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La république du copinage…

20 juin 2021, 10:46

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N’est-ce pas du vol de l’argent public, du détournement de fonds, de l’expropriation d’un bien qui ne leur appartient pas ? Pour combien de temps encore, les contribuables passeront à la caisse pour les décisions qui n’ont jamais été les leurs ? D’un gouvernement à l’autre, les pratiques sont les mêmes, tandis que les sangsues – incluant une bonne quantité de caméléons – se multiplient sous toutes les ombrelles politiques. Que ce soit dans l’affaire Betamax, où l’État déboursera la folle somme de Rs 5,7 milliards – après le jugement du Privy Council –, ou devant la saga de l’affaire Kistnen apportant son lot de révélations chaque jour, le citoyen est condamné à regarder passivement toute cette disposition faite de son argent gagné durement !

Jusqu’à quand ? Jusqu’où assisterons-nous à ces abus et à cette malhonnêteté intellectuelle de la part de certains qui, hier encore, étaient au gouvernement MSM, se montrant solidaires, sinon partie prenante de la décision de faire casser le contrat Betamax, mais qui aujourd’hui embarrassés, viennent jouer au «pa mwa sa, li sa»

Que nous apprend ce jugement du Privy Council, si ce n’est qu’il illustre l’exemple d’indécentes pratiques politiques ? Chaque cinq ans, les nouveaux locataires de l’hôtel du gouvernement, entourés de leurs gardes rapprochées, chassent les copains, copines et proches du précédent régime, tout en recréant à leur tour l’ambiance de la même République faite de copinage, de népotisme, où les beaux-frères ou autres membres des familles proches du pouvoir se succèdent, quand ce ne sont pas les nouvelles petites amies du jour qui ont le privilège de décrocher des contrats mirobolants.

Alors que nous avons assisté au dernier jour de l’enquête judiciaire sur la mort de Kistnen vendredi dernier, que retient-on de toutes ces séances remarquablement bien menées par la magistrate Vidya Mungoo-Jugurnath, quand ce ne sont pas les questions de Me Neerooa, représentant du DPP, qui ont éclairé l’opinion publique ?

N’a-t-on pas compris qu’il existe des soi-disant représentants des citoyens, qui se révèlent des gestionnaires sans scrupule, et usant de l'argent public comme bon leur semble ? Doit-on rappeler à quel point la présence de Sawmynaden, en plein confinement 2020 au sein du High Power Committee, a profité à ses amis d’enfance ? Que doit-on conclure quand le ministre tente de nous faire croire que tous ces contrats furent obtenus à l’insu de son plein gré ?

Au-delà du fait que Sawmynaden insulte notre intelligence en prenant les citoyens pour des imbéciles ; au-delà de ses réponses évasives autour de certaines questions, toute l’affaire Kistnen démontre à quel point le système permet à un élu de la République de profiter du confort ministériel pour mieux devenir un pion crucial dans un jeu de pouvoir où l’allocation des contrats reste une dérive qu’aucun gouvernement ne veut corriger. À croire que la fonction de député sert à s’enrichir sur le dos des contribuables. Ceux-là qui, indépendamment des gouvernements, passent à la caisse, continuent à payer pour les fautes des autres.

Si de temps en temps, certaines affaires, à l’exemple de Betamax ou encore du scandale des médicaments et des équipements – on aura même constaté que des respirateurs défaillants furent achetés –, remontent à la surface et laissent pantois devant l’incroyable gestion des fonds publics, combien d’autres transactions restent opaques ?

À l’heure actuelle, qui sont ces élus qui, à la manière de Sawmynaden, sont surpris de la bonne étoile de leurs amis d’enfance depuis qu’ils font partie du gouvernement ? Loin des yeux des citoyens, souvent loin de nos rives, il y a ceux qui confondent les caisses de l’État avec leurs poches… N’est-ce pas du vol ? N’est-il pas temps de les poursuivre pour détournement de fonds et expropriation de biens ?