temporiser – «Je vais en discuter avec Ramgoolam» – Bérenger, lui, torpillé au cœur, ne peut plus rester au sein de l’entente, d’autant que Ramgoolam n’a pas démenti Juman.
En attendant une autre entente ou alliance, Ramgoolam et Bérenger, ces hyper narcissiques de la politique mauricienne, restent galvanisés par la rivalité et le besoin d’écraser les autres. Leur «enflure de l’ego» leur permet de réussir ou de faillir. Elle les mène aussi, tôt ou tard, à l’implosion et à l’isolement. Tout ça pour quoi… Pour Maurice ?
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