Une nouvelle coalition a pris naissance le jeudi 25 février 2021. Il s’agit d’un front qui réunit le MMM, le PMSD et Roshi Bhadain et qui poursuit deux objectifs précis.

Le premier objectif, c’est de prendre le contrôle des cinq municipalités du pays.

À moins qu’on renvoie les municipales, le premier objectif est facilement réalisable sur papier car la division des votes d’un important segment de l’électorat entre le Parti travailliste et le MSM pourrait assurer la victoire de cette nouvelle coalition, encore plus que logiquement le soutien de Bruneau Laurette est acquis à cette cause. Ce serait comme un PMSD revisited de 1967.

L’objectif à long terme, dépendant toujours de la date des prochaines élections générales, c’est de prendre le contrôle du gouvernement central. C’est à ce moment que la carte Nando Bodha pourrait s’avérer un joker. À moins que Bodha finisse par retourner au bercail MSM si on croit la théorie – certes, farfelue à ce stade – de Cheval de Troie envoyé par les Jugnauth pour démantibuler les forces de l’opposition. Cette opération de LaKwizinn est déjà couronnée de succès, si on se fie à des théories de conspiration. La théorie la plus plausible reste l’offre irrésistible faite à Bodha pour qu’un jour il devienne Premier ministre. Car faute du langouti rouge de Navin Ramgoolam, c’est le langouti orange de Bodha qui aiderait enfin à conquérir le pouvoir.

De ces deux objectifs, le premier a été déterminant dans la décision de Xavier-Luc Duval de soutenir la demande de Paul Bérenger pour que Navin Ramgoolam ne se présente pas comme le leader des forces de l’opposition tant pour les municipales que pour les générales. On reproche surtout à Ramgoolam d’avoir perdu deux élections successives.

Dans le cas du leader du PMSD, il sort largement gagnant si une telle alliance remporte les municipales. La présence du PMSD serait ainsi assurée pour les six années à venir dans les villes.

On verra bien comment le PMSD va se comporter dans les semaines à venir sur le poste du leader de l’opposition. Il se pourrait que d’insoutenables pressions soient exercées sur Arvin Boolell pour qu’il se dissocie de Ramgoolam. Il est plus que certain qu’après un certain temps, Boolell serait tout simplement débarqué et remplacé par Bodha comme premier pas dans la mise en œuvre de l’objectif élections générales.

Quand on tentera de jouer la carte du castéisme scientifique avec le bon Vaish Bodha en langouti, qui, telle Jennifer Lopez, entamerait la montée des marches au festival des élections générales, rien ne dit que Navin Ramgoolam et la famille Jugnauth iraient gracieusement s’offrir en boucs de sacrifice lors d’un rituel dédié à une déesse comme aux bons vieux temps dans les villages. Ramgoolam et les Jugnauth pourraient bien trouver une formule d’entente dans les 20 circonscriptions du pays, sécurisant le Hindibelt avec ses 33 sièges mais aussi réalisant des gains certains dans les Nos 2, 3, 15, 16 et 18.

Une entente rouge-orange après tant d’animosités post-2014, y compris l’arrestation de Ramgoolam ? En fait, comme on le dit souvent, la politique c’est l’art du possible. Si le MMM et le PMSD peuvent se réunir pour la première fois dans leur histoire pour réaliser l’objectif commun de barrer la route à Ramgoolam, rien ne pourrait empêcher le Parti travailliste et le MSM de dire non à Paul Bérenger et son chokra en langouti orange. L’histoire nous dit qu’une action commune PTr-MSM ne serait pas une première, comme la présente entente entre le MMM et le PMSD, car en 1983, 1987, 2009 et 2010, les Ramgoolam et les Jugnauth se sont réunis pour barrer la route à Paul Bérenger.