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Entre le cœur et les poumons
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Entre le cœur et les poumons
Après avoir jubilé tout l’été, Pravind Jugnauth se retrouve ces jours-ci coincé. Entre le secteur privé et les syndicats, entre les risques économiques et sanitaires, entre le cœur et les poumons…
Côté pile, le Premier ministre pousse pour la relance des activités économiques, il est critiqué pour son manque de considération ou de sensibilité pour la santé publique, qui était jusqu’ici son mantra. Côté face, il prolonge le reconfinement et intensifie les contrôles sur les routes, on le jugera pour son insouciance par rapport à l’économie, qui, il est vrai, est agonisante. La stratégie vaccinale du gouvernement qui zigzague, car largement tributaire des pays-membres du conseil de sécurité de l’ONU – (hormis de la France, qui elle-même, malgré son Institut Pasteur, dépend des États-Unis, la Grande-Bretagne, la Chine, la Russie) –, voire de l’Inde et de l’OMS, ne l’aide pas non plus.
En fait, autant on pourrait reprocher à ce gouvernement d’avoir baissé la garde face au virus et d’en avoir fait, de manière précoce, un objet de marketing (all the way to Anfield Road), alors que les premiers vaccins n’étaient pas encore arrivés sur le sol mauricien, autant il faudrait reconnaître que la situation internationale demeure des plus floues, avec une lutte multilatérale sans merci pour s’approprier les vaccins nécessaires. Dans un contexte où la demande dépasse de loin l’offre, on ne peut pas blâmer les pays producteurs de privilégier d’abord leurs compatriotes avant d’aider le reste de la planète.
Et sur le plan local, qui conseille le PM ces jours-ci ? Des économistes ou des médecins ? Ceux-ci s’affrontent souvent dans l’espace public sur les remèdes à apporter, alors que la roupie se déprécie, l’inflation augmente et la dette publique a déjà crevé tous les plafonds, malgré les avertissements des institutions d’ici ou d’ailleurs, dont le Bureau de l’Audit que plus personne n’écoute tellement il a crié au loup. Résultat : une cacophonie totale, sans que les uns discutent avec les autres. Ce qui ne contribue pas à la clarté du débat crucial sur notre avenir commun, dans pareil contexte…
Grâce à l’endettement et à l’aide étrangère, Pravind Jugnauth avait tenté de stimuler la consommation avec, par exemple, l’augmentation des pensions et l’instauration du salaire minimum, suivis plus récemment du Wage Assistance Scheme et du Grant de Rs 10 000 aux self-employed. Il a aussi investi massivement dans les infrastructures publiques qui sortent des terres. En parallèle, il a tenté d’inciter la vente de villas aux étrangers, avec un secteur privé excité par l’excès de liquidités sur le marché financier. Mais le petit virus est venu tout bousculer depuis l’an dernier. Et aujourd’hui, l’on sent la différence entre une récession et un désendettement, c’est-à-dire quand le fardeau de la dette est trop lourd et ne peut être allégé par une baisse des taux d’intérêt.
Réparer l’économie, alors, devient compliqué, surtout quand l’on n’arrive pas à instaurer une Whole of Society Approach, ou quand le gouvernement et l’opposition d’une part, et le patronat et les syndicats de l’autre, se montrent incapables de mettre leur ego ou leurs idéologies de côté pour faire progresser le bien commun. Le népotisme, le manque de transparence, le repli identitaire et la corruption viennent alors aider le virus pour nous affecter davantage.
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Armand Maudave aura été l’un des plus fidèles amis de l’express. Outre ses écrits dans nos colonnes, l’un de ces derniers courriels électroniques à la rédaction nous conforte à continuer le combat quotidien : «Cher Nad, je mesure avec amitié et sympathie toutes les contraintes que ce confinement t’impose à l’express. Je souhaite que toi et toute ton équipe, vous puissiez demeurer combatifs, résolus, mobilisés et impliqués. Attitude efficace pour continuer à informer et vaincre cette vacherie virale. Je demeure accroché aux rubriques de l’express.mu et vous félicite de pouvoir ainsi assurer un service qui nous permet de suivre l’évolution de la situation inquiétante…»
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