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La face cachée du monde
Il n’y a certainement pas que du mauvais dans le confinement. Moins d’embouteillages, de réunions, fonctions et autres, davantage de temps pour lire, réfléchir, remettre les choses – et soi-même – en perspective, relativiser.
Personnellement, l’une des choses que je prends de plus en plus plaisir à faire, c’est de zapper les différentes chaînes d’informations des cinq continents, de comparer et contraster les faits, perspectives et opinions autour de ce terrible virus, qui nous attaque pratiquement tous en même temps. Qu’on soit du Nord ou du Sud, anglophone, francophone, lusophone, arabophone, etc.
Constat : chaque pays traverse la pandémie à sa façon. Chaque contexte étant unique, chaque stratégie diffère. Aussi, chaque dirigeant a ses particularités, méthodes et objectifs. Médiatiquement, Emmanuel Macron et Joe Biden ont été particulièrements commentés pour leurs initiatives anti-Covid-19. On les a entendus sur tous les fronts, à expliquer comment il est difficile de balancer les risques sanitaires et économiques. Ils tranchent dans le vif et motivent leurs décisions.
Outre l’information et la communication décuplées, le Covid-19 a permis de démaquiller les relations internationales. On a ainsi vu qu’au-delà des discours diplomatiques, il y a des intérêts stratégiques sur lesquels les pays puissants ne vont pas transiger. Le refus de lever les brevets sur les vaccins montre, en effet, les Occidentaux sous une lumière crue. Les pays du Nord ne veulent manifestement pas que les besoins des pays du Sud soient assouvis afin que ceux-ci puissent développer leur propre stratégie vaccinale. Ils préfèrent se gargariser du concept de l’aide au développement, parce qu’ils gardent la main haute. «La crise du Covid-19, plus grave crise sanitaire mondiale depuis un siècle, oblige à repenser la notion de solidarité internationale», souligne l’économiste Thomas Piketty dans une chronique au Monde.
Piketty est de ceux qui démontent l’argument selon lequel les pays pauvres seraient de toutes façons incapables de produire des vaccins. À la question pourquoi donc lever les droits de propriété sur les brevets, il brandit l’exemple de l’Inde et de l’Afrique du Sud. Ces deux géants démographiques «ont des capacités importantes de production de vaccins, qui pourraient être étendues (...)».
Du reste, c’est sûrement pas parce qu’ils n’ont rien à faire en ce moment que les dirigeants indiens et sud-africains mènent une coalition d’une centaine de pays (pauvres ou émergents) pour réclamer à l’OMC la levée exceptionnelle des droits de propriété des vaccins.
En refusant, l’Occident fait une erreur et révèle sa vision mercantiliste du multilatéralisme, alors que la Chine et la Russie développent leurs vaccins avec une bonne dose d’empathie.
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En évoquant Biden et Macron et leurs fortunes diverses, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à notre PM à nous. Mais où est-il donc ? Que fait-il de ses journées ? Prend-il des notes par rapport à tout ce qui se passe dans ce monde... Et quand va-t-il réapparaître à l’écran ?
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Dernière heure : juste avant que cette page ne parte pour l’imprimerie, hier soir vers 19 h 30, l’on apprend, contre toute attente, un retour de Pravind Jugnauth sur la MBC (seule presse invitée). Il a parlé des aides du GM aux familles défavorisées et a exprimé sa sympathie aux parents des dialysés, mais pas un mot sur sa vision économique post-Covid. Peut-être plus tard. Du moins on le souhaite.
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