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La santé publique ET l’économie

1 avril 2021, 08:20

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Attention au faux débat. Il ne nous faut PAS choisir entre la santé et/ou l’économie. Au stade presque désespéré où nous en sommes à la fin du premier confinement, soit au 31 mars 2021, les choses ont empiré sur les deux tableaux. Les mesures prises depuis le 10 mars dernier n’ont pas réussi à contenir le virus et/ou ses variants. Nous avons déjà dépassé le pic de l’an dernier et nous ne savons toujours pas quand nous allons atteindre le pic de cette année. Pire, les autorités disent ne pas savoir qui serait le patient zéro de la présente seconde vague.

Mais contrairement à l’an dernier, nous ne pouvons plus nous permettre d’avoir une vision binaire de notre société avec d’un côté la santé publique et de l’autre l’économie. Les deux sont indissociables. Il est devenu évident que le gouvernement, qui se noie dans ses contradictions, et qui joue sur les mots entre réouverture partielle de l’économie à partir d’aujourd’hui et prolongement du confinement jusqu’à fin avril, a perdu le contrôle de la situation et de la communication.

Si le nombre de morts liés au Covid-19 ne dépasse pas, selon les autorités, le chiffre 12 ou 13, les dernières statistiques de la Banque de Maurice indiquent clairement que la balance de paiements est déficitaire à Rs 4,4 milliards pour le quatrième trimestre 2020 (contre un excédent de Rs 3,7 milliards pour la même période en 2019). L’arrêt de nos activités économiques (principalement celles liées au tourisme) et la chute des investissements directs étrangers et des fonds transitant par le secteur financier mauricien en sont grandement responsables. À ce tableau, viennent se greffer plus de 61 000 chômeurs, victimes des répercussions du coronavirus, depuis la fin de l’an dernier, selon Statistics Mauritius, qui note, aussi, que 69 % des travailleurs se plaignent d’une baisse de leurs revenus (alors que l’inflation qui enfle à mesure que la roupie se déprécie).

Le gouvernement a déjà dépensé Rs 18 milliards pour compenser les salariés sous le Wage Assistance Scheme et les individus sous le Self-Employed Assistance Scheme. Garder le pays sous respiration artificielle (c.-à-d. sous assistanat) n’est plus possible. Le Dr Padayachy qui prépare son Budget n’a pas de marge de manoeuvre, sauf s’il arrive à convaincre le gouvernement à couper ses dépenses et à fermer ses corps parapublics qui ne servent à rien, sauf à nourrir les apparatchiks du MSM.

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Alors que l’opposition et la presse poussaient pour une coopération nationale dont les bases seraient jetées au Parlement mardi, le speaker Sooroojdev Phokeer, fraîchement décoré par le gouvernement, a donné l’impression qu’il était sur le pied de guerre avec une mission précise : tout faire pour empêcher tout rapprochement conjoncturel entre le Premier ministre et les élus de l’opposition. Les sanctions que le speaker a prises contre Arvin Boolell, Paul Bérenger et Rajesh Bhagwan relèvent, selon nous, de l’absolutisme. Son rejet de la motion du leader de l’opposition (sur le besoin pour les parlementaires des deux côtés de l’Hémicycle de réfléchir collectivement sur les voies et moyens pour sortir le pays de la double crise sanitaire et économique) a aussi démontré une arrogance anti-patriotique.

Nous sommes aujourd’hui dans la merde et le pays a besoin de tous ses fils et filles de bonne volonté afin de gagner cette seconde bataille contre le Covid-19. S’entredéchirer entre nous va nous fragiliser davantage. Il fallait au contraire se serrer les rangs au sein de l’Assemblée nationale.

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Les difficultés du directeur de l’Audit d’accéder à des informations relatives à certaines dépenses du gouvernement (qui ont fait l’objet de la PNQ du leader de l’opposition) sont un pas de plus vers un semblant de dictature. Si on persiste à brandir des Non-Disclosure Agreements alors que la transparence devrait être la norme, faudrait-il s’étonner que les investisseurs s’éloignent de plus en plus, et ce, même si on survit cette seconde vague et qu’on redevienne Covid-Safe…