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No Notes of Meeting? So What? Please, don’t harass the patriots
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No Notes of Meeting? So What? Please, don’t harass the patriots
Dans son dernier rapport, le directeur de l’Audit a fait état de graves manquements dans certaines institutions. Son travail a été contrarié toutefois car dans certains cas, l’accès à des documents officiels lui a été bloqué.
Si on analyse la question des documents dans les institutions publiques, on comprendra que malgré tous ses défauts, la bureaucratie assure la permanence de l’État. Les gouvernements jouissent d’un mandat limité car les hommes politiques viennent et partent – on en compte plusieurs dans les cimetières – mais l’État, lui, reste permanent. Et pour assurer la permanence de l’État à travers la fonction publique, nous avons une montagne de documents, de records comme on le dit en anglais. Quand des comités officiels se réunissent, un élément clé dans le processus de prise de décision, c’est la rédaction du procès-verbal, les notes ou minutes of meeting. L’État répertorie ainsi officiellement toutes les décisions prises et l’identité et le rôle de chaque décideur.
Des pays civilisés comme les États-Unis et la Grande-Bretagne rendent publics, après quelques décennies, tous les documents, toutes les archives de l’État, avec quelques exceptions près. Même les exceptions finissent par être dévoilées après un certain temps. Par exemple, on finira par connaître tous les secrets entourant le grand Martin Luther King aux USA. C’est ainsi qu’on prend connaissance des frasques, des défauts et des actes de corruption engageant des hommes politiques qu’on croyait exemplaires et totalement honnêtes de leur vivant.
On n’attend pas toujours des décennies avant de connaître des secrets. L’accès à des documents officiels est permis aux médias et aux chercheurs chez les Anglo-Saxons. C’est ainsi qu’on devait apprendre que Hilary Clinton s’était comportée de façon frauduleuse pour avoir utilisé son compte mél privé alors qu’elle était engagée dans des activités officielles comme secrétaire d’État des USA. Ce qui est pratique courante dans une république bananière – c’est-à-dire utiliser son email privé pour des transactions officielles – est formellement interdit aux États-Unis.
Pour revenir à la république bananière qui nous est proche, seuls des naïfs auraient été surpris d’apprendre que le directeur de l’Audit n’a pu examiner certains documents dont celui ayant trait à l’affaire de Safe City au coût de quelque Rs 19 milliards.
Le directeur de l’Audit s’est retrouvé dans la même situation quand il a voulu comprendre comment une somme de Rs 1,7 milliard a été payée à des fournisseurs dans le cadre des mesures d’urgence prises pour permettre au pays de s’armer contre le Covid-19. Par exemple, on se demande toujours qui a pu orchestrer – et avec quelle finesse – la transaction Pack & Blister ? Lors des travaux du tribunal enquêtant sur l’assassinat de Soopramanien Kistnen, on devait apprendre comment des mignons du ministre du Commerce, à travers la State Trading Corporation, avaient touché le jackpot avec des contrats de Covid-19.
Dans un pays civilisé, le caractère sacro-saint des documents publics aurait aidé le directeur de l’Audit ou tout autre enquêteur à établir avec certitude quand une décision a été prise et par qui. Quels ont été les arguments utilisés pour justifier leur acte.
Dans le paradis de Maurice, un comité de haut niveau sur le Covid se réunit sous la présidence du Premier ministre lui-même mais aucun procès-verbal n’est rédigé sur ces réunions et les décisions arrêtées, pas de notes of meeting. Toutefois, il faut avoir l’esprit tordu pour croire qu’avec l’absence de notes of meeting, ces décideurs cherchent à éviter des ennuis éventuellement avec le directeur de l’Audit, avec un enquêteur anti-corruption authentique ou un futur gouvernement dans l’éventualité d’une alternance. Dans le cas mauricien, il s’agirait plutôt de patriotes œuvrant dans l’intérêt supérieur de la nation, se libérant des contraintes bureaucratiques et tranchant dans le vif quand il s’agit de protéger le peuple contre un danger majeur comme le Covid-19. Qu’y a-t-il de mal si les Espagnols de Pack & Blister et leur agent mauricien en profitent aussi longtemps que le peuple jouisse de la protection du gouvernement ?
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