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Souffleurs de poukni au service combien efficace de LaKwizinn

3 juillet 2021, 06:54

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Le règne de Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) a contribué grandement à populariser quelques termes et expressions en bhojpuri dont l’usage était relativement limité. 

Ainsi, le mot chatwa, littéralement lécheur ou ‘passeur de langue’ en bhojpuri, est maintenant largement utilisé sur les médias sociaux pour décrire les partisans et agents de PKJ. 

Le terme chamcha devenu lui aussi courant désigne quelqu’un de très loyal au chef et qu’il admire béatement. 

Depuis les élections de 2019, katori qui, en bhojpuri, désigne un petit récipient duquel on boit quelque chose, s’est aussi imposé dans le Kreol. Katori est maintenant utilisé comme nom de code pour parler de l’électorat qui a mis PKJ au pouvoir quand on fait abstraction du phénomène coquin élections.

On aura beau dénigrer, insulter, vilipender les agents au service de LaKwizinn, ce qui compte, c’est qu’ils démontrent, jour après jour, leur déterminante efficacité dans l’oeuvre de consolider le pouvoir de PKJ et d’enrichir systématiquement toute la famille. Certainement, certains s’appropriant les plus gros morceaux comme Sattar Hajee Abdoula et Sherry Singh mais on laisse quand même des miettes au bas de la hiérarchie. Ce faisant, on met tout le monde dans le coup. 

La famille royale est-elle soucieuse du nombre croissant de conférences de presse de l’opposition, d’interventions au Parlement, d’articles de presse et d’éditoriaux, de rapports négatifs de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, de l’Union européenne ? Certainement pas. Ce qui compte vraiment, c’est que LaKwizinn contrôle l’appareil d’Etat. Ce qui explique l’aéropage d’exécutants de LaKwizinn. De Navin Beekarry au loud-speaker Sooroojdev Phokeer, de Harvesh Seegolam à Heman Jangi, de Khemraj au cousin Rajiv chez les Servansingh, d’Anoop Kumar Nilamber à Dick Ng Sui Wah, de Naila Hanoomanjee à Renganaden Padayachy, c’est la même démarche : on se met au service de LaKwizinn avec un rare dévouement.

Quant à LaKwizinn, l’objectif est d’assurer sa mainmise sur toutes les institutions du pays. A titre d’exemple, la nomination de Nilamber à la tête de la State Bank. La famille contrôle déjà les autres banques et institutions financières relevant de l’Etat. 

La SBM est un gros morceau. Nilamber aurait été disqualifié par une Banque de Maurice hautement professionnelle et au-dessus des pressions politiques pour avoir émis un chèque sans provision. Mais pour LaKwizinn, c’est le dernier des soucis. De même que dans le cas de Rajiv Servansingh qui a été chairman d’une banque en faillite et qui a facilité l’entrée sur le territoire mauricien du notoire Alvaro Sobrinho en lui vendant sa compagnie offshore.

Ce qui compte pour la famille royale, ce n’est pas le bon renom de ses serviteurs. C’est la loyauté qui compte. Ce qui explique, pour ne citer qu’un autre exemple, la nomination de Seegolam comme le chef de tous les banquiers de Maurice alors qu’il était bénéficiaire dans le passé d’un contrat frauduleusement accordé par son père et qui a valu à ce dernier d’être condamné. Pas de problème, non plus, si Seegolam a bluffé en se coiffant de l’auréole de la prestigieuse London School of Economics and Political Science (LSE) de Londres. So what ? Le principal objectif, c’est de contrôler la Banque de Maurice et de ne pas y rencontrer un Ramesh Basant Roi hautain qui refuserait de prendre des appels des politiciens et qui se cantonnerait strictement aux pouvoirs et privilèges que lui donnerait la Constitution. 

Après chatwa, chamcha, katori, voilà un autre terme inspiré du bhojpuri qui entre dans le lexique politique mauricien. Il s’agit du qualificatif ‘souffleur de poukni’. Le poukni, c’est le tuyau que les ménagères utilisaient pour attiser les flammes dans le foyer de bois avant l’avènement des cuisinières électriques ou à gaz. Le souffleur de poukni décrit celui qui s’est mis au service permanent et systématique de LaKwizinn. 

La famille royale pourrait rester inébranlable dans sa forteresse pour bien des années encore. La petite armée, toujours bien entraînée, est prête à repousser la moindre attaque et sauver ainsi le roi. Par exemple, sans l’intervention directe et déterminante du chevalier Navin Beekarry dans l’ultime étape – au conseil privé de la reine – de l’affaire MedPoint, PKJ serait passé sous le rouleau compresseur de la justice.