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Le retour de la solidarité internationale ?

20 mai 2021, 13:06

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La course éhontée pour développer, faire valider, commander et stocker des vaccins anti-Covid-19 a montré la face cachée de la mondialisation. Celle qui est sans cœur, celle qui n’a aucun respect pour la solidarité internationale, pour l’humanité. Les diverses polémiques autour des vaccins et de leurs brevets, le manque de doses en partie provoqué par les ravages de la pandémie en Inde, la non-efficacité du programme Covax de l’OMS (sur les 690 millions de doses administrées dans le monde, seuls 2 % l’ont été en Afrique) et l’émergence des variants ont calmé les ardeurs. On semble avoir assimilé le fait que personne ne pourra vivre en isolation dans le monde d’aujourd’hui, et que le virus, avec ou sans passeport, va continuer à voyager, et à muter tant qu’on n’aura pas sécurisé les deux hémisphères, ou tous les continents.

C’est dans cet esprit que s’est tenu mardi le sommet sur le financement des économies africaines, organisé à Paris à l’initiative de la France (voir en page 6). Le sommet aura permis de contrecarrer sur papier, du moins en partie, l’endettement massif des pays africains, qui freine la relance et la croissance du continent. Les différents rapports circulés indiquent que l’on a besoin de près de 300 milliards de dollars pour enrayer la pauvreté, vacciner les populations, développer les infrastructures, affronter le changement climatique et la menace… djihadiste en Afrique. Conditions sine qua none pour un développement durable en 2021.

Dès lors, comment financer le «New Deal», claironné par le président français, qui ambitionne de booster les économies africaines («asphyxiées» par les conséquences économiques du Covid-19) ? Où trouver tous ces milliards de dollars pour combler le besoin de financement de l’Afrique, puisque l’annulation de la dette ne suffira pas ?

Un point positif au sombre tableau économique : la situation sanitaire ! Avec 130 000 morts du Covid-19 (si l’on en croit les chiffres officiels), l’Afrique paraît relativement «épargnée» sur un total de près de 3,4 millions de décès répertoriés à travers le monde. Cependant, «faute d’avoir pu, comme les pays les plus riches, lancer de pharaoniques plans de relance, le continent paye un très lourd tribut économique et social», ont fait ressortir plus d’un dirigeant africain. Dans le cas de Maurice, on paie un prix double, «celui de deux confinements stricts respectivement en 2020 et 2021 entraînant quatre mois d’activités économiques ralenties, et celui de l’arrêt total du tourisme faisant passer le nombre de touristes de 1,3 million par an à environ un millier», a plaidé notre ministre des Finances par visioconférence.

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À l’issue du sommet, les dirigeants de l’Afrique et des organisations multinationales, même s’ils n’ont pas encore pris un engagement ferme, ont promis de poursuivre des discussions autour des «droits de tirage spéciaux» (DTS) du Fonds monétaire international (FMI). Ces DTS sont équivalents à une planche à billets du FMI, «ces actifs monétaires peuvent être convertis en devises et dépensés, sans créer de dette». Contrairement aux pratiques (du reste dénoncées) de la Banque de Maurice, qui avait cru bon de mélanger politique fiscale et monétaire.

La communauté internationale s’est déjà accordée sur le principe d’une émission globale de DTS de 650 milliards de dollars. De ce montant, 33 milliards doivent revenir automatiquement à l’Afrique, par le jeu des quotes-parts au sein du FMI. Ce ne sera pas suffisant. Mais Emmanuel Macron, qui ne veut pas être comparé à Joe Biden (qui a marqué des points avec son annonce sur les brevets des vaccins), dit croire en la solidarité internationale. Les pays riches vont-ils allouer aux pays africains une bonne partie de leurs DTS, comme a promis de le faire la France, afin d’atteindre un total de 100 milliards de dollars ?

Pour cela il faudrait un «accord politique». On verra bien aux prochains sommets du G7 et du G20 si la solidarité internationale est réellement de retour, au-delà des discours sur le Covid-19 et son impact économique…