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«Ene sel lepep kont covid» : «Ene sel lepep», pour de vrai ! ?
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«Ene sel lepep kont covid» : «Ene sel lepep», pour de vrai ! ?
Dans ses commentaires liminaires au bilan du 30 juin 2020, transmis au ministre des Finances le 30 octobre 2020, le Gouverneur de la Banque de Maurice parlant des «prompt and unprecedented policy actions by monetary and fiscal authorities worldwide» précisait que ceux-ci ont «contributed to partly stabilise economic conditions and minimise risks to financial stability» et d’ajouter que «the road to sustained economic recovery remains arduous… given the high degree of uncertainty and the risk of a second wave of Covid-19 infections».
Il ne croyait pas si bien dire ! Il avait tout simplement anticipé les trous à venir probables dans nos filets de protection et les exceptions aux protocoles qui allaient inévitablement ramener le virus dans nos chaumières… ?
Nous avons donc eu droit à un deuxième lockdown cette année encore, jusqu’au 1er mai, et l’aéroport que l’on s’apprêtait à rouvrir sur un pays fièrement «Covid safe» est aujourd’hui toujours fermé en attendant que la population ne puisse se faire suffisamment vacciner. Nul ne sait plus d’ailleurs ce que «suffisamment vacciné» veut dire maintenant que l’on constate l’expérience ébouriffante des Seychelles. Pourtant vaccinés à 63 % avec du Sinopharm (57 %) et de l’AstraZeneca (43 %), nos voisins constatent, en effet, une résurgence inquiétante des contaminations, dont un plein tiers provient de ceux qui ont déjà reçu deux doses de vaccin * !
«Le vaccin, quel qu’il soit, reste la seule solution crédible en la circonstance !»
Cependant, la bonne nouvelle est de souligner que 80 % des cas de contamination suffisamment graves pour requérir une admission à l’hôpital proviennent soit des 37 % de personnes non vaccinées soit d’individus rendus susceptibles par des comorbidités. De plus, deux tiers des cas de contaminations identifiées n’affichent que de faibles symptômes ou aucun symptôme du tout…
Il faut quand même se rappeler qu’aucun vaccin n’est efficace à 100 %, mais que tous les vaccins sont, par contre, particulièrement capables de réduire la virulence des symptômes. Comme expliqué par un médecin singapourien, le Dr Leong Hoe Nam, le vaccin atténue la plupart des cas qui auraient été graves, les rendant légers ; adoucissant les cas légers vers du bénin et transformant les cas bénins en cas asymptomatiques. C’est pour cela que le vaccin, quel qu’il soit, reste la seule solution crédible en la circonstance !
Mais quel est le vaccin disponible pour les problèmes financiers de la nation, surtout après la visite virtuelle et le communiqué du FMI, malheureusement plus d’un an après les initiatives prises alors par le ministre des Finances ?
Parlons de la Banque centrale. Comme rappelé par Sameer Sharma (l’express du 24 mai), la raison principale expliquant la décision de la BoM de réduire son ‘cadeau’ de Rs 60 milliards à seulement Rs 32 milliards, c’est que Rs 60 milliards paraît pour le moins improbable, même insolent, quand les fonds propres de la BoM n’étaient que de… Rs 45 milliards !
«Si les réserves nationales se maintiennent tant bien que mal (Rs 302 milliards à fin avril 2021), c’est que l’on a emprunté, en devises !»
Comme démontré par le compte des Profits et Pertes de la BoM au 30 juin dernier, il est plus facile à la Banque centrale de faire des ‘profits’ qu’au commun des mortels ! Il suffit pour cela, en effet, qu’ils décident de dévaluer la roupie ! Ainsi, sur Rs 35,8 milliards de profits à cette date, Rs 27,3 milliards provenaient d’une réévaluation de nos réserves en devises, (grâce à la dévaluation de la roupie) et Rs 8,5 milliards d’une réévaluation de nos réserves d’or… Clairement, toute personne sensée reconnaîtra qu’il est éminemment malsain de mettre la BoM dans une logique où spéculer contre la roupie permet de payer des ‘dividendes’ ou d’autres ‘faveurs’ au budget national !?
Quant à l’héritage de la MIC, j’ai cru voir quelque part que ce fonds, absolument vital jusqu’ici pour soutenir les secteurs impactés par la pandémie, et en particulier le tourisme, ne va plus considérer de demandes de financement au-delà de juin prochain.
Il y a donc au moins deux questions à résoudre à ce seul niveau. La première consiste à trouver du financement pour que les avances de la MIC (un peu plus de Rs 17 milliards à fin avril, plus toute nouvelle facilité approuvée jusqu’à fin juin) puissent être hébergées «through the budgetary process», comme préconisé par le FMI. La deuxième va demander une solution efficace et rapide à l’équation du secteur du tourisme et de son financement. En effet, sans touristes et sans cash-flow aucun, les actifs détenus par la MIC ne vaudront rapidement pas grand-chose et si, comme persiflé par Sameer Sharma, le gouvernement souhaitait mieux valoriser ses dettes convertibles dans son fichier MIC et modifiait ainsi la loi pour se donner le 1er rang en cas de liquidation, ce sont les bilans des banques qui vont écoper – ce qui ne serait pas sans conséquence, non plus ! De toute manière, après près de 15 mois sans touristes, ce sont environ Rs 80 milliards de devises qui n’ont pas été encaissées, ce qui fait qu’après 8 années consécutives où la BoM a été un acheteur net de devises sur le marché, cette dernière, sous pression, est maintenant forcée d’alimenter le marché. Par Rs 31 milliards entre mars et septembre 2020, par exemple. Si les réserves nationales se maintiennent tant bien que mal (Rs 302 milliards à fin avril 2021), c’est que l’on a, entre-temps, emprunté, en devises ! Ces équations sont, bien entendu, éventuellement insoutenables.
Il faudra d’évidence (et enfin…) prendre des risques, accélérer les vaccinations, ouvrir les frontières, prendre un maximum de précautions localement et véritablement être «Ene sel lepep (discipliné) kont Covid» si l’on veut s’en sortir au moindre coût…
Qu’on se le dise ! Et qu’on le mette en pratique ! Pour de vrai !
PS : Construire, en la circonstance, une tour de 50 étages à Côte d’Or et lui coller l’étiquette illusoire de World Trade Center va nous rapporter des devises, vous croyez ? On délire ! Y a-t-il un manque d’oxygène dans les bas étages où l’on concocte ces lubies ?
*https://www.bbc.com/news/57148348
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