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Pada pourrait-il supplanter Lutchmeenaraidoo et Sithanen ?

29 mai 2021, 09:26

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Pada pourrait-il supplanter Lutchmeenaraidoo et Sithanen ?

Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, est encore loin d’égaler le palmarès de Vishnu Lutchmeenaraidoo ou de Rama Sithanen, les deux meilleurs ministres des Finances que le pays ait connus depuis l’Indépendance. Mais on ne sait jamais, surtout avec son Budget du 11 juin.

Dans le domaine du marketing politique, Vishnu Lutchmeenaraidoo demeure imbattable jusqu’ici. Sous son leadership, quelques mesures populaires ont, à l’époque, modifié la façon de vivre des Mauriciens, surtout ceux au bas de l’échelle ou de condition modeste. Quand il a réalisé que des Mauriciens aisés se rendaient à Singapour et combinaient tourisme et shopping et rentraient au pays avec un magnétoscope leur permettant de visionner des films en vidéo, il a fait tout simplement enlever les taxes à l’importation et presque tous les foyers du pays ont pu acquérir un équipement, qui n’était jusque-là pas à leur portée.

De même, Lutchmeenaraidoo a baissé les taxes sur les produits textiles et les femmes du pays, toutes classes confondues, ont pu profiter d’une révolution vestimentaire. En enlevant les taxes sur les 4 x 4 pour soutenir les petits planteurs, il a fait Maurice doper sa production de légumes et de fruits, tout en facilitant la vie d’une large section de la population.

Quant à Rama Sithanen, il a contribué à la modernisation de l’économie, tout en permettant au pays d’atteindre un nouveau seuil de développement social. Les Mauriciens émigrés, qui venaient passer leurs vacances dans leur île natale, ont alors constaté que le niveau de vie s’y était nettement amélioré et que le pays ne pouvait plus faire partie de la catégorie des nations du tiers-monde.

Il est vrai que les ministres Lutchmeenaraidoo et Sithanen n’ont pas eu à affronter une pandémie de type Covid-19. Il était impensable, en leur temps, qu’un jour, les hôtels se videraient de leurs clients étrangers. Au contraire, le tourisme connaissait à leur époque un développement exponentiel, d’année en année.

À peine installé comme ministre, Padayachy a eu à traîner le boulet Covid-19. Ce qui pourrait inciter des spécialistes à spéculer sur le modèle qu’il aurait proposé s’il n’était pas handicapé par les énormes contraintes d’une pandémie mondiale.

Il est clair que Padayachy vient d’un background totalement différent de celui de Vishnu Lutchmeenaraidoo et de Rama Sithanen. Lutchmeenaraidoo affichait ses talents en marketing et promotion économiques de Maurice quand il est devenu fonctionnaire après de hautes études en France. Il a été responsable de plusieurs campagnes de promotion de Maurice à l'étranger avant de se joindre au Mouvement militant mauricien.

Rama Sithanen a été haut cadre à Air Mauritius et Rogers, après des études poussées en Angleterre. Les deux ministres soutenaient systématiquement le credo de création de richesse afin de tirer le pays vers le haut et de permettre au plus grand nombre possible de citoyens de partager un gâteau devenant de plus en plus grand. Padayachy, d’après sa dissertation, est très intéressé à combattre la pauvreté.

Clairement, on a comme ministre des Finances un homme qui devrait s’engager dans un brainstorming pour venir avec des projets porteurs. Il a de la chance d’avoir comme secrétaire financier un homme du calibre de Dev Manraj, qui a orchestré quelques coups spectaculaires pour le compte de Vishnu Lutchmeenaraidoo.

Or, il semblerait qu’avec Padayachy, des types comme Yash Manick, Chief Executive Officer de Mauritius Africa Fund (MAF) ou Harvesh Seegolam de la Bank of Mauritius exerceraient davantage d’influence sur lui. Autrement, comment le ministre aurait-il pu soutenir l’énormité qu’est la construction d’un immeuble de 50 étages qu’on appellerait World Trade Centre ?

Avec le prochain Budget, le ministre Padayachy a quand même l’occasion de s’affirmer comme le meilleur ministre des Finances de toute l’histoire du pays car un malheur comme le Covid-19 aurait pu mettre K.O. des grands comme Lutchmeenaraidoo et Sithanen. Mais lui, il est toujours debout. Un homework des plus challenging, débouchant sur le 11 juin, l’attend.

Ce 11 juin marquera le 39e anniversaire des élections du 11 juin 1982, qui ont vu le premier 60-0 de l’histoire. Le ministre – que les journalistes hésitent à affubler du titre de Grand argentier, comme on le faisait automatiquement avec Vishnu Lutchmeenaraidoo et Rama Sithanen – jettera-t-il les jalons d’un 60-0 pour Pravind Kumar Jugnauth ? Afin que ce dernier, par le biais d’un vigoureux exercice de tyrolienne politique, en empruntant les ‘savates-éponge’ de son ministre des Finances et non des ‘souliers-verni’ made in England, rejoigne les rangs de son père (60-0 en 1982) et de Navinchandra Ramgoolam (60-0 en1995) ?