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Communication et boycott
Se sentant malmenée à l’Assemblée nationale, l’opposition parlementaire lance un appel à l’opinion publique pour qu’elle prenne conscience du «viol de la démocratie parlementaire». Ne pouvant recourir à la Cour suprême pour des affaires relatives à l’ordre des orateurs pour les débats budgétaires, et ne pouvant compter sur un speaker impartial comme sir Harilall Vaghjee, l’opposition se repose de plus en plus sur la presse libre et indépendante du pays pour que les arguments et perspectives de l’opposition (elle-même divisée) soient disséminés au public.
Déjà avec une MBC servile, leur voix était étouffée, mais avec le Covid-19, et les nouveaux règlements sociétaux, la communication politique ne peut plus se fier à la manifestation publique. D’où ce besoin de saluer, encore plus, le rôle important des journalistes dans le fonctionnement de notre démocratie. Et de tenir des conférences de presse dans une tentative de véhiculer les messages essentiels des hommes et femmes politiques.
Même si les politiques n’aiment pas trop dépendre de la médiation obligée des journalistes, (qui ont chacun leurs angle et prisme), ils reconnaissent les limites des réseaux sociaux qui sont, dans bien des cas, devenus des foutoirs quand ils ne sont pas des defouloirs. Où le sérieux côtoie le pas sérieux du tout, et tous les variants entre.
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On comprend que l’opposition a besoin de nous. Mais souvent en voyant le fonctionnement des partis politiques, ou à entendre les élucubrations de l’un ou l’autre leader politique, l’on se demande s’ils méritent toujours d’avoir voix au chapitre, tant ils incarnent le reflet d’une fin de cycle politique (Dynasty Politics) que nous dénonçons, souvent, dans ces colonnes.
En tout cas, certains leaders de partis pensent pouvoir atteindre notre journal, surtout quand ils sont au pouvoir, en nous sevrant de l’argent public, qu’ils détournent alors sous forme de publicité gouvernementale vers des colonnes plus complaisantes, moins indépendantes. Le dernier tableau des allocations gouvernementales - voir plus loin - pour des avis aux différents journaux est éloquent à plus d’un titre. Le boycott de l’express qui ne date pas d’hier est une injustice flagrante...
Au fil des décennies et des éditoriaux, le contre-pouvoir que nous sommes - et entendons demeurer - est devenu, malgré nous, l’adversaire politique de certains propriétaires de parti, qui nous perçoivent comme une menace, alors qu’on est avant tout un partenaire de la démocratie.
Le chassé-croisé entre partis politiques comme le MMM, le PTr, le PMSD ou le MSM avec l’express est devenu, à bien des égards, un show médiatique, mis en scène par les politiciens. Les attaques répétées contre la profession sont des tactiques puériles qui s’avèrent utiles selon l’agenda du politicien. Plus d’un chef de parti, ministre ou conseiller de Premier ministre me l’a confié en mode «off» : – «bisin critik zot divan public, mé pa gard dan leker ! ». Cela rapporte des dividendes à moyen et long termes dans une importante frange de l’électorat. Dans certains cas, quand ils ont la MBC comme alliée, «plis la presse contre nous, plis nou vine populaire.» L’argument, ici, repose sur des considérations bassement ethniques.
Le MMM, qui avait auparavant toute une génération de journalistes et responsables de presse complètement acquise à sa cause, se retrouve aujourd’hui soit face à des déçus, voire des sceptiques, qui n’arrivent plus à suivre les contorsions indécentes de Bérenger, ou face à une nouvelle génération de journalistes, complètement immunisée contre le collectivisme des marxistes et des socialistes des années 70 et 80.
Quant à nous, nous le disons et le maintenons : nous n’avons pas d’ennemis politiques personnels, mais des adversaires sur le plan des idées et des principes quelle que soit la couleur de leur drapeau. Nos adversaires sont, entre autres, ceux qui pratiquent le communalisme qui empêche l’éclosion du mauricianisme, ceux qui versent dans la démagogie qui entrave la liberté et le progrès social, et ceux qui s’adonnent au copinage et pillage des fonds publics qui endettent davantage le pays et hypothèquent l’avenir de nos enfants.
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