Publicité

Ces questions difficiles

4 juillet 2021, 07:49

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

«En tant que gouvernement responsable, nous avons honoré notre engagement de payer Betamax à temps», nous affirme avec sa superbe, un PM qui ne fait décidément plus grand-chose pour revendiquer être le mien…

Je suis à peu près certain que la grande majorité des Mauriciens, conscients que c’est EUX qui vont devoir payer les 6 milliards de Betamax (ainsi que, en passant, tous les gaspillages, les salaires mirobolants, les contrats «pour copains», les per diem, les pensions et les voitures dutyfree, etc…) auraient bien préféré à la place s’entendre dire :

«En tant que gouvernement responsable, nous reconnaissons avoir, poussé par nos ego et notre esprit de vengeance, définitivement fauté, je répète, fauté, en cassant un contrat contre les avis légaux les plus respectés. Nous assumons nos responsabilités et offrons donc notre démission. De plus, j’invite tous ceux qui se sentent responsables de cette débâcle nationale de contribuer ne serait-ce qu’à un fonds représentant 10 % de la somme totale (600 millions), afin d’alléger le fardeau du contribuable. Je vais personnellement ‘underwrite’ ce fonds pour cette somme.» Ajoutant humblement, pour clore sa déclaration, à la MBC s’entend : «La seule chose bien faite dans ce dossier a été de payer promptement. Malheureusement, c’est avec l’argent des autres !»

Une telle déclaration aurait consacré du leadership intègre et de qualité supérieure et soutenu le principe capital pour le pays de donner le bon exemple…

Car, vers quoi croyez-vous que l’on va désormais orienter le prochain voleur, le prochain violeur, le prochain arnaqueur dans ce pays ? À lever la main et à assumer ses responsabilités ? Ou à tenter le «pa mwa sa» en cherchant, comme dans l’enquête Kistnen, à se dédouaner sur les autres ; les «li sa» qui ne seront pas directement, fort heureusement, du moins dans ces cas, les contribuables, une fois de plus…

«Mo kouyon mwa ?» aurait dit l’autre…

À la place, nous aurons droit à une énième commission d’enquête qui va encore COÛTER au pays et qui va avancer à QUOI exactement, si on ne fait pas payer les responsables ? Question difficile : pourquoi les politiciens se sentent, à ce point, l’obligation de maquiller la vérité gênante ?

***********

Entendue à la BBC cette semaine, une dame plutôt bien disposée vis-a vis de la Chine, siégeant au conseil législatif…, qui justifiait la nouvelle loi chinoise anti-libertés.

«Et si la démocratie était une option tellement valable, demandait-elle, pourquoi est-ce que les Britanniques n’ont pas dirigé Hong Kong comme une démocratie de plein droit, quand ils étaient eux-mêmes en selle et en charge ?

Question pertinente en effet, à première vue, même si elle occulte totalement le fait que lors de la récupération de Hong Kong par la Chine, les négociations avaient mené cette dernière à s’engager, pour 50 ans, à au moins prolonger le mode de vie hongkongais et donc à la Chine de reconnaître «un pays, deux systèmes» ! *

Ce mode de vie comprenait de très grands degrés de liberté dans un pays en voie de démocratisation. La loi dite de la «sécurité nationale», par contre, votée en juin 2020 à Beijing, permettait dès lors de décréter n’importe quelle dissidence ou différence de point de vue… d’infraction ! La Chine a décidé qu’il fallait mettre Hong Kong au pas. S’il y a toujours un deuxième système, il ne sera sûrement pas d’ordre politique…

Mais la question du départ reste posée et peut même s’extrapoler sur tout le Commonwealth : si la Grande-Bretagne était convaincue des bienfaits de la démocratie, pourquoi ne la pratiquait-elle pas dans ses colonies ?

On peut supposer que l’avocat de la défense viendra dire qu’il faut donner du temps au temps ? L’Angleterre elle-même n’a connu ses premiers balbutiements qu’avec la Magna Carta (1215) et n’a accordé le droit de vote aux femmes qu’en 1928, après avoir explicitement banni celles-ci de ce droit en 1832 ( avec 82 % de la population nationale ) !

Ce qui est certain, c’est que la République Populaire de Chine qui se décrit, par ailleurs, comme «… une dictature démocratique populaire…» n’a que faire d’attendre 50 ans… D’ailleurs, le MSM, qui est l’invité mauricien du Parti communiste chinois, entendra peut-être le «pourquoi» de sa décision la semaine prochaine et nous en expliquera la logique ?

***********

Toutes les religions du monde confrontent la question de la prédestination à un moment ou à un autre.

Dans sa forme la plus large, le problème posé n’est pas seulement de savoir si le Dieu omnipotent et omniscient décide de ce qui va se passer à l’avenir, mais qu’il SAIT ce qui va nous arriver à tous.

Ceci étant, s’IL SAIT déjà, quels que puissent être les choix et les décisions de chacun ; pourquoi est-ce qu’il nous mettrait sur Terre, nous laissant nous débattre dans l’illusion d’être libres ?

Je n’ai pas de réponse. En avez-vous ?

**********

Et finalement, pour vous dérider un peu en ces temps tristes et difficiles, j’ai été puiser dans des listes de «questions sans réponse».

Comment ne pas s’y arrêter quand X demande pourquoi les kamikazes portaient un casque ou quand Y, sans doute moqueur, demande pourquoi si la vue d’un bureau encombré illustre un esprit encombré, on n’applique pas la même logique à un bureau vide…

 

Et si l’amour est aveugle, pourquoi est-ce que les «jolies» personnes trouvent plus facilement des partenaires ? Et où s’arrête le front d’une personne chauve ? Mais celle qui m’intrigue le plus est celle-ci : qu’est ce qui s’est passé dans la tête du premier homme qui détacha une roche, d’une roche, décida de l’ouvrir et de manger le gluant à l’intérieur ? Sans jus de limon !

Bon dimanche !

* Il est intéressant de noter que selon des traités signés après les guerres de l’opium, l’île de Hong Kong et la presqu’île de Kowloon furent cédées à perpétuité et qu’elles auraient pu, selon la loi internationale, être retenues par Londres. Le bail de 99 ans qui arrivait à terme était celui des «New Territories». Ces diverses régions ayant été développées de manière intégrée, il fut jugé plus rationnel de ne pas démembrer Hong Kong.