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Quand l’ombre du pouvoir plane partout…
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Quand l’ombre du pouvoir plane partout…
Il y a ceux qui doutent, d’autres qui s’interrogent, tandis que certains tirent des conclusions ! De quoi s’agit-il ? De la publication des chiffres – mouvants – de Statistics Mauritius, qui ont évolué en… 48 heures, provoquant ici et là des questionnements légitimes.
Ainsi donc, en deux jours (28 et 30 juin), nous sommes passés d’une projection prudente de 4,4 % de croissance à un curieux chiffre optimiste de 5,4 % ! Deux lectures s’imposent : soit tous nos bureaux sont remplis d’amateurs et fonctionnent dans l’à-peu-près, au point où (après la STC qui ne sait plus comment rédiger les spécificités d’un appel d’offres, comme on l’a vu pour l’essence), cette fois, c’est le bureau de Statistics Mauritius qui montre un revirement de positionnement en seulement 48 heures ; soit l’organisme est victime d’influences externes pouvant provoquer une modification de projection en l’espace de deux nuits !
L’indignation du leader du MMM n’est pas passée inaperçue en conférence de presse, samedi dernier. «C’est triste, dangereux, sans précédent et très grave. Statistics Mauritius est une des rares institutions publiques qui gardait sa crédibilité et son indépendance», a déclaré le leader mauve. Et Bérenger d’aller plus loin, en affirmant que «nou ena ransegnman ki se sou presion gouvernman, an partikilie minister Finans, ki finn ena sa zigzag-la». L’analyse du leader du MMM rejoint celle de plusieurs observateurs depuis que les chiffres ont été modifiés en deux jours : les 4,4 % du départ seraient-ils trop loin de la prévision de 9 % du ministre des Finances dans son dernier Budget ?
Si, à l’instar du leader mauve, des sceptiques vont jusqu’à imaginer l’ombre du pouvoir planant sur le bureau des Statistiques, c’est parce que, malheureusement, la plupart de nos organismes perdent leur crédibilité à la vitesse grand V. À croire que tout n’est que dépérissement, tant on nous habitue à une démarche autoritariste d’un pouvoir qui essaie d’avoir sa mainmise partout. Pourtant, à voir de près, on devrait se réjouir qu’un organisme tel que Statistics Mauritius nous donne un regain d’espoir avec ses chiffres plutôt positifs pour notre avenir.
Cette perspective ne devrait-elle pas augurer un début de lumière à un moment où notre résilience collective est mise à l’épreuve ? Quand on sait que, malgré la période post-confinement, les cas de Covid-19 sont en progression, quand on réalise que la vaccination provoque une dangereuse polémique, quand le désespoir gagne le consommateur qui doit faire face à une augmentation de Rs 2 sur le prix de l’essence après ses tourments devant la hausse des prix alimentaires, l’annonce d’une meilleure croissance aurait pu annoncer la perspective de jours meilleurs.
Or, ce n’est pas le cas car toutes les informations communiquées par des plateformes proches de l’État deviennent suspectes, d’autant que l’ingérence politique est à la source de la crise de confiance entre la société civile et le gouvernement. Peut-il en être autrement quand le regard que pose le citoyen sur nos institutions est rempli de méfiance ? Comment empêcher ces suspicions quand les nominations sont faites sur la capacité à dire oui sans broncher à l’équipe du MSM ou encore à jouer au bouclier de protection autour des princes du jour ? Doit-on, ici, citer l’ICAC sur qui tous les yeux sont rivés à l’heure où le contrat du contesté Bheekarry est censé prendre fin ?
C’est Xavier-Luc Duval, le leader de l’opposition, qui affirmait, il y a peu, avoir reçu une lettre du gouvernement l’informant que le renouvellement du contrat de Bheekarry à la tête de l’ICAC est envisagé et qu’il allait objecter à cette proposition. Depuis? Un silence officiel de la part des autorités et un renouvellement en coulisses, semble-t-il. C’est vrai que ça se saurait si l’ICAC avait un quelconque crédit…
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