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GAFI : théorie versus pratique
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GAFI : théorie versus pratique
Attendus prochainement au pays, les experts du GAFI viennent vérifier si Maurice fait, comme il se doit, ses devoirs dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (AML/FT). En d’autres mots, ils chercheront à savoir si on met en pratique ce qu’on a pris l’engagement de faire sur papier.
N’en déplaise aux propagandistes du régime qui crient victoire de manière précoce, cette visite du GAFI, certes un pas de plus vers une sortie de la liste grise, n’est pas synonyme de victoire. Loin de là !
Sur place, la délégation du GAFI va focaliser sur les deux volets interdépendants que sont la conformité technique (dont les grandes lignes ont été avalisées lors de la dernière séance plénière) et l’efficacité (à être vérifiée et contrevérifiée sur le terrain). Si le volet «conformité» technique évalue si les lois, réglementations ou autres mesures sont bel et bien en vigueur – et surtout appliquées – et si le cadre institutionnel de l’AML-FT est solidement en place, le volet «efficacité», lui, cherche à déterminer si les systèmes fonctionnent, et dans quelle mesure Maurice a atteint, oui ou non, des résultats prédéfinis ou concrets. La lutte contre le blanchiment d’argent repose avant tout sur une vigilance constante et une organisation adéquate entre les divers partenaires d’un pays.
Cependant, en raison de la gouvernance autocratique prônée par le régime de Pravind Jugnauth, malgré les rappels à l’ordre de la société civile et de la presse indépendante, il est normal que d’aucuns au sein du gouvernement et des institutions de l’État ont déjà des sueurs froides, malgré la température qui baisse. Ils essaient alors de réparer les ponts et de renouer le dialogue afin de tenter de démontrer que le pays ressemble à une démocratie qui fonctionne, où la transparence, du moins en apparence, prime et que les relations (en fait factices) entre le gouvernement, le secteur privé et la société civile sont guidées par des principes de bonne gouvernance, transparence et redevabilité. Mon oeil !
À Maurice, l’on sait que ces principes démocratiques ont déjà foutu le camp, bien avant la tentative liberticide de contrôler les réseaux sociaux et Internet – ce qui explique le fait que nous sommes désormais sur la liste des pays en voie d’autocratisation.
GAFI insiste beaucoup sur la diversité des sources pour nourrir son rapport final. Ainsi l’équipe d’évaluation entend poser des questions à TOUS les organismes et personnes pertinents à son travail et de rencontrer ceux-ci, dans la mesure du possible, durant la visite sur place. Mais ce travail d’échanges a commencé et se poursuivra grâce aux nouvelles technologies d’information et de communication.
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C’est principalement sur le volet «efficacité» que le bât blesse chez nous. Le bilan de l’ICAC n’a rien de brillant, surtout eu égard aux centaines de millions qui sont dépensés davantage pour protéger le régime et ses pourris que pour combattre la fraude et la corruption. Certes Pravind Jugnauth et ses suiveurs vont défendre Navin Beekarry et le révoltant renouvellement de son contrat, mais la presse va immanquablement rappeler les scandales politico-financiers que la commission anti-corruption enferme à double-tour dans ses tiroirs (Yerrigadoogate, St-Louis Gate, Angus Road, etc.)
Aussi, plusieurs objectifs généraux régissent les évaluations mutuelles du GAFI, ainsi que les évaluations du même type menées par les organismes comme le FMI ou la Banque mondiale. Ainsi donc la Banque centrale aura à expliquer pourquoi le pays a décidé de passer outre les recommandations des institutions de Bretton Woods par rapport aux milliards qui sont sortis des coffres de la Banque centrale pour remplir ceux du gouvernement, faussant, de ce fait, les chiffres de la dette publique et du déficit budgétaire, tout en créant des trous dans la Balance Sheet de la BoM (ce qui n’inspire pas confiance).
Enfin, le gouverneur de la Banque centrale, qui n’aime pas parler de son passage à la London School of Economics, aura à expliquer comment un proche de LaKwizinn (terme qu’il faudra traduire pour les experts), en l’occurrence Anoop Kumar Nilamber, qui n’était pas «fit and proper» pour la MauBank, l’est devenu, quelque temps après, pour la State Bank of Mauritius…
En attendant leur arrivée, il n’est pas interdit de communiquer avec les experts du GAFI. Ceci grâce à Internet, ou par le biais de la presse, sur laquelle se basent, en général, les experts avant de débarquer en terrain inconnu.
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