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L’arrestation d’Aruna Gangoosingh et nos hypocrisies !

21 avril 2021, 08:09

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L’arrestation d’Aruna Gangoosingh et nos hypocrisies !

Dans l’histoire récente du pays ce n’est pas la première fois que s’exprime le racisme contre les Blancs. Des campagnes des plus viles ont été menées dans le sillage des élections à partir de 1983. Dans des réunions privées ou même en public, des attaques verbales sont proférées à l’encontre des 8 ou 10 familles qui, nous dit-on, contrôlent l’économie du pays. La référence au Blanc en politique est fréquente et n’est pas innocente, tout comme ces insinuations à peine voilées contre le politicien sur la couleur de sa peau, le Code noir brandi au Parlement se voient applaudis. Et tout ça se passe au vu et au su de toute la population, sans qu’il y ait quelque condamnation de tels agissements. Alors se pose la question: pourquoi Aruna Gangoosingh devait être réprimée de la sorte, méritant arrestation et détention en cellule policière ?

Ces bien-pensants qui applaudissent

Des justifications sont toutes trouvées par tous ces bien-pensants qui applaudissent la répression à l’encontre de cette internaute qui, en écrivant un post, allait mettre en péril le tissu social à Maurice , susciter des émeutes, causer une atteinte à la paix et l’harmonie dans notre société, et bla bla. Pour eux, lorsque le racisme qui s’exprime vise surtout des adversaires politiques, il n’est plus considéré comme offensant, insultant ou diffamant. Et même réaction, lorsque les internautes partisans participent à la lapidation de la communauté blanche qu’ils vont qualifier d’esclavagiste de raciste, et l’affubler d’autres d’adjectifs encore plus insultants: du moment que c’est l’adversaire politique qui est visé, tout devient acceptable : personne ne va au CCID pour ça !

Est-ce une question de forme ?

On nous dira que l’internaute arrêtée aura utilisé un langage vulgaire, inacceptable dans la société mauricienne, comme si c’est la première fois qu’un tel langage est utilisé en public. Sur les réseaux sociaux, d’autres ont ajouté que les mots utilisés étaient susceptibles d’offenser les enfants qui utilisent Facebook. On a vu soudain émerger chez certains bienpensants, notamment chez des internautes, cette fonction de juge de la moralité publique, et l’on se demande bien où étaient ces gardiens de la bonne morale lorsque l’autre disait qu’il pissait sur des journalistes.

Encore des censeurs !

Cette fonction de censeur, de juge de la moralité, a inspiré de nombreux internautes qui, sur les réseaux sociaux, ont su mettre leur part de pression pour qu’agissent les autorités, et les conforter dans leur projet d’amendements liberticides à la loi ICTA. L’arrestation et la détention en cellule policière étaient nécessaires selon eux car le ton utilisé risquait de mettre en péril notre chère unité nationale. Toutefois à leur défense dans leur complicité pour pousser la police à agir avec sévérité et promptitude, ils n’ont pas critiqué le fond des propos contenus dans le post. Peut-on dire que c’est la vulgarité du langage et non la réflexion sur une situation existante à Maurice qui n’a pas été au goût de ceux qui ont cautionné la répression ?

D’après ce qui est exposé publiquement dans les médias, ceux qui ont applaudi l’arrestation et la détention ou même ceux qui se sont plaints à la police, ce n’est pas tant la substance «pouvoir économique» des propos exprimés par l’internaute qui constitue le délit commis. Évidemment si ce n’était que la domination de l’économie mauricienne par un groupe qui était expliquée dans un langage feutré, diplomatique et politiquement correct, on y aurait vu mal venir une arrestation. À la rigueur on aurait pu y voir que matière pour un cas de diffamation, ce qui aurait été qu’un procès au civil par ceux qui se sentaient diffamés par le post. Dans un tel cas la police ne serait pas intervenue.

Questionnements

Quelqu’un, même parmi ces internautes zélés, nous dira peut-être pourquoi Aruna Gungoosing doit- être une exception, alors que pendant des années, on sait ce qui se passe à Maurice dans le champ politique malgré un code pénal mauricien qui prévoit le délit suivant :

282 Stirring up racial hatred

Any person who, with intent to stir up contempt or hatred against any section or part of any section of the public distinguished by race, caste, place of origin, political opinions, colour or creed.

Et quelqu’un, chez les plaignants, peut-il nous expliquer leur silence sur les multiples tentatives d’atteinte à l’harmonie sociale perpétrées pour des gains politiques ?

Et si l’on cessait d’être hypocrites, et si on voulait réfléchir, faut-il aller loin pour trouver de plus dangereux pyromanes, diviseurs, dans notre société que cette internaute que l’on a mise au cachot ?