Il s’agit de la plus brillante stratégie politique conçue à Maurice après celle de Navin Ramgoolam de présenter le Dr Rashid Beebeejaun comme son vice-Premier ministre aux élections de 2005. 

Navin Ramgoolam réussit à battre les forces combinées du MMM et du MSM en proposant une toute nouvelle formule, celle de faire plébisciter par le vote populaire un éventuel vice-Premier ministre de foi islamique. Cette stratégie permit au leader rouge de remporter les élections générales et aussi de mettre fin au concept de la communauté musulmane comme étant du «MMM territory» inattaquable. 

La nouvelle stratégie version 2021 montée par Paul Bérenger a l’air d’être vraiment brillante. Le leader mauve a réussi à conquérir le PMSD après un demi-siècle d’hostilités meurtrières entre ces deux partis comme prouvé par l’assassinat d’Azor Adélaïde. Cette stratégie foudroyante de Paul Bérenger a réussi déjà à provoquer une rupture entre le PTr et le PMSD, pourtant deux partis solidement réunis après l’accord historique entre Seewoosagur Ramgoolam et Gaëtan Duval en 1969. Cet accord devait aider à glamouriser le PMSD auprès d’un important segment de la population mauricienne. De ce fait, le PMSD a été soutenu avec des votes déterminants comme à Quatre-Bornes en 2019. Depuis 1983, le MSM aussi s’est retrouvé comme l’allié du PMSD. 

Paul Bérenger vient de guillotiner ce lien entre le PMSD et ses deux autres partenaires potentiels, le PTr et le MSM. Lien qui a permis au PMSD dans le passé de jouir du pouvoir, tant dans les salons de Paris que sur la plage de l’île Plate. 

L’éblouissante stratégie de Paul Bérenger en 2021 part évidemment du principe du «communalisme scientifique» et elle est inspirée par les hostilités qu’on croirait irréconciliables entre le MSM et le Parti travailliste (PTr). Ainsi, le leader mauve a sans doute réussi à convaincre Xavier-Luc Duval qu’il ne devrait plus se soucier de l’aide que les Travaillistes ou les Jugnauth lui ont toujours apportée. D’après les nouvelles réalités, si le MMM et le PMSD se réunissent, ils enlèveraient toutes les cinq municipales du pays, profitant de la division des votes entre le PTr et le MSM. 

Forts de ce soutien massif dans les villes et dans un contexte d’élections générales, le MMM et le PMSD pourraient baser leur campagne sur le fait qu’ils sont déjà les maîtres incontestables dans les régions urbaines et que dans les villages aussi, ils entendent exploiter en leur faveur les hostilités entre le PTr et le MSM. De toujours, le MMM et le PMSD ont disposé d’un fort soutien en régions rurales. Ainsi, en 1967, le PMSD remportait quelque 30 à 40 % de voix dans les villages. Plus tard, le MMM devait faire mieux que le PMSD en zone rurale. 

Sur la base de ces calculs, le MMM et le PMSD sont partis pour d’éclatantes victoires tant aux municipales qu’aux générales. Ce n’est pas pour rien que Paul Bérenger soit le principal stratège du pays depuis 1969 même.