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Sommes-nous cigales ou fourmis, Dr Padayachy ?
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Sommes-nous cigales ou fourmis, Dr Padayachy ?
Jusqu’ici, nous étions bons pour cocher les cases des agences internationales. Nous étions considérés comme l’élève-modèle de la classe africaine, un exemple pour les autres pays en développement. C’était avant.
Nous avons depuis perdu notre lustre. Et nos autorités, manifestement ne savent pas comment nous faire remonter la pente. Nous glissons de plus en plus, comme la roupie mauricienne, qui bientôt va dépasser les Rs 41 face au dollar américain, pour des motifs, apparemment, inavoués.. La liste noire de l’Union européenne, elle-même tributaire de la liste grise du GAFI, les avertissements de la Banque mondiale et du FMI par rapport au niveau de la dette, la mauvaise note de Moody’s sur notre endettement, et les affaires politico-financières et allégations de blanchiment d’argent, qui s’enchaînent depuis le Yerrigadoogate et les passages tumultueux des Angolais, entre autres, nous font perdre de précieux points. La réputation de Maurice a ainsi pris – et prend à l’évidence – un sale coup – durable en plus.
Ainsi, dans le dernier classement des Global Financial Centre Indices (GFCI), la juridiction mauricienne passe à la 89e place, dégringolant de 26 places en une année, juste derrière St.-Petersbourg (88e). Encore heureux que nous devançons encore la Gujarat International Finance Tech-City (92e) ainsi que Trinité-et-Tobago (97e) et Chypre (98e) dans ce classement, qui consacre New York comme la première place financière mondiale, suivie de près par Londres, Shanghai, Hong Kong, Singapour, Beijing, Tokyo, Shenzhen, Francfort et Zurich.
Nul besoin de rappeler que dans un monde globalisé et interdépendant comme le nôtre, les centres financiers se retrouvent au coeur de l’économie mondiale, agissant à la fois comme facilitateurs et stimulants du commerce international et des investissements à l’étranger. Pour comprendre pourquoi on chute, il suffit de jeter un regard critique sur la compétitivité de notre centre financier, qui repose grosso modo sur cinq indicateurs, allant de 1) l’environnement des affaires (stabilité politique relative, organismes indépendants de régulation, cours de justice indépendants avec des procédures transparentes, arbitrage respecté, népotisme, etc.); 2) aux ressources humaines (formation, flexibilité, productivité, recrutement basé sur la méritocratie et la compétence, etc.); en passant par 3) les infrastructures (coût et disponibilité de bureaux, TIC, connectivité, etc.); 4) le potentiel de développement du secteur financier (flux et volumes, disponibilité de capitaux, fonds propres et FDI, etc.); et 5) la réputation (perception en tant que lieu agréable pour vivre, degré d’innovation, crise économique ou sociale, niveau des soins de santé, trafics illicites, law and order, liberté de la presse, etc.)
Ainsi, il ne convient plus uniquement d’adopter les pratiques de la Foreign Account Tax Compliance Act et le Common Standard on Reporting par exemple, et démontrer un réel désir de transparence et de libre accès à l’information, mais prouver que les actes de tous les jours dépassent les discours faits dans des forums internationaux, avec un leadership politique, qui montre l’exemple et qui est respecté, au lieu de démontrer comment l’affairisme, à l’instar des achats lors du premier confinement, et les petits copains et copines, sont protégés avec la complicité des institutions.
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Le message du Chairman de la Mauritius Investment Corporation, Lord Meghnad Desai, posté sur le site de l’institution (https://www.mic-ltd.mu/chairmans-message/, en date du 22 février 2021) – “We shall measure our success by the number of livelihoods protected and the number of businesses saved rather than profit or loss” – fait tiquer. Peut-on imaginer qu’on dise, à New York ou à Londres ou en Chine, «écoutez, on va investir l’argent public, mais le profit ne sera pas notre priorité !» Mais à quoi donc servent le board de la MIC et tous ces experts de la finance, si on ne peut pas mesurer les risques d’investissement de notre argent ? L’express a déjà pointé du doigt le manque de transparence autour des critères utilisés pour débourser des milliards aux groupes privés afin de, nous dit-on, sauver les emplois, et partant, l’économie elle-même…
Autre posture qui chiffonne : le ministre des Finances se plaît à évoquer nos mois d’importations (plus de 12 apparemment), alors que nous avons une économie axée sur les services. Quand le FMI parle d’adéquation des réserves d’un pays, il tient compte non seulement des importations, mais aussi de la dette extérieure, et bien sûr, du potentiel des dépôts des entreprises mondiales à quitter le pays dans un scénario de choc. Si on regarde nos réserves dans un contexte plus large que les mois d’importation, on risque de déchanter…Car nous sommes davantage cigales que fourmis, n’estce pas Dr Padayachy….
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