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Le vote blanc en force
Il nous faut distinguer le vote blanc de l’abstention et du vote nul.
C’est l’un des principaux points de discussion du débat sur les résultats de la première élection générale virtuelle incluant la diaspora mauricienne, dont les résultats ont été proclamés hier après-midi.
Au-delà des partis traditionnels, c’est le vote blanc (avec 28,47 % des votes) qui émerge comme la principale force poli- tique derrière le Parti travailliste (30,08 %) et loin devant le MMM (7,63 %), le MSM (2,56 %) et le PMSD (2,46 %) – voir les résultats complets plus loin. Le vote blanc, dans l’exercice virtuel et progressiste de la Mauritius Global Diaspora, équivalait à cocher une case spéciale qui représentait aucun des autres partis de la liste électorale. Ce qui traduit une volonté claire de se démarquer de l’offre politique proposée jusqu’ici à Maurice, alors que l’abstention (quand le vote blanc est possible) implique plutôt un désintérêt total pour la gestion de la cité.
À ce jour, le vote blanc est considéré à Maurice comme un vote nul, alors que l’exercice d’hier a permis de comptabiliser précisément ceux qui sont contre les partis politiques tout en étant pour un ferme engagement politique. À titre d’exemple, en France, depuis la loi du 21 février 2014, les bulletins blancs sont décomptés séparément des votes nuls, même s’ils ne sont pas pour autant pris en compte dans le nombre des suffrages exprimés (ensemble des bulletins moins les votes blancs et nuls).
Les intervenants au débat d’hier organisé par la diaspora (Rama Sithanen, Milan Meetarbhan, Roukaya Kasenally, Covilen Narsinghen et l’auteur de ces lignes) ont mis en exergue les limites du vote virtuel dont le problème de ‘sampling’ des 19 341 votants (le vote était libre à quiconque avait une connexion Internet) mais tous ont néanmoins salué la démarche allant vers une démocratie participative afin de pousser à la roue d’un change- ment du système électoral inique et dépassé (dont le First Past the Post et le Best Loser System) qui reste solidement en vigueur à Maurice (en raison des conservatismes hérités de l’ère coloniale).
Le vote blanc mérite une analyse plus fine. Est-ce un rejet du système, des partis, des individus ?
Autres nouveautés, outre l’inclusion de la diaspora, qui n’a toujours pas légalement droit au chapitre électoral, malgré de nombreuses revendications en ce sens, c’est le fait de voter pour les partis, au lieu de voter pour des candidats. Ce qui est un pas de plus vers un système de représentation proportionnelle. Il y a aussi l’introduction du vote électronique qui pourrait être une alternative intéressante en temps de Covid, par exemple, pour les prochaines municipales qui ont été renvoyées pour raison sanitaire. Bien évidemment, il faudrait que la confiance règne et que le gouvernement ne donne pas l’impression de contrôler et la date des élections et le processus électoral.
La décomposition de la démocratie et l’autocratisation en cours, le rapport V-Dem, la levée de boucliers internationale contre les propositions indécentes de l’ICTA, la gifle du FMI, le pourrissement des institutions, la médiocratisation des dirigeants politiques, la qualité des hommes et des femmes nommés à la tête des institutions, les listes rouges, le non-renouvellement des partis et patronymes politiques, l’absence d’une Freedom of Information Act ont dominé le débat de la diaspora, qui a promis de s’engager davantage dans la gouvernance du pays commun…
Le système électoral à réformer d’urgence reste la priorité des priorités afin de déboulonner ceux qui se servent au lieu de servir le pays…
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